Pour amorcer la marche vers Pâques, les chrétiens catholiques sacrifient au rite de l’imposition de la cendre le mercredi des Cendres qui marque ainsi le début du carême. Cette pratique a existé avant Jésus-Christ et tire son origine de la tradition juive. Dans celle-ci, telle que relatée dans la Bible, la cendre est un signe de fragilité, de reconnaissance de péché, du désir de la repentance, de la conversion et un signe de honte.
Pour le père Médard Sané de la communauté des Jésuites à Gounghin, un quartier de Ouagadougou, « les cendres comme symbolique principale, c’est pour nous rappeler que nous sommes essentiellement de la terre et que nous y retournerons ». Pour le célébrant principal de la messe de ce mercredi des Cendres, l’homme a été pétri à partir de la terre. Par conséquent, les cendres en ce jour sont une invitation à ce rappel. Pour lui, il faut noter qu’au-delà de ce rappel, c’est un appel à la conversion qui est fait à tous les fidèles catholiques. Car, dit-il, « quand on impose les cendres on dit : convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle et on y applique un signe de la croix. C’est le signe qui appelle tous les chrétiens, quarante jours durant, à se convertir ». Selon le Jésuite, ce temps est propice à l’examen de conscience en ce sens que le chrétien doit avoir à l’esprit qu’en dépit de son pouvoir et de son avoir, ce qu’il a comme argent, relation, il retournera à la poussière.
Pour Carine Somé, juriste, « la cendre nous rappelle que nous sommes des êtres mortels et que nous devrions, pendant ces quarante jours, faire un jeûne pas seulement de la nourriture mais surtout du péché ».
Apollinaire Kaboré, quant à lui, pense que ce mercredi des Cendres représente un temps de conversion car, dit-il, c’est une invite à revenir à nous-même et à demander pardon à Dieu pour tous nos péchés, à demander pardon à tous ceux que nous avons offensés et à aller vers Dieu. A partir de ce jour, M. Kaboré conseille à tout catholique de pratiquer le partage, la prière et le jeûne.
Comment s’est imposé le mercredi des Cendres comme rite dans l’Eglise catholique ?
Pour le père Moïse Boni, le fait de se couvrir de cendre est une coutume biblique qui existait avant même Jésus. Nous trouvons cela dans l’histoire de Jonas avec les habitants de Ninive. (Jon 3, 1-10 ; Jr 6,22-26). Dans l’Evangile de Matthieu, Jésus fait allusion à ce rite de pénitence (Mt 11,21). Dans les premiers siècles pendant la grande persécution des chrétiens, les fidèles qui commettaient l’hérésie ou l’apostasie étaient couverts de cendre et excommuniés publiquement de manière temporaire de la communauté. Au septième siècle, le mercredi des Cendres, les pécheurs graves, les hérétiques et apostats étaient publiquement présentés à l’évêque après avoir confessé leurs péchés.
Ils recevaient une imposition des mains et des cendres et étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve qui furent chassés du jardin d’Eden par Dieu.
Durant les quarante jours de carême, ils ne vivaient pas en famille et restaient à l’entrée de l’église. On les reconnaissait à leur sac de cendre qu’ils portaient. Ils ne mangeaient pas de viande, s’abstenaient de relation sexuelle et de boisson. A partir du dixième siècle, le rite de mercredi des Cendres s’impose comme une démarche de pénitence, de conversion qui permet de monter vers Pâques. Tous les chrétiens étant pécheurs, ils seront invités à entrer dans cette démarche. La cendre est donc simplement un signe biblique repris par les chrétiens dans l’Église catholique.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné