C’est sous le thème « sécurité et développement » que se tient la 5e conférence des chefs d’Etat du G5 sahel à Ouagadougou. Pour le président en exercice, Son Excellence Mahamadou Issoufou du Niger, après cinq années d’existence, des acquis ont été engrangés mais de nombreux défis restent à relever.
Après les travaux préparatoires des experts et la réunion des ministres, place au point culminant du 5e sommet du G5 Sahel, la conférence des chefs d’Etat. Cette conférence, organe suprême de l’organisation, se penchera sur les propositions des rencontres précédentes afin de donner les grandes orientations et les options stratégiques des actions à venir.
A l’ouverture de la conférence, le président en exercice, Mahamadou Issoufou, a indiqué que l’opérationnalisation de la force conjointe était l’un des acquis considérables engrangés. Cependant, pour ce dernier la mobilisation des ressources pour les différents projets afin d’occuper la jeunesse reste l’un des grands défis à relever. Et d’argumenter : « Si nous n’arrivons pas à nous occuper de notre jeunesse, à la nourrir, à lui trouver des emplois, elle aura tendance à céder au terrorisme ».
En rappel, c’est lors d’un mini-sommet à Nouakchott en 2014 que les présidents de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et du Niger ont décidé de la création du «G5 du Sahel » pour coordonner leurs politiques de développement et de sécurité. L'idée était de privilégier des projets dans des zones à l'abandon et donc propices au développement du terrorisme. Le G5 Sahel, organisation considérée comme un nouvel espace de solidarité nécessaire, devrait permettre aux pays du Sahel de mieux s'organiser. Pour traduire cette volonté sur le terrain, un programme prioritaire d'investissement (PIP) a été esquissé en vue de répondre aux besoins de développement des différents pays membres.
Pour renforcer la sécurité, le 20 novembre 2015 les chefs d'État de l’organisation sous-régionale ont annoncé à N'Djaména la formation d'une force militaire anti-terroriste conjointe. Le projet, resté longtemps lettre morte, a été réactivé le 6 février 2017 sous le nom de Force conjointe du G5 Sahel (FCG5S). En juin 2017, la France demande au Conseil de sécurité des Nations unies d'approuver le déploiement de la force du G5 Sahel et donc de lui accorder un financement. La proposition est soutenue par la Russie et la Chine, mais les États-Unis et le Royaume-Uni se montrent réticents. Un accord a été trouvé entre la France et les États-Unis. Ce qui a permis au Conseil de sécurité des Nations unies d’adopter une résolution qui « salue le déploiement » de cette force, mais sans lui délivrer un mandat des Nations unies, et donc un financement.
La force conjointe du G5 Sahel rencontre des problèmes pour se financer dans la mesure où ses pays membres figurent parmi les plus pauvres du monde. Le budget nécessaire à cette force est estimé à 400 millions d'euros. Sur les 415 millions d’euros promis en 2018 par la communauté internationale, un peu moins de la moitié a été déboursée et 199,5 millions d’euros n’ont toujours pas été versés jusqu’en début novembre. Cette situation constitue un frein au bon fonctionnement de l’organisation, qui peine à accomplir ses missions, c’est-à-dire à booster le développement des pays membres et à endiguer la nébuleuse terroriste.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné