101 jours après le massacre de Yirgou ayant causé 210 morts, selon le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), les parents des victimes ne voient aucune lueur d’espoir quant à une justice sur ce drame. Selon les conférenciers du jour, les investigations du parquet de Kaya ont permis d’identifier 130 suspects, mais aucune arrestation n'a eu lieu jusque-là.
A en croire Dr Daouda Diallo, le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Kaya reconnaît l’impuissance de la justice et sollicite que des moyens adéquats soient mis à sa disposition pour assurer au mieux sa mission régalienne. Pour celui-ci, de source judiciaire, « 130 suspects sérieux ont été identifiés comme ayant participé au massacre de Yirgou, mais jusqu’à nos jours personne n’a fait l’objet d’arrestation ». Selon Dr Daouda Diallo, « l’Etat ayant fait preuve de mollesse dans le traitement du dossier de Yirgou, les milices n’ont pas hésité à récidiver avec la même atrocité à Arbinda et là, tout est parti de l’assassinat d’un chef religieux ». A son avis, la réaction de l’Etat n’est pas à la hauteur des attentes car, déclare-t-il, les informations recoupées par le CISC font état de plus de 100 morts pendant que le gouvernement, lui, parle plutôt de 62.
Au vu de toutes ces exactions, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) en appelle à la responsabilité de l’Etat burkinabè car pour lui, la stigmatisation d’une communauté ne saurait être une stratégie dans la lutte contre le terrorisme, aussi bien dans la communauté peule que dans les autres communautés. Le Collectif estime que l’Etat doit assurer la sécurité de tous les burkinabè sans exception.
Quant aux événements du 04 février 2019 ayant causé 146 terroristes suite à une riposte suivie d’une opération de ratissage dans les départements de Kain, de Banh et de Bomboro, le CISC déclare que les populations de ces localités sont aussi victimes d’attaques terroristes ; en témoigne le dernier rapport de Human rights watch en mars 2019 faisant état de plus de 40 civils tués entre mi 2018 et fin février 2019. Hormis ce rapport, plusieurs personnes témoignent être ces derniers temps victimes d’actes terroristes.
Par conséquent, le CISC exige que justice soit faite pour le double crime de Yirgou et Arbinda, et que cessent les exécutions extra-judiciaires en cours. De plus, il exige également que des enquêtes soient ouvertes pour situer les responsabilités sur les crimes commis à Banh et les autres localités du Nord, dans le Mouhoun et l’Est du Burkina. Il recommande donc qu’un débat national sur les questions de terrorisme et de groupes d’autodéfense soit mené.
Pour Me prosper Farama, si rien n’est fait pour soulager la population de cette stigmatisation de certaines communautés, le Collectif changera de stratégie de lutte pour que justice soit faite aux victimes des exactions dans les différentes localités citées plus haut.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné