Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), a convié les hommes et femmes de médias ce jeudi 11 avril pour une causerie de presse. Au menu de cette entrevue, l’accord complémentaire annexé à la charte de la transition et qualifié de faux qui a permis aux militaires de participer à la transition, ainsi que le processus de délitement de l’Etat.
Maître Hermann Yaméogo a tenu, dès l’entame de cette causerie de presse, la quatrième du genre de l’UNDD, à souligner qu’il avait été injustement accusé pendant l’insurrection d’avoir été celui qui a poussé Blaise Compaoré à vouloir déverrouiller l’article 37. Il a eu beau dire que personne n’a autant lutté qu’il l’a fait pour empêcher le tripatouillage de la Constitution, ses deux domiciles ont quand même été incendiés. Il dit regretter que les rouages de l’Etat aient été utilisés pour exercer des pressions sur des citoyens.
S’étalant plus longuement sur l’accord complémentaire annexé à la charte de la transition et qui a permis la participation des militaires au gouvernement de transition, le président de l’UNDD dit avoir été surpris d’apprendre l’existence de cet acte. L’existence de cet accord a été révélée par l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo (JBO), lors de son passage devant le tribunal militaire. En effet, d’abord réticent à participer aux discussions de mise en place de la transition, Hermann Yaméogo dit qu’il a fini par se laisser convaincre d’y prendre part en envoyant un représentant au nom de son parti. Un représentant accepté comme le mandataire de tous les partis non membres du CFOP et qui a travaillé jusqu’à la signature de la charte de la transition. Aucune disposition de ladite charte ne prévoyait la participation de militaires au gouvernement. C’est à la dernière minute qu’un document aurait été signé et annexé à la charte, de ce qu’a appris et révélé JBO. Au vu de ce document dont il n’avait pas connaissance, il a pris attache avec deux responsables de la transition qui ont aussi exprimé leur étonnement et leur inquiétude. Deux prétendus signataires de cet acte additionnel ,contactés, ont également affirmé n’avoir pas non plus paraphé le document, de même que le représentant de l’UNDD. Ce qui a amené l’ancien président à qualifier l’accord complémentaire de faux, car comportant des signatures de personnes qui ne s’y reconnaissent pas.
Les conséquences de cet acte frauduleux sont considérées par le conférencier du jour comme incommensurables. Car, dit-il, si ce faux accord n’avait pas eu lieu, des « calamités » telles l’exclusion avec la loi Sy Chériff, les différentes révoltes au RSP, le putsch de septembre 2015 avec ses morts et ses blessés, ainsi que les incarcérations à la MACA auraient été évités. Même la configuration politique et électorale actuelle serait toute autre. C’est pourquoi, à titre personnel, Me Hermann Yaméogo a décidé d’engager une action judiciaire contre l’Etat burkinabè, car il estime avoir été abusivement utilisé par celui-ci. L’action se fera de façon individuelle ou collective. Des sommations interpellatives ont déjà été envoyées à quatre des cinq prétendus signataires de l’accord complémentaire.
Le président de l’UNDD a également déploré le dépérissement de l’Etat burkinabè. En témoignent les massacres des citoyens à Yirgou, Tialgo, Arbinda, Kain. Pour lui, l’Etat n’a rien fait ni pour prévenir ces drames, ni pour sanctionner les personnes responsables. Ces défaillances mettent à mal la cohésion sociale et discréditent l’Etat. C’est pourquoi, estime l’avocat, il faut aller impérativement à une vraie réconciliation à travers une concertation nationale franche incluant toutes les couches sociales.
Armelle Ouédraogo