La saison pluvieuse rime avec raccommodage de maisons à Ouagadougou, surtout dans les zones très inondables. Du fait de la grande sollicitation dont sont l’objet les professionnels de la construction à cette période, certains simples manœuvres s’érigent en maçons, prétendant rendre service aux citoyens. Malheureusement, ces services, malgré la bonne volonté de ceux qui les proposent, ne sont souvent pas à la hauteur des attentes. Ainsi, nombreux sont ceux qui se retrouvent à payer les pots cassés pour n’avoir pas su distinguer le vrai maçon du faux.
Bernard Kabré, résident de Zongo, relate que dans son quartier, à chaque saison pluvieuse tous les habitants ont une partie, si ce n’est la totalité, de leur maison à reprendre. De ce fait, les maçons sont très sollicités et deviennent des perles rares. Il indique que quand une concession cède, dans l’immédiat il faut trouver une solution. Et le premier des maçons venu est toujours accueilli à bras ouverts. Qu’il ait les compétences nécessaires ou pas, le réflexe des premières heures n’est pas la vérification de ses compétences. Pour lui, nombreux sont ceux qui après s’être fait arnaquer se retrouvent à devoir reprendre un travail qui avait déjà été fait par des « maçons ». Ceux-ci sont souvent en réalité des manœuvres qui ne maîtrisent pas le travail mais prennent quand même le marché.
Pour Alphonse Hien, cette affaire de construction pendant la saison des pluies est vraiment complexe. Il témoigne être intervenu plusieurs fois après le travail de certains maçons. Il ajoute que souvent ce sont des apprentis qui font le travail et quand ça ne va pas, ils font recours aux vrais maçons. Selon lui, cette situation est souvent imputable aux populations. Celles-ci, pour des raisons financières évidentes, préfèrent en effet recourir à la main-d’œuvre bon marché. Et souvent ce sont des apprentis qui ne s’y connaissent pas et qui se présentent pour rendre ce service. Selon Issouf Ouédraogo, quand la maison de quelqu’un cède, ce n’est souvent pas facile car, dit-il, c’est une dépense imprévue et on est obligé d’y faire face. De ce fait, c’est le moins-disant des maçons que l’on prend. A titre d’exemple, il témoigne avoir construit en six mois la même maison, car la première construction avait été faite à la hâte à cause des nécessités du moment. Pour Issouf, malgré le fait qu’il ait dû reprendre la construction, il apprécie positivement le travail de ces maçons de circonstance car ils aident beaucoup de gens en situation difficile. Selon lui, entre dormir dehors et habiter dans une maison mal construite pendant un temps donné, le choix est clair. Il souligne tout de même qu’il y en a qui sont souvent sans état d’âme ; ce qui les intéresse, c’est le gain facile d’argent.
A en croire Salif Tiemtoré, un apprenti maçon ayant déjà construit des maisons dans ces circonstances, c’est souvent le client qui ne met pas assez de moyens à leur disposition. « Certains vous donnent souvent une quantité insuffisante de ciment et vous demandent de tout faire pour que ça puisse suffire pour la construction. Dans ces cas-là, le dosage du ciment n’est pas adéquat et des dégâts sont vite arrivés.
En ces périodes de pluie où les maçons sont très sollicités, Alphonse Hien conseille aux clients de prendre la peine de recourir à des professionnels du bâtiment pour les travaux de réparation de leurs demeures car, dit-il, prudence est mère de sûreté.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné