A l’initiative du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), une opération « caisses vides » a été enclenchée le 7 juin dernier dans les formations sanitaires du pays en vue d’obtenir la satisfaction des revendications du personnel de cette corporation. S’il est vrai que cette opération, supposée se poursuivre jusqu’au 1er septembre 2019, est un moyen de pression aux mains des agents de santé, il n’en demeure pas moins que c’est principalement la population qui pâtit de la situation. Monsieur Sako, l’une des victimes des conséquences de cette opération, s’exprime dans les lignes qui suivent sur ses mésaventures.
Selon M. Sako (NDLR : Nous avons délibérément changé son nom pour des raisons d’anonymat), il s’est rendu avec sa femme, qui était à terme, dans une clinique de la place. A la naissance de son enfant par césarienne, la nouveau-née avait une anomalie qui nécessitait une intervention médicale pour corriger cela. Vu que c’était une clinique sans service pédiatrique, l’enfant fut référé à l’hôpital pédiatrique Charles de Gaulle. Une fois sur le terrain, il fallait un anesthésiste pour sauver la situation. Selon M. Sako, c’est après plusieurs heures d’attente qu’il leur a été dit qu’il n’y avait pas d’anesthésiste en raison de l’opération dite « caisses vides », mais qui vraisemblablement est un mouvement d’humeur s’apparentant à une grève en réalité. Selon lui, il y avait une lenteur dans le traitement de sa fille et à tout bout de champ, soit il manquait de spécialistes, soit c’est un produit pharmaceutique qu’il était impossible de trouver. Après plusieurs heures d’attente, la nouveau-née, qui n’a vécu que 48h, a rendu l’âme pendant que sa mère était toujours sous surveillance médicale à la clinique. Elle qui a souffert durant neuf mois n’a malheureusement pas eu la joie de contempler le fruit de ses entrailles. Vu qu’elle était déjà abattue par l’accouchement, le décès de sa fille est venu malheureusement accroître sa peine, elle qui n’a plus que sa famille et ses amis pour lui remonter le moral.
Tout comme ce couple qui a été secoué par ce cas malheureux de décès, nombreux sont ceux qui subissent les conséquences de ces mouvements d’humeur tous azimuts des agents de l’administration publique de manière générale et de manière particulière ceux de la santé. Sans nous opposer à la lutte de ces agents pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, nous pensons qu’un dispositif devrait être mis en place pour résoudre les cas d’urgence de ce genre.
Par ailleurs, il faut signaler que cette situation interpelle le gouvernement à se pencher sérieusement sur le problème de ces agents afin de desserrer les goulots d’étranglement qui paralysent la mise en œuvre du protocole d’accord, gage de la bonne marche du très sensible secteur de la santé.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné