Des véhicules d’occasion ou de seconde main, communément appelés "France au revoir", sont vendus comme des petits pains partout au Burkina Faso. Il se trouve que pendant l’achat, rares sont les clients qui s’intéressent à la durée de vie et au degré d’amortissement du moteur de ces quatres-roues. Cette situation fait du Burkina Faso un dépotoir de ces véhicules interdits à la circulation dans leur pays d’origine. Quels sont les risques auxquels s’exposent leurs usagers ?
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Défaut de freinage provoquant des cas d’accidents de circulation, des cas d’incendies en pleine circulation sans aucune explication, des pannes à n'en point finir lors des voyages sont entre autres difficultés que vivent les usagers de ces véhicules.
Robert, un jeune fonctionnaire de la place, a entrepris de payer un véhicule à travers la présentation des photos sur les réseaux sociaux. Véhicule électronique de provenance d’Europe, il a été rassuré de la qualité du véhicule par une de ses connaissances étant dans le domaine. Ayant conclu le marché à trois millions, le véhicule a transité de l’Europe en passant par le Ghana jusqu’au Burkina Faso. Une fois sur place, il a conduit le véhicule dans un garage de la place pour un contrôle, car sur le tableau de bord, le véhicule a signalé deux erreurs. Au sortir du contrôle, son garagiste lui a donné l’assurance qu’il pouvait circuler sans problème. Après quelques semaines d’essai, il a entrepris d’effectuer un voyage sur Ouagadougou afin de présenter son véhicule à ses proches puisqu’étant domicilié à Bobo Dioulasso et sa famille à Ouagadougou. En cours de route quelques kilomètres après Boromo, une grande fumée se dégageait du moteur, la chance aidant, il eut juste le temps de sortir avec quelques-uns de ses effets et le véhicule s’est envolé en cendre laissant Robert dans le désarroi total. Comme lui, plusieurs clients sans aucune expertise faite sur les véhicules, les commandent selon la coupe, la couleur, la marque et bien d’autres considérations loin d’être techniques, en croire Rosaire Soubeiga, vendeur de véhicules de seconde main.
Cette amère expérience nous interpelle sur la durée de vie des véhicules qui sont vendus en Afrique de manière générale et au Burkina Faso en particulier. En général, dans la plupart des pays africains, il y a un vide juridique quant à la circulation des véhicules selon leur durée de vie mesurée depuis leur date de mise en circulation. Cependant, les pays d’où viennent ces véhicules ont des réglementations strictes, ce qui d’ailleurs fait que ceux-ci sont convoyés en Afrique quand ils sont usés pour un second usage. Malheureusement souvent la durée du second usage dépasse la durée de vie maximale au-delà de laquelle ces véhicules ont été rapatriés en Afrique.
Pour le cas particulier du Burkina Faso, le Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA), chargé du contrôle de ces engins, n’a pas cette prérogative de recaler un véhicule au contrôle parce qu’il totalise 10 ou 20 ans de durée de vie. Il ne se limite qu’aux caractéristiques techniques du véhicule. Si elles sont défaillantes, ledit véhicule a échoué à la visite technique et donc ne peut plus circuler si cet aspect n’est pas régularisé, à en croire Elie Kaboré, chargé de communication du CCVA. Selon le Raabo N°86-60/CNR/MTC/DTR portant instauration de la visite technique obligatoire pour les véhicules automobiles au Burkina Faso, le CCVA a pour mission principale la réalisation de toutes actions se rapportant directement ou indirectement à cette activité, notamment l’expertise automobile, industrielle et incendie, le diagnostic automobile, la formation des garagistes et le jaugeage des camions-citernes.
Si telle est la réglementation qui oriente le CCVA dans ses missions, sans être un technicien, nous pensons que la réalisation de l’expertise automobile et le diagnostic automobile devraient donner des moyens d’appréciation pour guider la prise d’une mesure dans ce sens afin d’éviter d’exposer les usagers à plusieurs risques.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné
