Le retour des réfugiés politiques burkinabè est l’une des recommandations du dialogue politique entre majorité et opposition tenu du 15 au 22 juillet dernier. Si pour certains le retour des réfugiés politiques est un non-évènement, d’autres par contre pensent que leur retour, surtout celui de l’ancien président Blaise Compaoré, aura un impact sur la scène politique.
Selon le professeur Albert Ouédraogo, 2020 étant une année de consultation électorale, chaque parti politique tente au mieux de positionner le candidat qui, le mieux, remportera le plus de voix tant sur le plan national que régional. Et de ce fait, il estime que les faits et gestes sont fonction de ce calcul politique. Le retour de l’ancien président tant réclamé par certains est-il fait sur ce calcul politique ?
Pour Zéphirin Diabré, quand on parle du retour des réfugiés pour fait politique au Burkina Faso, il y a certains citoyens qui posent les questions suivantes : « Qui les a chassés ? » « Ne connaissent-ils pas la route de Ouagadougou ?» Selon lui, ceux-ci tiennent ces propos sans se mettre à la place des personnes concernées. Il poursuit en ces termes : « A supposer que l’ancien président Compaoré décide de prendre l’avion et d’atterrir à Ouagadougou, quelles en seraient les conséquences politiques ? Seraient-elles faciles à gérer ? »
De l’avis du journaliste Noufou Zougmoré, « la crise au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) est dans l’ordre normal de la vie d’un parti politique. Si le CDP arrive à surmonter cette crise, il sera un grand parti politique. » Car, poursuit-il, cette crise est survenue par le passé, il n’y avait qu’un maître à bord qui de gré ou de force faisait le consensus. De nos jours, avec son absence il y a cette lutte de positionnement.
A l’analyse de ces propos, l’on se rend compte que le retour de Blaise Compaoré, président d’honneur, pourrait contribuer à la réunification du CDP, divisé en trois groupes. Cette possible réunification fait-elle peur au parti majoritaire ? La question reste posée. Sur ce point, le président par intérim du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Simon Compaoré, dit à qui veut l’entendre que « personne n’a chassé Blaise Compaoré », par conséquent il peut revenir quand il veut au Burkina Faso et se mettre à la disposition de la justice pour répondre des faits qui lui sont reprochés.
Sur cette question du retour des exilés politiques, après la recommandation du dialogue politique, le chef de file de l’opposition trouve qu’il appartient aux autorités actuelles, à commencer par le président du Faso et son gouvernement, de se pencher sur la question, afin d’encadrer le retour de ces réfugiés.
Tout compte fait, nous estimons que si cette question du retour des réfugiés pour fait politique fait polémique, c’est qu’à coup sûr, le retour surtout de l’ancien président Blaise Compaoré aura des retombées politiques. Reste à savoir à qui profiteront ces retombées.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné