Bien que l’agriculture soit la principale activité au Burkina Faso, elle couvre à peine les besoins alimentaires de ce pays. Ainsi, des mesures telles que la culture de contre-saison ont été adoptées pour pallier ce déficit. Radars info Burkina a tendu son micro à un spécialiste du domaine en la personne de Djibril Tienin, technicien supérieur d’agriculture et chef de zone d’appui technique de Sabou, pour mieux comprendre cette technique sur laquelle repose l’espoir d’atteindre l’autosuffisance alimentaire au Burkina.
Radars Info Burkina : Que faut-il entendre par culture de contre-saison ? Comment se pratique-t-elle et quelle est la période appropriée pour y procéder ?
Djibril Tienin : La culture de contre-saison est toute production ou culture réalisée hors de la campagne de l’hivernage. Elle se réalise avec une maîtrise totale de l’eau (irrigation) allant du mois d’octobre au mois de mars.
RIB : Peut-on réaliser tous types de culture dans l’agriculture de contre-saison ?
DT : Oui, c’est possible car l’eau est l’élément essentiel dont toute culture (ou plante) a besoin pour sa survie.
RIB : Est-il possible d’étendre la culture hors hivernage à l’ensemble du territoire national, compte tenu du fait que les régions n’ont pas les mêmes potentialités en matière de retenue d’eau ?
DT: La source d’eau est la condition sine qua non pour pratiquer la culture de contre-saison. De ce fait, une région disposant de retenues d’eau et de personnes mues par la volonté de travailler peut bien la pratiquer.
RIB : Quelles peuvent être les difficultés de cette activité ?
DT : Il y a un certain nombre de difficultés dans ce domaine, mais la principale est le problème d’eau, parce que vous avez par exemple des sources d’eau qui sont tarissables. En plus de cela, il y a le problème d’accès aux d’équipements. En effet, soit les intrants de qualité manquent, soit il y en a mais leur coût est élevé.
RIB : Quels sont les avantages de l’agriculture de contre-saison ?
DT : Ce type d’agriculture est très important dans la mesure où il contribue énormément à l’amélioration des revenus des paysans, donc de leurs conditions de vie.
RIB : Comment peut-on expliquer le fait que des zones telles que Ouahigouya, qui sont moins arrosées, s’en sortent mieux dans la culture de contre-saison ?
DT : Ouahigouya est une zone moins arrosée certes, mais elle dispose d’importantes retenues d’eau. Il faut aussi ajouter que la pratique des activités de saison sèche est une habitude dans le plateau mossi.
RIB : Peut-on dire que cette pratique est en partie responsable de la pauvreté des sols quand on sait qu’il est recommandé de laisser le sol récupérer après l’hivernage ?
DT : Non, car la jachère n’est pas une alternative pour rendre riche le sol. Donc on peut produire en toutes saisons tout en fertilisant le sol avec de la fumure organique et de l’engrais.
RIB : Comment peut-on vulgariser cette culture hors hivernage au Burkina ?
DT : La pratique est déjà connue, donc si l’Etat réalise des retenues d’eau, cela peut accroître ladite pratique sur toute l’étendue du territoire national.
RIB : Peut-on espérer que ce soit cela l’alternative à l’autosuffisance alimentaire au Burkina ?
DT : Bien sûr, étant donné que tout ce qui est produit en campagne pluvieuse peut être produit en campagne sèche. Il s’agira maintenant d’encourager l’agriculture de contre-saison en rendant disponibles les intrants de bonne qualité et les moyens d’exhaure.
Propos recueillis par Edwige Sanou