Dans nos habitudes alimentaires, plusieurs mets sont faits à base de farine de maïs. On peut citer le tô et le donkounou à titre illustratif. Si certains vivent de la vente des céréales, d’autres ont pour source de revenus la production et la vente de farine de maïs. Radars Info Burkina est allé à la rencontre de femmes qui pratiquent cette activité dans la ville de Ouagadougou. Lisez plutôt.
Dans un quartier périphérique de la capitale Ouagadougou, nous apercevons de la farine de couleur blanchâtre étalée sur des bâches à même le sol au bord d’une route. C’est une des techniques de séchage du maïs fraîchement moulu. Une femme se trouve au milieu d’une bâche et tamise la farine. Elle assiste Mariam Barry, la vendeuse, dans sa tâche.
« J’exerce cette activité depuis 3 ans. J’achète les sacs de maïs pour les transformer en farine. Chaque jour, j’ai un sac de mais à moudre. Je vends la farine au détail dans des sachets de 250 F aux clients au marché et dans les familles. Sur un sac de maïs, je peux réaliser un bénéfice de 2000 à 3000 F. Avec la saison des pluies, j’ai souvent des difficultés pour faire sécher la farine au soleil», explique Mme Barry.
Nous la quittons pour un autre lieu. Nous sommes devant un moulin. De la farine en grande quantité est étalée sur plusieurs bâches. Dans une maisonnette, deux femmes sont en train de tamiser la farine dans de grands plats en plastique. Elles sont employées par Salimata Zongo.
«J’ai dix ans d’expérience dans la production et la vente de farine de maïs. Je pars à Léo, Dano et Bobo-Dioulasso pour m’approvisionner en sacs de maïs. De retour à Ouagadougou, le travail consiste pour moi à faire moudre cette céréale pour obtenir de la farine. Ensuite, il faut la faire sécher avant la mise en sacs. J’écoulais les sacs de farine auprès de mes clients grossistes au Sahel, particulièrement à Falangoutou, Markoye, Gorom-Gorom et à Djibo. En un mois je pouvais vendre 200 sacs de farine à raison de 11 000F le sac. Mais depuis ces trois dernières années avec l’insécurité, il n’y a plus de commandes venant du Sahel. Je n’y vais plus. Actuellement, je ne peux écouler que 10 sacs de farine le mois. J’avais six femmes qui m’aidaient dans cette tâche mais à présent elles ne sont plus que deux», indique Salimata Zongo.
A l’en croire, elle ne s’intéresse pas beaucoup à la vente au détail. C’est dans la région de l’Est qu’elle se rend désormais pour espérer écouler dix sacs dans le mois. Actuellement, le sac de maïs lui revient à 12 000 F, non compris les frais de transport. Pour la transformation, il faut beaucoup d’eau pour ramollir le maïs. Il faut 2000 F pour faire moudre le contenu d’un sac. Chaque bâche coûte 2500 F et une barrique 16 000 F. Le son est vendu pour compenser les frais de moulin. Elle note également que pour espérer ramasser la farine le soir, il faut rester en permanence à côté à cause des animaux en divagation.
Depuis la saison agricole passée, Dame Zongo dit disposer d’un champ de maïs de 2 hectares à la frontière avec le Ghana.
« La rentrée scolaire se profile à l’horizon. Il y a la mévente. Pourtant, il me faut trouver 3000 000F pour la scolarité des enfants. Nous souhaitons de tout cœur la stabilité au pays pour pouvoir exercer nos activités », ajoute-t-elle.
Mme Korogo, quant à elle, a son magasin de farine fermé. Elle habite à côté. Elle vient nous ouvrir la porte. Nous voyons des sacs de farine entassés les uns sur les autres. Notre interlocutrice dit mener cette activité depuis 5 ans. Elle part à Léo pour acheter entre 60 et 100 sacs de maïs pour revenir les transformer en farine. Elle vend le sac de farine à 10 000F. C’est grâce à cette activité qu’elle parvient à prendre en charge la scolarité de ses 4 enfants, orphelins de père.
Elle partait précédemment à Essakane au Sahel et à Niamey au Niger pour vendre la farine. Actuellement, Mme Korogo a des difficultés pour écouler sa production puisqu’elle ne va plus dans cette zone à cause de l’insécurité.
Aly Tinto (Stagiaire)