La mairie de la commune de Ouagadougou a procédé le 29 novembre 2018 à la fermeture de certains jardins et espaces verts. Lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 14 décembre 2018, les gérants de ces lieux ont dénoncé une augmentation exagérée des prix du loyer des jardins et espaces verts, ainsi que leur « fermeture arbitraire » par la mairie. Huit mois après, Radars Info Burkina a fait le tour de certains jardins. Constat sur le terrain.
C’est le week-end à Ouagadougou et nous sommes devant le jardin 2000, sis au quartier Patte-d’Oie. Les différentes portes d’accès au jardin sont fermées. A l’intérieur on aperçoit de hautes herbes et tout est verdoyant.
Nous quittons les lieux, direction le centre-ville. Même constat au jardin Naaba-Koom, situé en face de la gare ferroviaire : ses portes sont closes. Nous arrivons par la suite au jardin Amitié Ouaga-Loudun, en face du rond-point des Nations unies. Là, un vendeur d’objets d’art a exposé ses articles à l’entrée principale du jardin. Les portes sont également fermées.
Nous décidons de contacter le gestionnaire pour comprendre. « La rupture est consommée. Nous avons tenté de négocier la baisse des tarifs de location en vain. Comme nous ne pouvons pas supporter cette hausse, nous avons été expulsés des lieux », déclare François Nanaba au téléphone.
En revanche, le jardin Sea Victoria, situé juste en face de la mairie centrale, fait exception à la règle. En effet, lui, il n’est pas fermé. Les places ne sont pas encore occupées par des clients. Pascal Bouda, le gestionnaire de l’espace, échange avec son enfant sous un arbre. « Je gère ce jardin depuis 2011. Il y a eu un appel à candidatures, j’ai postulé et j’ai été retenu. Par la suite, il y a eu des réaménagements du prix de location qui ne m’ont pas touché en son temps jusqu’à ce que le maire actuel décide de réajuster ces prix. Nous avons trouvé que la démarche n’a pas été bonne, légalement parlant. En un mois on ne donne pas un préavis à quelqu’un pour changer le prix du loyer. La logique voudrait, si on veut que le contrat change, qu’on résilie l’ancien contrat avant de notifier un nouveau contrat. Mais on ne peut pas dire que le nouveau contrat à signer vient abroger l’ancien », argumente M. Bouda.
Pour lui, vu le contexte économique difficile et la situation sécuritaire, les tarifs sont élevés pour des jardins qu’il faut entretenir et faire fonctionner.
« Avec les nouveaux tarifs, certains loyers mensuels atteignent même un million de francs CFA. Sinon la plupart sont compris entre 500 000 et 600 000 F CFA. Certains payaient 400 000F précédemment mais à présent c’est 500 000 ; d’autres 200 000F et maintenant 600 000. Faire de la restauration, entretenir le jardin et devoir payer un loyer mensuel de 400 000 ou 500 000F, c’est difficile à tenir si on ne mène pas d’autres activités », indique-t-il.
Selon ses dires, il n’a pas que la gestion du jardin comme activité. Il a aussi une agence de voyages. Ce qui fait qu’en dépit de la revue à la hausse du loyer du jardin, il arrive à tenir.
«Lorsque je prenais le jardin, j’avais un autre projet qui était de le réaménager pour lui donner une autre allure et proposer un type de restauration différent de celui des autres », confie-t-il.
Il estime par ailleurs que la mairie devrait avoir un rôle social et accompagner les populations. A quand l’ouverture des jardins fermés par de nouveaux locataires ? Bien malin qui saura répondre à cette question.
Aly Tinto (Stagiaire)