Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun continue de revendiquer la victoire de Maurice Kamto lors de la présidentielle du 7 octobre 2018. Les manifestations vont se poursuivre dans les prochains jours.
Samedi dernier (26 janvier 2019), les partisans de Maurice Kamto ont manifesté dans plusieurs villes du Cameroun, en dépit de l’interdiction formulée par les autorités. Une centaine de manifestants a été interpellée par les forces de l’ordre dans plusieurs villes du pays avant que certains ne soient libérés.
En représailles à cette répression, les ambassades du Cameroun à Berlin et à Paris ont été saccagées, notamment des portraits du chef de l'Etat Paul Biya. Dans la capitale française, une correspondante de la CRTV, la télévision d'Etat camerounaise, a été "sauvagement prise à partie" par les manifestants.
De son côté, le Trésorier national du parti de Maurice Kamto a indiqué que les manifestations allaient se poursuivre dans les prochains jours pour plusieurs raisons : "Nous marchons pour dire non au hold-up électoral. Oui à la réforme consensuelle du système électoral. Nous marchons pour dire non à la guerre que Monsieur Biya livre à nos compatriotes dans les régions anglophones. Nous marchons également pour demander des comptes par rapport au scandale financier qu'il y a autour de la CAN. Nous marchons pour dire non à la succession de gré à gré entre Monsieur Biya, son épouse et son clan", a expliqué Alain Fogué Tedom.
Usage disproportionné de la force
Plusieurs manifestants ont été blessés par les forces de l’ordre dans divers endroits du pays. La répression des manifestations du week-end dernier repose la question de la doctrine du maintien de l’ordre au Cameroun, estime Joseph Léa Ngoula, politologue et spécialiste des questions sécuritaires.
"On a un problème aujourd'hui avec la doctrine même de la gestion de l'ordre au Cameroun. Ça s'est observé dans les régions anglophones, ce qui a contribué d'ailleurs à la radicalisation qu'on a vue par la suite. Mais on le voit également dans les régions francophones où, très souvent, les manifestations publiques se traduisent par des arrestations arbitraires, des actes de violence perpétrés à l'encontre des manifestants. Cela interpelle les autorités camerounaises sur la nécessité de repenser la doctrine du maintien de l'ordre au Cameroun," soutient-il.
À Douala, la capitale économique, "quelques échauffourées" ont eu lieu samedi suite à l'attitude "particulièrement agressive" de "quelques participants" à la marche, selon les propres termes du ministère de la Communication.
"Plusieurs personnes ont été blessées par balle à Douala", selon plusieurs militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Des photos des personnes blessées ont circulé sur les réseaux sociaux dont celle de l’avocate et membre du parti de M. Kamto, Me Michèle Ndoki.
Déstabilisation
Les autorités camerounaises ont réfuté les allégations d’usage disproportionné de la force. Elles accusent plutôt l'opposition de vouloir déstabiliser le pays à travers ces manifestations.
"Au moment où le Cameroun s'achemine résolument vers son émergence, tout doit être et sera fait pour préserver la paix et la stabilité", a déclaré dimanche soir, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, cité par la télévision d'Etat.
"Aucun coup de feu à balles réelles n'a été tiré", a argumenté pour sa part Jacques Fame Ndongo, le secrétaire à la communication du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le RDPC, au pouvoir.
Depuis l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC de Maurice Kamto pour protester contre ce qu'il qualifie de "hold-up électoral".
Officiellement, Maurice Kamto est arrivé deuxième lors de cette élection présidentielle avec 14,23% des suffrages, loin derrière Paul Biya, 85 ans, à la tête du Cameroun depuis le 6 novembre 1982 et réélu avec 71,2% pour un septième mandat consécutif.
Source : https://www.dw.com/fr/les-partisans-de-maurice-kamto-maintiennent-la-pression/a-47269966