dimanche 24 novembre 2024

Lutte contre le terrorisme : « Il faut réintégrer les soldats radiés. Tant qu’il n’y aura pas de justice pour tous, il n’y aura pas de paix…», Bourkari Kaboré, dit le Lion

lion uneBoukari Kaboré était face aux étudiants de l’université de Ouagadougou sur l’invitation du cadre « 2 heures pour Kamita » le lundi 29 avril 2019. Il s’est prononcé à cette occasion sur la situation nationale et est revenu sur certains épisodes de sa vie pendant et après la Révolution.

La correspondance adressée par Blaise Comparé au président Roch Marc Christian Kaboré, dans laquelle l'ex-président du Faso dit être disponible pour accompagner le Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme, intéresse également les étudiants, notamment le cadre panafricain « 2 heures pour Kamita », dont le thème du débat du jour a d'ailleurs porté sur ce sujet avec comme invité spécial Boukari  Kaboré, dit le Lion. D’entrée de  jeu, ce dernier, qui est connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, a sur un ton ironique déclaré ne pas croire que cette lettre vienne réellement de l’ex-président Compaoré. Cette missive ne mérite même pas, selon lui, de réponse, car y répondre serait donner de l’importance à son expéditeur, exilé depuis les événements d’octobre 2014 en Côte d’Ivoire. 

De l'avis du Lion, les causes des attaques terroristes perpétrées contre notre pays résident dans le fait qu’au lendemain des événements malheureux du 15 octobre 1987, le Burkina Faso s’est attiré la colère de plusieurs pays qu’il a directement ou indirectement déstabilisés.  « Durant mon exil, plusieurs présidents de pays que nous avions agressés ont proposé de me soutenir afin que j’entre en guerre contre  Blaise Compaoré pour le faire tomber à cause de ce qu’il faisait chez eux, mais j’ai refusé parce que la vie des Burkinabè en dépendait également », confie Boukari Kaboré. A cette cause citée plus haut s’ajouterait la radiation de certains soldats de l’armée burkinabè. Il rappelle avoir mis en garde le président Compaoré sur les dangers qu’il y avait à prendre une telle décision.  « Un président qui aime son pays ne radie pas 10 soldats à la fois, car ces derniers pourraient constituer une grande menace pour le pays. Or, Blaise en a radié 1000 », argumente l’ancien capitaine du Bataillon d'intervention aéroportée (BIA) de Koudougou.

Dans ce contexte où plusieurs régions de notre pays sont en proie aux attaques répétées de l’ennemi dans cette guerre dite asymétrique, l’une des mesures urgentes et importantes consiste à réintégrer dans les rangs de l’armée les soldats radiés, afin d’éviter que les frustrations et la pression sociale qu’ils subissent fassent grossir les rangs de l’ennemi. Cela d'autant plus que la plupart d’entre eux connaissent stratégiquement presque tout sur notre pays, il faut aller à un dialogue populaire pour aboutir à une véritable réconciliation, se justifie M. Kaboré.

S’agissant du dialogue national, Boukari Kaboré déclare n’y avoir pas été invité.  « Si j'y suis invité je viens,  mais si je n'y suis pas invité j’irai dans mon champ cultiver ». Pour ce qui est de la réconciliation, le Lion estime que le pays en a besoin, mais il a sa conception de cette question : « Il faut d’abord  la justice parce que tant qu’il n’y aura pas de justice pour tous,  il n’y aura pas de paix. De plus, il faut que l’on soit véridique car Blaise parlait de réconciliation et de dialogue mais il soudoyait les gens avec des dessous-de-table, ce qui faisait qu'il n'en sortait pas grand-chose ».

lion 2Un entretien attentivement suivi et applaudi par les étudiants mobilisés pour écouter cet ancien camarade de lutte de Thomas Sankara qui est resté l’idole de plusieurs d’entre eux. Lianhoué Himotep Bayala, secrétaire général du cadre « 2 heures pour Kamita » justifie le choix du thème et de l’invité par la dégradation de la situation sécuritaire du Burkina Faso qui a atteint, selon lui, des proportions révoltantes. Il s’étonne  que ce soit maintenant que Blaise Compaoré décide de réagir, et explique que pour mieux comprendre cette sortie de l’ex-président, ses camarades et lui ont décidé de faire appel à quelqu’un qui connaît très bien Blaise Compaoré, à savoir le Lion.

Lianhoué Himotep Bayala souhaite que cette main tendue par l’ancien président soit un désir sincère et profond de repentance,  tout en rappelant que celui-ci n’a jamais été chassé du pays et que l’insurrection avait pour but de l’amener à comprendre qu’on peut servir son pays sans être forcément à la tête de l’appareil d'Etat.  « Tant mieux s’il l’a compris, pourvu qu’il soit sincère », a-t-il lancé.

Tels des enfants  de chœur, les étudiants ont écouté quasi religieusement et avec grand intérêt celui qu’ils appellent « camarade papa » leur raconter certains points saillants de l’histoire politique du Burkina Faso de la Révolution à nos jours.

Pema Neya (Stagiaire)

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