D’une officine pharmaceutique à une autre, il n’est pas rare de constater que les prix des produits ne sont pas les mêmes. Cette différence peut être insignifiante ou bien au contraire se faire sentir dans les poches du patient. Qu’est-ce qui peut donc expliquer cette disparité des prix d’une pharmacie à une autre, un pharmacien a bien voulu éclairer notre lanterne.
La disparité des prix dépend de plusieurs facteurs, explique Wendlassida Ouédraogo, pharmacienne. « Nous avons en premier lieu le fait que les fournisseurs n’ont pas les mêmes prix de cession, c’est-à-dire le prix auquel ils cèdent les produits aux pharmaciens. Cela s’explique par le fait qu’ils n’ont pas les mêmes sources d’approvisionnement. La plupart des fournisseurs que nous avons au Burkina Faso ont des maisons mères en Europe qui, à leur tour, ont aussi des fournisseurs en Malaisie, en Chine, en Inde, etc. Donc tout dépend du prix auquel les fournisseurs ont obtenu les produits. Il y a également des fournisseurs qui appliquent la TVA sur certains médicaments et d’autres pas. En outre, quelquefois lorsqu’un produit qui était disponible est en rupture et que les structures grossistes de la place n’arrivent pas à le disponibiliser, les pharmacies sont autorisées à contacter des structures même hors du pays qui ont l’autorisation de faire venir le produit. Ce qui implique des coûts supplémentaires au niveau du transport (aérien dans la plupart des cas) avec donc augmentation du prix de vente en officine. A cela s’ajoutent les charges auxquelles chaque pharmacie fait face. On est d’accord qu’entre une petite et une grande pharmacie, l’entretien du local (avec des charges fixes comme l’électricité, l’eau et l’importance du personnel) n’est pas le même. Pour ce qui est du personnel, il a été convenu d’ouvrir maintenant de 08h à 20h non-stop à Ouagadougou pour le moment, ce qui suppose que l’on ne peut fonctionner avec une seule équipe. Il en faut deux, voire trois. N’oublions pas non plus les impôts car de plus en plus pour les plaques, les affiches nous devons payer des taxes. Donc tout cela fait partie des charges incompressibles. Nous sommes alors obligés de jouer sur le prix du médicament », confie-t-elle.
Wendlassida Ouédraogo précise que cette différence de prix ne concerne que les spécialités pharmaceutiques, la parapharmacie, les cosmétiques. Pour ce qui est des médicaments génériques, c’est la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG) qui fixe les prix et il n’est pas possible de les modifier. Des sorties sont fréquemment faites sur le terrain, au cours desquelles les agents de la CAMEG font un listing avec le prix de cession et le prix de vente à l’officine qui est imposé.
A la question de savoir ce qui est fait pour éviter que la disparité des prix des produits soit trop lourde à supporter par les malades, notre interlocuteur affirme que le syndicat, en tandem avec l’ordre des pharmaciens, a entrepris des démarches auprès du ministère de la Santé et celui de l’Economie et des Finances, afin que la marge bénéficiaire sur les spécialités pharmaceutiques évolue de 1,32% à 1,42%, voire 1,50%. Vivement que ces actions connaissent une issue favorable, pour le bonheur des malades !
Armelle Ouédraogo