La prostitution dans les rues de Ouagadougou n’est pas un fait nouveau. Au quotidien, des jouvencelles arpentent les avenues de la ville à la recherche d’argent, prêtes à céder en contrepartie leur corps. C’est dans cette logique que les réseaux sociaux sont devenus aujourd’hui un filon juteux et stratégique pour toute une chaîne de commerce du sexe. Radars Info Burkina a fait une immersion dans cet univers où le virtuel et le réel se côtoient allègrement.
L’industrie du sexe s’est déportée sur les réseaux sociaux, où plusieurs prostitués (prostituées) et proxénètes inondent Facebook, WhatsApp, Google, etc., de comptes et sites de mise en contact pour les amateurs de sexe.
Charles est le pseudonyme que nous avons attribué à un manager que nous avons contacté et suivi de Facebook à WhatsApp en passant par Messenger. Tout commence par une publication sur sa page Facebook où on peut lire : « Des filles disponibles pour sexe à Ouagadougou et partout dans le pays en in box pour les contacts. »
Nous décidons donc de le contacter en privé sur Messenger. « Bonjour… » un long message où les conditions de rencontre et les prestations sont détaillées nous parvient en guise de réponse, message qui se termine par cette mise en gare : « Plaisantins, veuillez vous abstenir ». « Comment entrer en contact avec les filles » « Tu veux une fille ? Passe-moi ton numéro WhatsApp. » Aussitôt le numéro WhatsApp envoyé, le proxénète nous transfère un album de filles en tenues sexy soulignant leurs courbes. « Faites votre choix et je donne le prix», nous propose-t-il. Nous désignons à tout hasard l’une des filles figurant sur l'album-photo.
« Ok ! Avec elle, une heure, c'est 15 000 F, mais si c’est pour toute une nuit, c’est 40 000 F CFA. Pour avoir son contact, tu devras me faire un dépôt de 2 000 F», nous précise par ailleurs l'expéditeur du message. « Comment être sûr que je ne me ferai pas duper une fois que j'aurai versé les frais de mise en contact ? » interrogeons-nous notre invisible interlocuteur.
« Monsieur, vous n’êtes pas obligé de traiter avec moi. Ou bien vous êtes un plaisantin ? » Nous réplique-t-il. Après un bref échange, il finit par nous passer le contact téléphonique de la fille en question et nous décidons d’appeler cette dernière. Nous lui attribuons le prénom Aline. « Bonjour ! C’est bien Aline ? C’est de la part de de Charles. » Nous jugeant digne de foi, elle accepte de porter à notre connaissance ses conditions : « Je reçois chez moi à la maison ou à l’hôtel. Je peux aussi me rendre chez toi. » Nous lui suggérons un rendez-vous à la périphérie de Ouagadougou. « Dans ce cas, il faudra attendre le week-end. Actuellement, j’ai des rendez-vous à honorer », nous confie-t-elle.
Christine est le nom que nous décidons d’attribuer à une autre fille qui propose ses charmes aux hommes sur la toile. À la différence d’Aline, elle ne travaille sous la coupe d’aucun proxénète et négocie elle-même ses tarifs et conditions via Messenger ou WhatsApp. Une fois le marché conclu, elle brandit les frais de carburant comme préalable à régler avant qu’elle nous rejoigne.
En ligne, de jeunes hommes sont également en quête « de tanties fortunées ». Ainsi, des individus à peine majeurs proposent leurs prouesses sexuelles à des veuves, des femmes divorcées ou mariées en quête de sensations fortes. Ces dernières, pour se justifier, évoquent l’absentéisme de leur conjoint.
Ce canal de vulgarisation du sexe, il faut le dire, accroît les difficultés des autorités en matière de contrôle des mœurs. Et même si les actions de ces dernières n’ont pas d’impact majeur sur le phénomène de la prostitution, elles restent tout de même un moyen de dissuasion.
A l’inverse de celles qui font le trottoir, sur Internet les péripatéticiennes et leurs clients n'ont aucun souci à se faire sur les patrouilles des forces de sécurité ou les regards des passants. Ce phénomène nouveau constitue aussi un souci pour les parents d’autant plus que sur les réseaux sociaux, les enfants sont exposés à toutes sortes de messages alléchants. Les filles, quant à elles, s’exposent à de nombreux fléaux tels les viols, les grossesses non désirées, voire les sacrifices rituels.
Pema Neya (Stagiaire)