Le général de gendarmerie Djibril Yipènè Bassolé est tout simplement victime de manœuvres politiciennes, foi de son conseil Maître Dieudonné Bonkoungou. Il fait remarquer que la procédure judiciaire dans laquelle son client est embarqué est aussi entachée d’irrégularités, avec des preuves, notamment des éléments audio, aux origines et au mode d’acquisition douteux. Me Bonkoungou reste convaincu que si l’on retirait ces audio du dossier, le tribunal n’aurait plus d’éléments à charge contre le général Bassolé.
« Que de manœuvres en ce qui concerne Djibril Yipènè Bassolé !» s'est exclamé son avocat. A son avis, plusieurs actes posés sous la transition et pendant l’instruction du procès du putsch de septembre 2015 n’avaient que pour but d’écarter son client de la course politique. Il en veut pour preuve la promulgation de la loi dite Chériff, qui avait pour objectif d’exclure des échéances électorales l’ancien ministre des Affaires étrangères ainsi que d’autres hommes politiques considérés comme des parias, parce que jugés proches de l’ancien régime Compaoré. Il ajoute à cela le traitement arbitraire subi par le général de gendarmerie depuis son arrestation pour son implication présumée dans le cadre du putsch de septembre 2015 : mise en échec de ses droits, révocation de sa disponibilité avec pour effet le 1er novembre 2015, difficultés d’accès aux soins pendant l’instruction, etc.
Accusé d’avoir orchestré une résistance au désarmement du RSP et fait appel à des intelligences étrangères et djihadistes en collaboration avec le général Gilbert Diendéré, Djibril Yipènè Bassolé ne serait pas l’ennemi du peuple comme ont tenté de le faire croire les autorités de la transition, en l’occurrence Yacouba Isaac Zida. Son avocat soutient qu’il s’était retiré dans son village afin d’assurer sa sécurité pendant le putsch et ce jusqu’au 26 septembre, date à laquelle il prend connaissance d’un communiqué du procureur général faisant état du gel de ses avoirs pour faits de crime économique. Il sera finalement arrêté le 29 septembre 2015. Me Bonkoungou dénonce une procédure faisant suite à cette arrestation, émaillée de travers : des actes de procédures antidatés et constitués à la hâte, une garde à vue qui a duré 08 jours au lieu de 03, la principale preuve que sont les écoutes sonores diffusées sur les réseaux sociaux alors que le dossier était censé être sous scellés, l’exclusion des avocats étrangers du prévenu et bien d’autres faits.
Les accusations qui pèsent sur le général Bassolé reposent essentiellement sur des éléments sonores, dont l’expertise est jugée partiale par les conseils de l’ancien chef de la diplomatie de Blaise Compaoré. Ils dénoncent en effet une incapacité de l’expert allemand Konzel à mener à bien la tâche à lui confiée par ordonnance du tribunal, incapacité qui a conduit le juge d’instruction à modifier sa mission en abandonnant l’authentification des voix, et cela sans en informer les avocats de l’accusé. L’expert aurait relevé dans des conversations tenues avec le juge d’instruction l’impossibilité d’authentifier les éléments sonores au regard de la longueur de l’audio où l’on disait entendre Djibril Bassolé échanger avec Guillaume Soro de la Côte d’Ivoire, le fait que l’élément mis à sa disposition ne soit pas l’original ainsi que l’ambiguïté des circonstances d’enregistrement. Le tribunal devrait donc, selon Me Bonkoungou, écarter ces audio, car ils ne constituent pas des preuves loyales et crédibles, puisque leur origine et leur mode d’acquisition sont méconnues. « Si ces éléments sont écartés, vous verrez qu’il n’y aura plus aucun élément à discuter avec Djibril Bassolé. S’ils ont été gardés, c’est pour éclairer les circonstances et vous permettre de décider. Nous craignons que ce ne soit une manière d’asseoir votre intime conviction. Soro et Bassolé ne sont pas des ennemis du Burkina Faso. Appréciez les faits de manière objective, malgré les manigances ».
Les sommes d’argent de cinq millions et un million que le prévenu aurait remises respectivement au fils du général Diendéré et au journaliste Adama Ouédraogo Damiss ne sauraient non plus constituer des preuves à charge, de l’avis de l’auxiliaire de justice. « Ces éléments ne sont pas incriminants et ne comportent aucune particularité », a-t-il ajouté.
Armelle Ouédraogo