Suite à une rencontre entre le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et le bureau de la Commission constitutionnelle, un communiqué du 14 mars 2019 de la présidence du Faso a annoncé que la nouvelle Constitution serait adoptée par voie référendaire. Pour bon nombre d’observateurs de la scène politique burkinabè, c’est certes la meilleure des voies mais elle n’est pas opportune dans ce contexte de sécurité difficile.
Selon Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), l’adoption d’une nouvelle Constitution n’est pas une priorité pour le Burkina. « Nous avions dit en son temps que l’adoption de la nouvelle Constitution n’était pas une priorité au regard de la situation nationale sécuritaire actuelle. Pour nous, la priorité doit être la sécurité ; il est préférable d’utiliser les moyens qui étaient prévus pour le référendum pour renforcer nos forces de défense et de sécurité afin de permettre au pays de sortir de cette situation d’insécurité », a-t-il argumenté. Quant au choix entre la voie parlementaire et celle référendaire. Le président de l’ADF-RDA indique qu’une nouvelle Constitution doit normalement être adoptée par voie référendaire. Pour lui, c’est seulement la modification d’un article de la Constitution, notamment l’article 37, par voie parlementaire qui est à l’origine de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. C’est pourquoi il estime qu’il est contre-indiqué que des dirigeants élus après cette insurrection veuillent adopter une Constitution par cette même voie. Estimant que cette nouvelle loi fondamentale n’est pas une priorité, Gilbert Ouédraogo rappelle qu’une des questions majeures qui ont divisé la classe politique, c’est celle de l’article 37, lequel a d’ailleurs été verrouillé sous la transition. Pour lui, il faut être vigilant sur la question car, dit-il, il ne faudrait pas que l’adoption de la nouvelle Constitution suscite de nouveau un débat sur le nombre de mandats du président actuel. Tout doit être clair, l’adoption de la nouvelle Constitution ne devra pas effacer le mandat actuel de Roch Marc Christian Kaboré.
Jean Hubert Bazié du parti Convergence de l’espoir pense également que la voie référendaire est la meilleure car selon lui l’adoption de la Constitution est une question d’une grande importance et d’une portée nationale, par conséquent elle surpasse le cadre de l’Assemblée nationale. Pour ce qui est des moyens que doit mobiliser cette opération, il estime que le passage à la 5e république est un point qui figurait en bonne place dans le projet de société sur la base duquel Roch Marc Christian Kaboré a été élu président et, de ce fait, ne souffre aucun débat. Par ailleurs, il trouve que c’est courir le risque que la Constitution soit adoptée par l’Assemblée car dit-il, cette institution avant adoption pourrait modifier la version de la commission constitutionnelle dans laquelle l’opposition est membre et cela ne refléterait pas toutes les aspirations du peuple.
Pour ce qui est du choix de cette voie, Mamadou Kabré, président du PRIT- Lanaya, déclare que l’opposition n’a exercé aucune pression sur le président pour ce choix et se pose la question sur la date de la tenue de ce scrutin.
Opportune ou non, nous pensons que le Burkina Faso peut faire l’économie de cette adoption dans ce contexte sécuritaire difficile et de morosité économique qui engendre de part et d’autre des remous sociaux.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné