samedi 23 novembre 2024

Coaching : « Le coach n’apporte pas la solution, il vous aide à trouver la solution qui est en vous », Kiswendsida Ezéchiel Ouédraogo, coach certifié

coaching uneDepuis quelques années, nous assistons à un foisonnement de coachs de tous types, phénomène favorisé par le boom des réseaux sociaux. On retrouve ainsi en un clic des coachs de vie, professionnels, etc., qui en se basant sur leurs expériences de vie donnent conseils et recommandations à suivre pour réussir sur les plans professionnel et sentimental. Au regard de leur nombre impressionnant et du fait que beaucoup d’entre eux s’érigent en coachs, souvent sans la moindre formation, nombreux sont les citoyens qui voient en eux des marchands d’illusions et des charlatans. Pour comprendre ce qu’est réellement le coaching, Radars Info Burkina a pris langue avec Kiswendsida Ezéchiel Ouédraogo, conférencier, formateur et coach certifié. Lisez plutôt.

RIB : Qu’est-ce que le coaching ?

KEO : C’est un accompagnement personnel et/ou professionnel fait par un professionnel, c'est-à-dire quelqu’un qui a été formé au coaching, pour amener quelqu’un à trouver par lui-même ses propres solutions à un problème qu’il rencontre. En tant que coach certifié John Maxwell, nous ne connaissons pas les sujets de coaching en avance, c’est le client qui vient avec son sujet. Tout ce qu’on offre, c’est une technique mais aussi un temps de présence et d’écoute, appelé la « pleine présence ». De sorte à  être un miroir pour la personne, pour qu’elle puisse se poser de véritables questions. Malheureusement des circonstances personnelles ou professionnelles font que l’on est souvent noyé par beaucoup de routine et d’exigences, au point où l’on ne peut pas personnellement se poser les bonnes questions, où l’on ne peut pas se concentrer sur soi-même. Donc quand le coach a un client en face, il se concentre sur lui pour lui permettre de revenir à lui-même et se poser les vraies questions et trouver ses réponses. C’est donc un accompagnement personnel et professionnel, individuel ou de groupe qu’offre le coaching.

RIB : A quel moment de sa vie peut-on avoir besoin d’un coach ?

KEO : Ce que le coaching apporte, c’est la clarté et la conviction du chemin que vous avez choisi. Donc à tout moment où vous sentez un doute dans votre prise de décision, cela peut concerner votre carrière, votre choix de formation, vous pouvez recourir à l’accompagnement d’un coach qui va vous aider à vous poser les bonnes questions. Car en réalité la réponse est toujours en vous et c’est ce que l’on oublie de dire. Le coach n’apporte pas la solution, il vous aide à trouver la solution qui est en vous. Et c’est en cela que le coaching est différent de la motivation et de la formation. Le coach n’enseigne pas, ne forme pas, il aide à révéler la solution qui est dans le coaché. Le coach a la passion de voir les autres grandir, réussir, se révéler à eux-mêmes. Il écoute pleinement et patiemment, pas pour répondre mais pour poser les bonnes questions au bon moment. Et dans le coaching, c’est l’agenda du coaché qui compte.

RIB : Sur quelle durée doit-on normalement se faire suivre par un coach ?

KEO : Me concernant, je fais un minimum de dix sessions de coaching qui tiennent généralement sur trois mois à raison d’une session par semaine, parce que la transformation vient au bout d’au moins trois mois. Il est difficile de changer des choses que l’on a passé des années à construire en moins de trois mois. Et après les trois mois, on laisse un mois s’écouler avant de reprendre. Donc la plupart de mes contrats de coaching tournent autour d’une année, mais pas sur une durée alignée.

RIB : Comment évaluez-vous l’impact de votre coaching sur vos clients ?

KEO : Par les changements constatés concrètement. Parce que contrairement à la motivation qui aide à se sentir mieux, le coaching, ce sont des résultats palpables, concrets. Donc ça peut être des changements dans la carrière, dans la situation sociale ou encore des résultats au travail, ou encore une plus grande stabilité familiale, sentimentale. Dès le départ nous nous entendons avec le coaché sur ce qu’il veut obtenir concrètement à l’issue des sessions. Et ce sont des objectifs mesurables que nous nous fixons. Cela ne veut pas non plus dire que nous réussissons à chaque fois, et plusieurs raisons peuvent expliquer cela. Ça peut être dû au fait que nous n’avons pas été présent pour le client ou que le client lui-même n’avait pas la volonté nécessaire pour un changement, ou qu’il a abandonné en cours de route parce qu’il trouve exigent de réfléchir par lui-même. Et autre chose importante, tout le monde n’est pas « coachable ». Car on coache les compétents dans lesquels on voit un potentiel et on forme ceux qui ont un déficit de compétence. Car le coaching ne transfère pas la compétence mais révèle le potentiel déjà là. Donc les personnes que l’on coache, ce sont des personnes compétentes, qui ont un potentiel élevé mais dont on sent qu’elles n’exploitent pas ce potentiel à son maximum. Il faut avoir un niveau de compétence donné pour être « coachable ».

coaching 2RIB : L’expérience de vie du coach compte-t-elle dans le coaching ?

KEO : Non, dans le coaching pur, le coach ne doit pas utiliser son expérience, c’est un mentor qui utilise son expérience de vie pour aider un mentoré. Et c’est là la différence entre coaching et mentorat. Un mentor parle de son expérience de vie, un coach ne parle même pas de sa vie privée dans le coaching. Le coach se concentre sur l’expérience de vie du client et l’aide à trouver ses solutions parce que sa vie n’est pas ma vie. Et dans notre coaching, lorsque nous voulons utiliser une expérience de vie, nous disons au client : « Excuse-moi, je vais maintenant utiliser une expérience de ma vie et je te rappelle que ma vie n’est pas ta vie et que mon expérience ne va pas forcément marcher pour toi mais je trouve pertinent de partager cette expérience car elle peut aider ». Et quand un coach n’est pas formé, il ne sait pas cela, il y a des procédures pour parler de son expérience à son client car celui-ci n’est pas venu acheter du mentorat mais du coaching. Donc le coach n’a pas à l’assener de son expérience de vie, c’est un environnement différent. Et nous ne formons pas des disciples.

RIB : Quel est votre avis sur le nombre impressionnant de coachs que l’on trouve un peu partout, surtout sur les réseaux sociaux ?

KEO : Pour moi, c’est par la qualité que les gens reconnaîtront ce qui est vrai. Il faut juste que des coachs de qualité se distinguent de plus en plus et c’est ce qui fera disparaître la mauvaise graine. A chacun d’observer et de prendre ses mesures pour choisir son coach, en se renseignant, en évaluant ses compétences, ses références et ses qualités. Au Burkina il existe d’excellents coachs de qualité, mais qui sont plutôt discrets.

RIB : Que dire aux personnes assez dubitatives quant à avoir recours à un coach ?

KEO : Dans la société africaine d’avant on n’aurait pas besoin de coaching parce qu’on était entouré par des oncles, des tantes à qui on pouvait se confier et avoir des réponses. Mais aujourd’hui, nous avons perdu tous ces repères parce que tout le monde est préoccupé par la recherche effrénée de l’argent. On se retrouve souvent à la croisée des chemins, ne sachant pas vraiment quelle décision prendre. Le coaching apparaît donc comme cette troisième voie de quelqu’un qui n’a aucun intérêt particulier lié à vous et qui peut objectivement répondre à vos questions et vous aider à trouver les solutions qui sont en vous en toute quiétude, clarté et conviction. Et tous ceux qui veulent réussir auront besoin à un moment de leur vie d’un coach. Le « self-made-man » n’existe pas, on doit toujours son succès à quelqu’un et ça peut être un coach. Aussi le coach ne doit pas vous assister éternellement sinon il devient un « gourou » ; il doit juste vous aider à vous autonomiser.

Propos recueillis par Armelle Ouédraogo

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