Depuis le 26 octobre dernier, Ouagadougou vit au rythme de l’artisanat africain. A la faveur de la 15e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), l’art et l’artisanat africains s’expriment dans toute leur splendeur, sous différentes formes et dimensions. Peinture, couture, sculpture, maroquinerie, tannerie, teinture, les artisans ont laissé parler leur génie créateur. Ce qui prouve une fois de plus que l’Afrique regorge d’énormes potentialités en ce qui concerne l’art et l’artisanat. Toute chose qui montre que via ce secteur, les pays africains ont toute leur place dans le concert des nations.
Artisanat, batiks, bijoux, céramique, décoration, instruments de musique, meubles, peinture, poterie, produits art calebasse, produits de bronze, produits en cuir, produits en fer, sculptures en bois, sculptures en pierre, textiles, vannerie, vêtements, etc. , les potentialités culturelles, artistiques et artisanales africaines sont exposées à cette 15e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Il est la vitrine par excellence des produits africains d'art et d'artisanat. Son mélange d'exposition ainsi d'activités culturelles et artistiques a eu le mérite d’attirer pour la 15e fois de son histoire des exposants issus de toutes les contrées du continent africain ; vingt-cinq (25) pays africains ayant déposé leur valise sur le sol burkinabè pour vivre dix (10) de conte féérique artistique et artisanal.
Foires des antiquités, foire de la décoration, foire de fait à la main, foire de la maroquinerie, foire d’art, foire de l’artisanat, cette grand-messe de l’art et de l’artisanat africain montre que l’esprit et le géni du continent africain n’a pas de limites.
Si certains artisans viennent à titre personnel, d’autres par contre viennent en rang serré, soit au nom de leur groupement ou de l’association des artisans d’une région donnée, soit soutenu par leur pays d’origine. Le Benin par exemple a accompagné et soutenu ses artisans et artistes afin qu’ils viennent au SIAO présenter à la face du monde ce qu’ils savent faire de leurs mains et de montrer ce que leur pays regorge. « C’est l’Etat béninois qui a permis que les artisans béninois participent à cette 15e édition du SIAO. Ceux qui sont là sont les meilleurs artistes et artisans du pays, car la plupart a été lauréat de concours », explique Alitondji GNIDE, représentant du stand pays du bénin. Et selon monsieur GNIDE, cela est à féliciter, car les artisans de son pays ont pu vendre la plupart de leurs produits et aussi nouer des contacts. « Une de nos fabricantes de sacs artisanaux a reçu grâce à ce salon, une commande de plus de deux cents sacs. Ce qui nous ravi. Les artisans qui sont à leur première participation n’ont pas pour première ambition de vendre, mais de se faire connaître et de nouer des contacts », souligne-t-il.
Faty NIANE, présidente du Gie Jaayre de Mboumba, spécialisée dans l’horiculture, le maraîchage et la transformation des produits agricoles, présidente des femmes transformatrices du département de Podor dans la région de Saint Louis au Nord du Sénégal, affirme elle aussi avoir bénéficié du soutien de l’Etat, notamment du Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC). « Pour venir à ce SIAO, nous avons bénéficié du soutien du Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC), sinon, nous n’allions jamais pouvoir faire le déplacement », se réjouit-elle.
Son produit phare, c’est le balanitès qu’elle expose sous toutes ses formes : l’huile, le sirop, les galettes avec du miel. « Le sirop de balanitès est un bon remède contre la constipation, et le ballonnement. Il régule aussi la tension. L’huile de balanitès a des valeurs nutritives, car elle est sans cholestérol et est utilisée dans les produits cosmétiques », explique-t-elle.
Faty NIANE, exposante sénégalaise
Le Ghana est aussi présent à cette grand-messe de l’art et de l’artisanat africains avec des produits comme des masques, des objets d’art, des tables en matériaux locaux et de récupération, des objets en bronze, des tableaux, des paniers, des sacs artisanaux, etc. Des objets, qui selon les exposants expriment et montrent l’histoire, la culture et les valeurs ghanéennes.
Le Mali, lui aussi n’est pas en reste, car la culture, l’art et l’artisanat maliens parlent dans tous les stands occupés par les exposants du pays de Soundjatou KEÏTA : Des bazins, des woussoulas, « les secrets de femmes », les colliers perlés (pour le cou, les reins, le poignet), des chaussures et les en cuir, des fauteuils en matériaux locaux, etc.
Le Burkina Faso, pays organisateur et pays d’artisanat est également présent avec son génie créateur. Toutes les formes d’art se retrouvent dans les stands burkinabè. De la Peinture, en passant par la maroquinerie, la tannerie, la teinture, jusqu’à la couture et la sculpture, les artisans et les artistes burkinabè n’ont pas manqué d’inspiration. Le Faso Danfani, le luili pendé et le koko dunda, pagnes traditionnels sont cousus sous toutes les formes et sont même la base de la décoration des stands burkinabè.
Un des produits atypiques conçus avec les pagnes traditionnels est la lingérie en luili pendé exposée par Claire Fifamè KINSI au pavillon Kilmandjaro. Elle est une créatrice de mode et pour sa deuxième participation au SIAO, elle a lancé une nouvelle gamme de vêtements à base du motif national le « luili Pendé ».
De façon générale, les exposants disent tirer leur compte de ce salon, car en plus de se rendre visible au delà de leurs pays respectifs et de pouvoir écouler leurs produits, ils ont pu nouer des contacts avec de potentiels partenaires et acheteurs. Lesquels contacts sont de bons augures pour leur émergence artistique et artisanale. « J’ai pu écouler mes marchandises. Ma table est presque vide maintenant. J’ai eu des contacts notamment un opérateur qui a des relations internationales et qui est venu au SIAO rien que pour le balanitès. Ce qui est un atout, car on commence à valoriser les produits locaux », se réjouit Faty NIANE, exposante du Sénégal.
Tous sont unanimes, le SIAO 2018 est une réussite en termes d’organisation et de participation, ce, malgré la psychose sécuritaire qui existe actuellement eu égard du fait que le Burkina Faso fait désormais parti des pays dans l’œil de cyclone de la menace terroriste.
Si les exposants apprécient cette vitrine et la lumière que le SIAO reflète sur eux, ils souhaitent tout de même que dans leurs pays respectifs, les autorités accordent un peu plus de place à l’art et l’artisanat afin que ce secteur puisse participer efficacement au dévéloppement des pays. « L’Afrique a des produits de qualité, car elle a toutes les matières premières. Le gouvernement doit accompagner les artisans dans la transformation des produits locaux. Il faut insister sur la consommation des produits locaux en mettant aussi l’accent sur le suivi-évaluation du soutien apporté aux artisans. On exige maintenant du gouvernement que nos produits soient servis dans les cérémonies officielles. C’est ce qui peut nous aider à nous en sortir », martèle Faty NIANE.
Le SIAO 2018 est en train de décliner ses dernières notes, car dans deux jours les rideaux vont retombés sur cette biennale qui, il faut le rappeler connait la participation de plus de 3 500 exposants, repartis en 550 stands et venant de 25 pays d’Afrique. Cette 15e édition a été célébrée sous le thème « artisanat africain, exigences du marché et développement technologique ».
Candys Solange PILABRE/ YARO