Caresser un crocodile, lui jeter de la viande, s’inviter sur sa carapace ou prendre une photo à ses côtés. Certains en ont des frissons rien qu’à y penser. Mais cela est bel et bien possible sur le site des crocodiles sacrés de Bazoulé, localité située à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou, pour peu qu’on se fasse accompagner par le guide.
Les fils et filles de la localité le savent bien : la mare située derrière le palais du chef de Bazoulé est spéciale. C’est pourquoi, pour mener leurs activités maraichères et d’élevage, elles se rendent sur d’autres sites ; histoire de ne pas perturber la quiétude des propriétaires des lieux.
En effet, dans cette mare si spéciale, vit une population d’un autre genre : il s’agit des crocodiles, ces grands reptiles amphibiens des régions tropicales. Vénérés depuis des dizaines d’années par les habitants de Bazoulé, les crocodiles seraient tombés du ciel avec la pluie et auraient à plusieurs reprises empêché l’extinction des populations de la localité. Devenus dès lors le totem du village, ils ont droit à des cérémonies funéraires et font l’objet de toutes les attentions.
« J’avais très peur, mais j’ai pu m’approcher et prendre la photo »
Chaque jour, de nombreux visiteurs, accompagnés d’un guide, un fils du village, convergent vers la mare de Bazoulé pour assister au spectacle offert par le guide et les crocodiles. D’un geste habile et dans un langage hermétique, celui-ci parvient à faire sortir ses protégés de l’eau, à les faire sauter dans un sens ou dans l’autre, et à les maîtriser quand un visiteur veut s’en approcher. Cet exercice est bien apprécié par Paul TRAORE, qui, après de nombreuses hésitations et des sueurs froides parvient à s’approcher du grand reptile, sous l’œil curieux et amusé des autres visiteurs. « Cela n’a pas été facile, j’avais très peur, mais j’ai pu m’approcher et prendre la photo grâce au guide qui m’a rassuré », explique-t-il.
Pascal ILBOUDO quant à lui n’est pas totalement convaincu de la bonne foi de ces amphibiens. Une fois, alors qu’ils étaient venus en groupe et qu’ils n’étaient pas accompagnés d’un guide, un de ses amis s’est fait mordre par un crocodile. Une expérience qui lui laisse un arrière goût très amer, confie-t-il. « Les crocodiles ont une couleur de peau similaire à cette du sol. Mon ami n’a pas fait attention. Il est passé très près d’un crocodile qui lui a mordu la plante du pied », se remémore-t-il. Ils ont alors fait recours au guide qui leur a offert une poudre noirâtre ; laquelle aurait permis à son ami de recouvrer la santé en un temps record, a poursuivi Pascal ILBOUDO.
RGB