jeudi 21 novembre 2024

Non-respect des lois en vigueur par le public burkinabè : Indifférence ou ignorance ?

auto une« Nul n’est censé ignorer la loi », mais nul ne la connaît entièrement non plus. Cette opposition traduit un malaise du droit et plus généralement, d’une rupture entre la loi et la population. C’est cette triste réalité que vivent plusieurs nations africaines dont le Burkina Faso où il y a souvent un hiatus entre population et autorité, ce qui met à mal l’autorité de celle-ci.

« Le respect des textes que nous-mêmes avons édictés, c’est-à-dire les lois et les règlements,  ne connaissent pas souvent d’application, parce que les gens ne les connaissent pas, la population ne les connaît pas ou, quand bien même  elle les connaîtrait, elle les néglige et les met de côté et fait ce qu’elle veut », a déclaré le Premier ministre burkinabè, Christophe Marie Joseph Dabiré, après la prise de contact du nouveau gouvernement. Cet avis vient relativiser l’adage qui indique que « nul n’est censé ignorer la loi ». Dit ainsi, cet adage signifie en réalité qu’on ne peut, sous prétexte d’ignorance, écarter l’application d’une loi, mais il ne signifie pas que tout citoyen est censé connaître l’ensemble des textes législatifs existant dans l’ordre juridique. Car les lois et les réglementations, il en existe des  milliers.
Mais que faire pour que la population soit informée de ces lois et réglementations au Burkina Faso,  quand on sait que la auto2population lettrée est estimée à environ 20% et que la culture de la lecture ne semble pas la mieux partagée au pays des hommes intègres? A notre humble avis, cette prescription semble irréaliste car étant dans une société à tradition orale et à prédominance d’illettrés, il est assez compliqué que tout le monde soit au parfum de tout ce qui se passe à l’hémicycle. Quand on passe au peigne fin le circuit d’édiction des lois et des règlements au Burkina Faso, il n’est pas exagéré de dire qu’il n’est pas empreint de nos normes culturelles. S’il est vrai que tout homme doit sortir de l’ignorance pour pouvoir apprécier et respecter la loi, il n’en demeure pas moins qu’il faut fournir les éléments nécessaires à ces derniers pour qu’ils se les approprient. Si toutes ces conditions d’appréciation sont réunies, l’on peut transposer le débat sur le terrain de l’indifférent. Celui qui est indifférent à la loi la connaît mais choisit délibérément de ne pas la respecter. Cette seconde interprétation rend l’adage plus réalisable. Et c’est à ce niveau que l’on devrait sévir. C’est sans doute de ceux-ci qu’a fait auto3cas le Premier minitre Christophe Dabiré quand il dit que certains connaissent la loi mais ne la  respectent pas. Pour Bassolma Bazié, « le non-respect des lois et règlements est imputable aux autorités qui s’y connaissent très bien mais ne les respectent pas ». Mais en tout état de cause, force doit rester à la loi et tout le monde doit jouer sa partition. Car le non-respect des lois ne conduit qu’à une faiblesse de nos institutions et autorités. Il serait bien que l’on se fasse nôtre cette citation de Paul Valéry : « Si l’Etat est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons ». C’est là où la nécessité d’un équilibre entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire doit prévaloir. Un équilibre qui permettra à l’autorité de jouer pleinement son rôle sans bavures, même si force est de constater que dans le cas du Burkina Faso,  la faiblesse de l’Etat est perceptible.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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