C’est sans surprise, que Cyril RAMAPHOSA qui était jusque-là, président du Congrès national africain (ANC), a été porté à la tête de l’Afrique du Sud, et ce, après la démission de Jacob ZUMA, le 14 février 2018. Conformément à la constitution le parlement a trente (30) jours pour l’élire officiellement.
C’est un secret de Polichinelle. Cyril RAMAPHOSA, depuis ce jeudi 15 février 2018, est le nouvel homme fort de l’Afrique du Sud. Il « est dûment élu président de la République d'Afrique du Sud », a déclaré le président de la Cour constitutionnelle, Mogoeng MOGOENG, sous les applaudissements des députés, réunis pour l’occasion en session extraordinaire. En l’absence d’un autre candidat face à Cyril Ramaphosa, le président de la Cour constitutionnelle, l’a déclaré président de la République sans même procéder à un vote.
Il remplace ainsi, Jacob ZUMA, contraint de démissionner après plusieurs mois de tractations avec son parti. En effet, embourbé dans les scandales, le désormais ex président sud-africain, Jacob Zuma a finalement annoncé mercredi soir sa démission « avec effet immédiat », cédant aux pressions de sa propre formation politique, le Congrès national africain (ANC). « J’ai été contraint de démissionner en raison de la motion de défiance », a expliqué Jacob ZUMA lors de sa dernière allocution en tant que président. Une démission qu'il dit être motivée par la crainte de voir des violences ou des divisions au sein de son parti. « Aucune vie ne devrait être perdue en mon nom. Mais aussi, l'ANC ne devrait jamais être divisé en mon nom. Même si je suis en désaccord avec le leadership de mon organisation », a-t-il souligné. « Je dois accepter que mon parti et mes compatriotes veulent me renvoyer, a-t-il regretté.
À 65 ans, Cyril RAMAPHOSA accomplit ainsi son rêve. C'est d'ailleurs ce que souhaitait Nelson MANDELA dans les années 1990. A l'époque, il le qualifiait déjà d’homme « le plus doué de sa génération » et voyait en lui le futur dirigeant du pays. Mais le parti lui, a finalement préféré Thabo MBEKI, président du parti de 1997 à 2007 et de l'Afrique du Sud de 1999 à 2008.
Cyril RAMAPHOSA et Jacob ZUMA lors d'un congrès de l'ANC
A l’époque, l’échec a été rude pour le jeune de Soweto qui, sur les bancs de l’école, affirmait déjà vouloir devenir président. Il observa alors une longue période de disette politique, au cours de laquelle, il s’est lancé avec succès dans les affaires. Il a créé Sandhuka, une holding, pour investir dans les mines, l’immobilier, mais aussi les chaînes McDonald’s et Coca-Cola. D’après le magazine Forbes, en 2015, sa fortune personnelle s’élevait à environ quatre cent dix millions (410 millions) d’euros.
Déterminé comme jamais à prendre sa revanche, le désormais président de la Nation arc-en-ciel, a misé sur son passé de « héros » de la lutte anti-apartheid pour revenir sur le devant de la scène. Début 2012, Cyril RAMAPHOSA avait obtenu les faveurs du président Jacob ZUMA, devenant ainsi vice-président du parti aux dépens du turbulent Julius MALEMA. Si pendant cinq ans, il a pris soin de protéger Jacob ZUMA, éclaboussé par divers scandales, afin de maintenir une cohésion au sein du parti, il promet aujourd'hui de tourner définitivement la page. « Alors que nous émergeons d'une période de troubles, une période de division et de discorde, l'année du centenaire de Nelson Mandela nous offre ce que j'appelle un nouveau départ », affirmait-il le 11 février dernier, au Cap, à l'endroit même où l’idole de la nation, Nelson MANDELA a prononcé son discours après sa sortie de prison.
Son objectif aujourd’hui est de parfaire sa stature de présidentiable en vue des élections de 2019. Il espère donc renouer avec la population sud-africaine et remettre l’ANC sur pied. Pour cela, Cyril RAMAPHOSA, issu de la minorité Venda, doit encore gommer les divisions au sein de l’ANC, où la majorité zouloue de Jacob ZUMA, semble bien décidée à ne pas lâcher le pouvoir.
Candys Solange PILABRE/ YARO