vendredi 3 mai 2024

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Mathurin Soubeiga, un Etalon féru de culture au pays de l’oncle Sam : « J’ai été amené à faire des boulots de survie tels que la plonge et le nettoyage dans des restaurants, tout en travaillant dans la musique de façon bénévole…»

soub uneMathurin Soubeiga fait la fierté des jeunes entrepreneurs burkinabè vivant aux Etats-Unis. Titulaire d’une licence en Relations publiques internationales, il a fait ses armes dans le milieu musical burkinabè en assurant, entre autres, la promotion à titre gracieux de nombreux artistes sur Internet. En 2006, il est consacré « Meilleur promoteur culturel hip-hop » au Burkina Rap Awards. Installé à New York, le natif de Bobo-Dioulasso, à 39 ans, a lancé sa marque de vêtements Fangafrika Wear qui connaît un succès fulgurant. Peu loquace et toujours passionné de showbiz, il a accepté de se confier à Radars Info Burkina.

Radars Info Burkina : Vous contribuez à la valorisation de la culture africaine aux Etats-Unis. Les Américains étant, avant tout, fiers de leur patrimoine culturel, que faites-vous concrètement pour susciter leur intérêt pour l’Afrique ?

Mathurin Soubeiga : Après avoir décidé de m’installer en 2010 aux Etats-Unis, j’ai été amené à faire « des boulots de survie » tels que la plonge et le nettoyage dans des restaurants, tout en travaillant dans la musique de façon bénévole comme A&R pour le label américain Nomadic Wax, basé à New York. En 2014, je me suis retrouvé comme booking assistant et chargé de promotion et marketing pour le Shrine, Silvana et Yatenga French Bistro. Je gère notamment la programmation musicale au Shrine et au Silvana, qui sont reconnus comme deux des meilleurs points chauds pour le live dans la ville de New York (avec une programmation mensuelle de 300 concerts et 60 performances DJ). Je suis donc en contact permanent avec les artistes africains. On a notamment accueilli des artistes et groupes comme Tiken Jah Fakoly, Amadou et Mariam, Singuila, Perle Lama, Humanist, Patrice Kabré, Simon Winsé, Dicko Fils, Bil Aka Kora et X-Maleya. J’ai aussi ma propre marque de vêtements qui s’appelle Fangafrika Wear. Je confectionne des vêtements, des casquettes et des chaussures qui véhiculent des slogans et messages de personnalités africaines. Les États-Unis étant un pays gigantesque de 327 millions de personnes, ma contribution à la valorisation de la culture africaine ici reste modeste.

RIB : Fangafrika Wear est un concept vestimentaire devenu très vite célèbre. Des artistes de renom tels qu’Asalfo de Magic System, le groupe de rap français I am… portent fièrement cette marque. Quand a vu le jour Fangafrika Wear et que peut-on retenir de cette initiative ?

soub 2MS : L’idée de la marque est née en 2008 au cours du festival Waga hip-hop 8. Renaud Lioult, infographe, concepteur des visuels du Festival à l’époque, avait fait une proposition de tee-shirt du festival que nous n’avons malheureusement pas pu imprimer en quantité. Le concept du shirt était si original que j’ai proposé à Renaud la création d’une marque ensemble. Nous avions discuté du concept de la marque via le Net mais après il n’y a pas eu de suite car Renaud s’est retrouvé au Gabon et moi aux États-Unis en 2010. Une fois à New York, j’ai travaillé avec la marque Burkina Wear, lancée par le Burkinabè Ahmed Sankara en 1998 et qui a habillé de nombreuses célébrités telles Alicia Keys, Busta Rhymes, Nas, DJ Premier et Jay-Z. Sa boutique, “BURKINA, World Famous Shop”, située dans le Lower East Side à Manhattan, était l’une des boutiques de référence de la zone. Travailler dans son usine de fabrique de shirts a réveillé en moi cette envie de créer une marque de vêtements. J’ai alors recontacté Renaud pour le relancer sur le projet et quelques mois plus tard, il était en vacances à New York. Après une petite séance de travail à Central Park, les concepts RISE Africa, Music is a Weapon (la musique est une arme) ont germé et des mois plus tard les designs ont été conçus. Les premiers Tee-shirts ont vu le jour en 2013 ; puis en 2014 la marque BOLD AFRICA est née et sera rebaptisée en 2016 FANGAFRIKA WEAR. Fangafrika Wear est une marque de vêtements afrocentriques qui représente une pensée qui croit en la capacité du continent à émerger. Elle puise son inspiration dans les messages de grands leaders, dans la pensée de visionnaires oubliés, dans le combat de révolutionnaires généreux, africains ou afro-américains Loin d’être sentencieuse, elle revendique avec style l’universalité de l’Afrique, de ses combats, de sa culture, de son énergie. Elle met en valeur l’empreinte des cultures africaines sur le monde, notamment américain et latino. La marque a été bien accueillie dès son lancement par toutes les communautés (afro-américaine, africaine, etc.) vivant aux États-Unis ou en Afrique. La société FANGAFRIKA Wear LLC est enregistrée aux États-Unis avec pour siège social New York.

