Après « Au royaume des infidèles », « le piège de la passion », « les amants infidèles », « tu me prends pour qui », « la folie du millionnaire », le jeune réalisateur et producteur burkinabè Oumar DAGNON est sur le tournage de son sixième film titré « à bout de souffle ». Dans la perspective de participer au cinquantième anniversaire du festival Panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), le jeune réalisateur met toutes les chances de son côté, en collaborant non seulement avec un doyen du cinéma burkinabè, l’un des meilleurs de sa génération, Issaka SAWADOGO et en travaillant avec une équipe relativement jeune, dynamique, mais aussi et surtout en mettant en pratique toutes les expériences acquises au cours de ses nombreuses collaborations. Rendez-vous est donc pris au FESPACO pour la première de ce film. Radars info Burkina était sur le plateau de tournage, pour voir comment ce jeune aux multiples talents se prépare pour la prochaine grand-messe du cinéma africain.
RIB : Vous avez été sur le plateau de Guyane, une série avec Issaka SAWAODOGO, vous avez été dans la jungle, qu’est ce que cette expérience vous a apporté ?
OD : La démarche que j’entreprends aujourd’hui est différente de celle que j’avais il y a trois ans. Les festivals m’ont beaucoup apporté, mais, ce qui m’a le plus apporté c’est Guyane la saison 2 où j’étais dans l’équipe de réalisation en tant qu’assistant-réalisateur. Cela m’a permis de voir comment ils faisaient leur mise en scène, comment est ce que l’équipe se déployait, la rigueur, la discipline sur le plateau, l’organisation pratique, comment cela se passait. J’ai appris beaucoup de choses, ici par exemple les gens aiment tourner sur des trépieds, ce sont des films fixes. Sur le plateau, on n’utilise pas de trépieds pour ce tournage, on a du matériel pour faire les mouvements et tout ce qu’on fait que cela soit la camera épaule ou que ce soit steadicam, ça vie et même la mise en scène, n’est pas la démarche que l’on utilise d’habitude. Je pense que ce film à la sortie va surprendre beaucoup de personnes et c’est notre objectif. Faire aussi voyager le Burkina Faso à travers des productions qui peuvent aussi répondre à des normes internationales.
RIB : Avez-vous reçu un financement pour le tournage de ce film ?
OD : Pour la réalisation de ce film, troisième œil production n’a pas reçu de financement. Je pense que nous sommes dans une démarche où on n’attend pas toujours, parce que depuis mon premier film jusqu’aujourd’hui, je n’ai jamais eu de financement. Je me suis toujours battu personnellement avec la société de production pour pouvoir faire mes films, parce que ce film si je devais attendre un financement ce n’était pas moins de 500 à 600 millions de francs CFA. Compte tenu du fait qu’on ne pouvait pas attendre le budget, nous avons décidé de faire avec l’acteur Issaka SAWADOGO, avec qui je travaille beaucoup. C’est un ami, donc du coup, lui et moi on s’est mis sur ce film en tant que coproducteur. Issaka coproduit ce film en tant que Crystal production, et moi je Coproduis en tant que producteur délégué avec troisième œil, et wati film qui est une nouvelle structure que je viens de lancer. C’est pour dire qu’on essaie de conjuguer nos énergies avec le peu de budget que l’on a pour essayer de faire un travail de qualité en terme d’esthétique et en terme de qualité.
RIB : Selon vous, l’Etat a-t-il obligation de financer les films ?
OD : J’ai une philosophie, je me dis que le cinéma c’est d’abord une industrie, donc en tant qu’industrie, toutes les productions doivent se battre pour pouvoir faire des films sans compter forcement sur l’appui de l’Etat. Mais, il faut se dire aussi que sans l’accompagnement de l’Etat, c’est vraiment compliqué sachant bien que les films représentent aussi le Burkina Faso à l’extérieur. Quand on voyage avec ses films à travers le monde entier, on est comme des ambassadeurs du Burkina Faso. Si le film est bien fait, cela met en valeur le Burkina Faso. Je me dis que l’Etat peut nous accompagner, même si ce n’est pas une obligation qu’il soit le premier producteur. Les producteurs peuvent faire leurs preuves, mais avoir l’appui de l’Etat permet d’avoir sur le plan du financement une prise en charge dans un domaine bien précis et c’est toujours un plus.
RIB : Seriez-vous au FESPACO ?
OD : Notre objectif est ce que ce film fasse sa première au FESPACO. Au-delà du FESPACO, on a dans notre viseur d’autres festivals à travers le monde, donc attendez-vous à voir le film voyager un peu partout après le FESPACO. De toutes les façons, nous allons soumissionner quitte à ce qu’il soit sélectionné ou pas. De toutes les façons, nous serons fin prêts pour pouvoir le présenter au FESPACO.
RIB : Pensez-vous que le Burkina Faso a sa chance de remporter l’or à ce ?
Ce qui laisse un peu perplexe c’est que les films des grosses productions sont déjà prêts, mais, au Burkina Faso ceux qui ont reçu les financements ont commencé assez tard. Je me demande quel temps auront-ils pour faire une bonne post production, c'est-à-dire les montages et toutes les finitions pour pouvoir avoir toutes les chances de participer au FESPACO. Et la c’est la grande question que personnellement je me pose. Cela fait que je suis un peu septique, cependant les projets qui ont été sélectionnés, sont certainement des projets fiables, parce que avoir Gaston KABORE dans la commission qui a eu à sélectionner ces projets, je pense que ces projets ont leur chance au niveau du FESPACO. Toutefois, comme je le disais ma crainte c’est vraiment le timing, le temps de tournage te le temps de la post production. Mais wait and see.
Propos recueillis par Edwige SANOU