Dans le cadre du cinquantième anniversaire du Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (FESPACO), les petits plats sont entrain d’être mis dans les grands pour le rayonnement du Burkina Faso à cette grand-messe du cinéma africain. Afin de soutenir les réalisateurs burkinabè, un fond de un milliard a été alloué à des réalisateurs dont les projets ont été sélectionnés après être passés au tamis. Pour en parler, Radars info Burkina est allé à la rencontre du « maire de Guyane », le célèbre et talentueux acteur burkinabè Issaka SAWADOGO.
Radars info Burkina : Que pensez-vous du cinéma burkinabè ?
Issaka SAWADOGO : Du point de vue artistique, les artistes doivent revisiter leurs sources d’inspiration, avec des sujets qui vont faire avancer et le politique et l’économique et le social, parce que le pays évolue. Il faut que les artistes aillent chercher des sujets à traiter qui va aussi attirer des investisseurs étrangers. Ensuite, Il faut que les cinéastes, les institutions étatiques, para-étatiques et financières aient un apport en matière du cinéma, que l’on puisse comprendre que le cinéma c’est du business, et que ce n’est pas un travail de complaisance, cela génère de l’économie. Si nos pays, nos gouvernements, nos hommes d’affaires veulent émerger, si le pays doit avancer il faut qu’ensemble nous prenons acte et conscience que le cinéma africain doit occuper une place importante dans le développement. Il faut un bon budget, pas des budgets de complaisance pour mettre les gens en conflit comme nous le voyons ici au Burkina Faso. Nous sommes un pays, qui représente le cinéma africain. Cela fait cinquante ans que le Festival Panafricain du Cinéma à Ouagadougou (FESPACO) existe et pour fêter le cinquantième anniversaire, les cinéastes n’ont reçu qu’un milliard de francs CFA pour se préparer. Cela est une insulte pour moi. C’est peut-être à partir de 10 milliards en montant, que l’on pouvait considérer cela comme un apport. L’Etat a l’argent, le pays a l’argent, il ne faut pas qu’on continue à se voiler les yeux, à se pavaner sous la couverture de « nous sommes pauvres » tout simplement, parce qu’on veut voler l’argent de la Banque Mondiale, si on dit qu’on est riche la Banque Mondiale ne viendra plus, les institutions financières viendront mais, autrement.
RIB : Vous-même avez dit que le cinéma c’est du business, le troisième œil production c’est une structure privée, est ce à l’Etat de vous donnez de l’argent pour faire votre propre business, du moment où les dividendes partent dans les poches du réalisateur?
IS : Si l’Etat fait un apport, par exemple si l’Etat décide de donner un milliard pour notre projet, nous allons utiliser cet argent avec les conditions que l’Etat va nous imposer. On peut nous dire qu’il faut que cette argent soit utilisé au Burkina, donc il y aura des techniciens burkinabè qui vont être rémunérés, il y aura des acteurs burkinabè qui vont être rémunérés, nous allons acheter du matériel qui va servir à émerger la technologie du cinéma au Burkina Faso. Il ne faut pas qu’on se voile la face. Nous vivons pour nous développer, nous ne vivons pas pour nous maintenir dans la pauvreté. Personnellement, moi, Issaka SAWADOGO je suis né d’une famille aisée, j’ai travaillé pour vivre bien et même être dix fois, cent fois plus riche que mon père. Que des gens viennent me dire qu’ils ne peuvent pas me payer pour faire leur film, alors qu’ils se construisent des bunkers, je lui dis d’aller se faire foutre, car je vis aussi, j’aspire aussi à une bonne vie. Il faut que le gouvernement mette de l’argent au profit des petites et moyennes entreprises, parce que cela peut-être rentable pour le gouvernement.
RIB : Quelle est votre lecture sur le FESPACO
IS : Le FESPACO, c’est l’avenir du cinéma burkinabè, cela concerne tous les Burkinabè même ceux qui ne sont pas dans le domaine du cinéma. C’est une fierté nationale et même africaine. Tout africain en commençant par les Burkinabè doit défendre le FESPACO comme s’il était à la guerre ou la mort. Prenons l’exemple de bollywodd, de nollywood ou de hollywood. Quand tu prends n’importe qu’elle américain, hollywood est une fierté pour lui. C’est le cas pour les nigérians, les indiens. Le FESPACO pour moi c’est une fierté, parce que s’il n’existait pas on ne serait pas la à dire que le Burkina Faso est la capitale du cinéma africain.
RIB : Est-ce qu’on fera bonne figure pendant cette édition qui va marquer le cinquantenaire du FESPACO, avez vous confiance aux productions burkinabè ?
IS : J’ai confiance aux productions burkinabè, même ceux qui n’ont pas reçu le milliard du président, j’ai confiance qu’ils font du bon travail. La preuve en est que quand il n’y avait pas de milliard, ils ont fait du bon travail. Je ne pense pas que les miettes que le gouvernement a jetées sur le plancher vont aider à faire quoi que ce soit. Mais les artistes vont continuer à se battre et je suis certain qu’il y a du bon qui arrive.
RIB : A l’édition précédente vous avez initié une activité majeure qui consistait à mettre en valeur des acteurs. Que comptez-vous faire pour cette édition ?
IS : Nous comptons continuer avec cette édition qui est le celebrity days, cela a été accepté par le FESPACO comme une manifestation prioritaire , donc nous allons réorganiser et étayer cela pour que cela soit plus visible et qu’elle ait plus d’ampleur et soit plus marquant , parce que les artistes se retrouvent ici mais il n’ont pas de plateforme et de véritables rencontres professionnelles et c’est ce que nous, nous avons fait. Au départ c’était une initiative privée comme un apport, mais tout de suite le gouvernement, la mairie de Ouagadougou ont compris que c’était un enjeu important, donc ils nous ont accompagné et promettent de nous accompagner cette fois ci encore.
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