Jean Nacoulma est l’un des plus jeunes maires du Burkina Faso. Porté à la tête de la mairie de l’arrondissement 6 à la faveur des élections municipales de 2016, ce doctorant en histoire et archéologie siège également au bureau exécutif de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), la deuxième force politique du pays. Dans cet entretien accordé à Radars Info Burkina, l’édile évoque, entre autres sujets, la gestion de sa mairie ainsi que la collaboration entre les maires d’arrondissement et la mairie centrale. Lisez plutôt.
Radars Info Burkina : Cela fait trois ans que vous êtes à la tête de la mairie de l’arrondissement 6 de Ouagadougou. Quelle appréciation faites-vous de votre propre gestion ?
Jean Nacoulma : Cela fait effectivement trois ans que je suis maire, mais il faut préciser que déjà en 2012, j’avais été élu conseiller de ce même arrondissement. Mais l’insurrection a balayé ce conseil municipal. Et en 2016 j’ai été porté par les populations de l’arrondissement 6 à la tête de cette mairie. Depuis notre élection, nous avons à notre actif la réalisation d’un certain nombre de projets au profit de nos populations mais aussi la stabilité que nous avons pu maintenir jusque-là.
RB : Quels sont les projets dont la réalisation vous tenait à cœur ?
JN : L’un des projets qui m’était très cher était l’accompagnement des élèves dans l’arrondissement. J’ai été enseignant vacataire, donc j’ai pu observer pendant cette période les difficultés et les besoins des établissements. A cet effet, nous avons pu faire don de tables bancs et construire des toilettes au sein de certains établissements. Il y avait également des établissements en pleine capitale qui sont toujours dans le système biennal ; nous avons pu régler ce problème. Il y a aussile social ; nous avons une partie de nos populations qui sont dans le besoin et à qui nous apportons assistance. En un mot, nous avons réalisé des projets qui contribuent à soulager nos populations.
RB : Parlons de la collaboration entre mairies d’arrondissement et mairie centrale. Comment vous l’appréciez ?
JN : Lorsque nous arrivions à la tête de notre mairie, nous n’avions pas connaissance que nous dépendions financièrement à 100% de la mairie centrale. Nous nous sommes demandé comment, en tant qu’opposant à la tête d’une mairie, nous pourrions faire passer nos projets alors que notre budget est détenu par un adversaire politique. Pourtant au soir de notre mandat, c’est nous que nos populations jugeront et non la mairie centrale. Nous nous sommes donc battus mais les choses ne sont pas encore effectives. C’est la mairie centrale qui détient le budget, même la construction des sièges des mairies d’arrondissement. Conséquence : il y a encore des mairies, y compris la nôtre, qui sont en location. Nous pensons qu’il faut décentraliser véritablement les budgets des mairies d’arrondissement, bien sûr avec le contrôle financier du Conseil régional. Cela va permettre à chaque maire qui a été élu sur la base de son programme de bien l’exécuter et de faire ses preuves. Cette décentralisation, on le voit dans d’autres pays, favorise la concurrence et l’innovation dans les mairies. Alors qu’ici, les projets sont faits de façon standard pour toute la mairie centrale par la mairie arrondissement. Nous estimons même que la gestion de la mairie peut se faire de façon tournante entre les maires d’arrondissement.
RB : Parlons de l’actualité nationale, comment vous appréciez la situation du pays ?
NB : Aujourd’hui, nous constatons que bien que la situation sécuritaire soit très dégradée, le gouvernement veut cacher cette réalité. Pourquoi ne pas faire recours à toutes les compétences du pays pour relever ce défi ? Mais ce n’est pas à l’opposition d’aller vers le pouvoir. C’est plutôt au pouvoir qui gère la situation sécuritaire d’avoir l’humilité de faire appel à l’opposition et à tous ceux qui ont des compétences pour sauver le pays de cette situation. On a même l’impression que cela profite aux gens du pouvoir.
Péma Néya.