RIB : Que pensez-vous des journées burkinabè organisées aux Etats-Unis ?

MS : Je pense que c’est une excellente idée. Ces journées permettent notamment aux Burkinabè de se retrouver entre eux et de célébrer la culture de leur pays, mais aussi de faire étalage de notre culture aux États-Unis. Beaucoup de mes compatriotes viennent d’autres États et villes pour y participer. Mon souhait est qu’avec l’appui des autorités burkinabè, cela puisse devenir une sorte de foire où toute personne avide de connaissances et de culture est conviée et que ce ne soit pas seulement un regroupement de Burkinabè.

soub 3RIB : Quelle image les Américains ont-ils des Burkinabè vivant dans leur pays ?

MS : La réalité est que la communauté burkinabè aux États-Unis, comparée aux autres communautés africaines, n’est pas très représentée. Le citoyen lambda américain ne sait même pas que le Burkina existe. Donc sur ce point, le Burkina Faso tout entier a du travail à faire pour être mieux connu sur le plan international. Nous avons besoin de porte-flambeaux pour porter haut les couleurs du Faso. Mais en me focalisant sur mon expérience personnelle, je peux estimer que les Américains qui ont eu à côtoyer des Burkinabè respectent nos valeurs. Les Burkinabè sont travailleurs, donc il est aisé pour eux de se faire apprécier.

RIB : Vous vous investissez depuis plusieurs années dans la promotion de la musique burkinabè. Qu’est-ce qui ralentit, à votre avis, son ascension mondiale ?

MS : Vu de l’extérieur, nous avons beaucoup de chemin à faire. D’abord, il y a cette impression d’amateurisme dans notre showbiz. Les artistes ne sont pas forcément bien encadrés, d’où la difficulté pour eux de s’imposer à l’étranger. Les managers doivent non seulement avoir un carnet d’adresses fourni, mais également se mettre à jour des nouveaux supports musicaux et des nouvelles technologies. Par exemple, de nos jours, le téléphone portable est une nécessité. Le corollaire est que les services de diffusion ou streaming ont pris le dessus sur les méthodes d’antan. Donc se former et s’informer est primordial pour le manager de l’artiste. Le manager doit arriver à faire connaître l’artiste sur les différentes plateformes de streaming comme YouTube, Spotify, Apple Music, Deezer, Napster, etc. Ensuite, les artistes eux-mêmes doivent beaucoup travailler parce que le talent ne suffit pas. Il faut vraiment s’inspirer du passé, du présent et de ce qui se passe ailleurs. Ils doivent produire des sons et des vidéos de haute qualité pour rivaliser avec les artistes locaux des autres pays. Enfin, il faut le soutien des mélomanes. Mais il est difficile d’obliger les gens à soutenir. Si le produit fourni est de qualité, les fans suivront. Donc la responsabilité incombe une fois de plus à l’artiste. Mais si l’artiste bénéficie d’un soutien sans faille des mélomanes, alors il aura la confiance et le savoir-faire nécessaires pour s’imposer à l’étranger. Je pourrais m’étaler plus longuement sur cette question, mais je pense que ces 3 points cruciaux sont les principaux obstacles à notre succès à l’étranger.

www.radarsburkina.net

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