dimanche 24 novembre 2024

Partis politiques au Burkina Faso : Quel ancrage démocratique en leur sein ?

parlemenPendant les congrès ordinaires de renouvellement des bureaux des partis politiques au Burkina Faso, il n’est pas rare de constater que les membres du bureau national politique sont imposés aux militants de base. Cette manière d’agir crée souvent des frustrations qui conduisent parfois à la scission de ces partis politiques. C’est le cas de l’ex-parti majoritaire, le Congrès pour démocratie et le progrès  (CDP), duquel sont partis des militants qui ont créé l’actuel parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).  

Selon l’article13 de la Constitution burkinabè, «les partis politiques se créent librement (...). Ils mènent librement leurs activités dans le respect des lois. Tous les partis politiques ou formations politiques sont égaux en droits et en devoirs. Toutefois, ne sont pas autorisés les partis ou formations politiques tribalistes, régionalistes, confessionnels ou racistes». Un regard panoramique sur le paysage politique de notre pays montre que la classe politique est dirigée majoritairement non seulement par des vieux mais aussi tend à se régionaliser. Même s’il y a de rares jeunes, ceux-ci donnent de sérieux signes qu’ils feront eux aussi de vieux os à leur poste, pendant que d’autres ne sont que des marionnettes entre les mains des mêmes vieux dirigeants qui prétendent avoir pris leur retraite. Cet état de fait n’encourage pas les jeunes à s’intéresser à la politique. Lorsqu’ils y vont, c’est pour autre chose que par conviction politique. Voici le point de vue de Mahamoudou Kaboré, militant d’un parti politique de la place : « Disons-nous la vérité, je suis dans ce parti politique pour mes propres intérêts, car les  hommes politiques ne viennent vers nous que par intérêt. De plus, pendant les différents scrutins nous avons comme l’impression que les dés sont déjà pipés avant que l’on ne passe au vote ».

A ce sujet, le Pr Mamoudou Hama Dicko de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) déclare que « les ténors du Mouvement du peuple pour le progrès sont mal placés pour parler de respect des textes dans ce pays. Quand nous étions ensemble au CDP, ils passaient leur temps à imposer leur choix non seulement aux militants, mais aussi aux membres des différents bureaux politiques. A certaines rencontres sur la vie du parti, Simon Compaoré nous disait souvent qu’ils sont venus nous dire certaines décisions à titre informatif et que nous devions prendre ça comme tel et que ce n’était pas à débattre ». Ces propos sont en contradiction avec les textes en vigueur en la matière. Pour le Pr Augustin Loada, la liberté de création des partis politiques est confirmée par la loi n°032-2001 du 29 novembre 2001. Cette loi définit les partis et formations politiques comme «toute association à but non lucratif regroupant des Burkinabè, fondée sur une plate-forme politique pour la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat en vue de la défense des intérêts du peuple burkinabè et dans le respect des textes en vigueur».

Et les textes en vigueur portent essentiellement sur la mise en place des instances dirigeantes de ces partis, spécifiquement le mode de désignation.

Au finish, nous pouvons conclure que les partis politiques souffrent de plusieurs maux tels le manque d’alternance au niveau de la présidence du parti, le mode de désignation et la mise en avant du régionalisme. Toute chose qui empêche les formations politiques d’avoir un réel ancrage démocratique.

La question qu’on peut se poser est la suivante : si à l’échelle d’un parti politique l’on n’est pas en mesure de gérer de manière démocratique les affaires, qu’en sera-t-il une fois que les leaders des partis politiques parviendront au pouvoir ?

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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