Auteur, compositeur, interprète, Mariam Zabré, plus connue sous le nom d’artiste de Maman Rovane, après un moment d’absence sur la scène musicale, vient de faire sortir un nouveau single intitulé « Wend konté ». Sorti le 6 mars dernier, son nouveau « bébé » aborde la question de l’infertilité dans les foyers. Dans cette interview que l’artiste a bien voulu accorder à Radars info Burkina, elle revient sur les conditions d’enregistrement de cette nouvelle galette musicale et sur sa carrière en général.
Radars Info Burkina (RB) : Pourquoi avez-vous choisi d’aborder ce sujet dans votre nouveau single ?
Maman Rovane (MR) : J’ai décidé d’aborder ce thème parce que c’est le vécu de nombreuses femmes. Aussi à chaque fois qu’il y a des difficultés d’enfantement, c’est la femme qui est stigmatisée. Je n’accuse pas les hommes mais je veux tout simplement sensibiliser les couples afin que face à ce genre de situation, ils aillent consulter des spécialistes pour régler le problème au lieu d’indexer un des partenaires ou d’écouter les mauvais conseillers. « Wend konté » est inspiré du vécu d’une dame qui a été martyrisée mais que Dieu a consolé.
RB : Dans quelles conditions avez-vous enregistré ce single ? Les conditions techniques ?
MR : « Wend konté a été enregistré ici à Ouagadougou au studio Hilarion chez Yves de Bemboula. Tout a été fait au Burkina et même les musiciens qui ont joué sont d’ici. La majorité du son a été faite en live sauf la batterie qui a été programmé. Les conditions sont les mêmes, lorsque tu as ton idée et tu fais appel aux musiciens, vous rassembler, vous répétez et tu les paies jusqu’à ce que le produit soit fini.
RB : Mais lorsqu’on visionne le clip, nous avons l’impression qu’il n’a pas été tourné au Burkina ?
MR : Nous étions à Lomé pour des activités et un bon petit frère vivant là-bas a apprécié la chanson et nous a proposé de réaliser le clip comme sa contribution pour la sortie de mon 6e album. Sinon ce n’est pas parce qu’ici au Burkina nous n’avons pas de bons réalisateurs, non. La plupart de mes clips sont tournés au Burkina ou en Côte d’Ivoire.
RB : Nous sommes habitués à une production d’albums avec Rovane. Pourquoi avez-vous fait sortir un single au lieu d’un album?
MR : « Wend konté » est le single pour lancer l’arrivée de mon 6e album, prévu dans moins de deux mois. Aussi, on s’est dit qu’à chaque fois que je sors un album de dix ou de douze titres, c’est seulement les titres clipés qui sont connus. Nous avons donc décidé de changer de stratégie afin de faire connaître les différentes chansons de mes albums à venir.
RB : Quelles sont vos attentes du public, des mélomanes par rapport à votre nouveau single ?
MR : Je dis merci aux mélomanes qui m’ont toujours soutenue depuis mon premier album. Je leur demande d’adopter ce nouveau single surtout que ça parle encore d’un problème de la femme. « wend konté » ne s’adresse pas seulement aux femmes mais aussi aux hommes. J’attends que les mélomanes partagent au maximum mon nouveau single pour que le message de sensibilisation puisse passer.
RB : Nous remarquons que vous mettez du temps entre vos albums. Pourquoi, est-ce lié à votre profession ?
MR : Généralement je mets deux, trois ou quatre ans entre la sortie de mes albums pour permettre aux mélomanes de mieux connaître et d’exploiter les différents titres de mes albums. Aussi, il y a mes activités, les prestations, par moments les petits voyages et chanter ce sont des créations intellectuelles qui demandent beaucoup d’inspirations. Ce n’est pas à tout moment que l’on n’est inspiré. La sortie des albums n’est pas une course de vitesse. Mon album « en attendant est sorti il n’y a que deux ans mais comme j’étais absente à un certain moment, les gens ont l’impression que ça vaut une éternité.
RB : Quelle stratégie de promotion a été mise en place pour ce nouveau single ?
MR : Nous utilisons la même stratégie que tout le monde, faire la promotion à travers la télévision, la radio, les réseaux sociaux en faisant le maximum de partage pour faire connaître au public que j’ai fait sortir un nouveau single. En général, c’est la promotion de proximité en allant vers le public et des concerts sont aussi en vue. Le 17 mars je serai à l’institut français du Tchad pour un festival, à mon retour je serai à Banfora en Avril pour un autre festival. A part cela, nous avons le programme du 8 Mars qui est déjà bouclé.
RB : Parlant du 8-Mars, quelle est votre perception de cette journée dédiée à la femme ?
MR : Pour moi le 8 Mars est une journée de réflexion, de partage, de réconciliation, de paix et d’amour. Ce n’est pas une journée où la femme doit bomber sa poitrine pour dire que c’est notre journée et nous devons être émancipées, non. Nous devons nous donner des idées pour l’amélioration de notre société. Malheureusement, notre pays va mal, donc cette année nous écarterons le côté festif pour penser à nos sœurs, à nos mamans, nos enfants et à nos frères qui sont tombés. Nous allons leur rendre hommage, encourager nos FDS et aussi prier la stabilité de notre pays.
RB : Vous particulièrement, qu’avez-vous prévu pour le 8-Mars ?
MR : Avec l’association Burkinabé des femmes artistes du Burkina, nous avons déjà commencé une collecte de fonds et de dons en nature. Nous avons pu faire un don dans un orphelinat, nous ferons ensuite des dons aux déplacés et après pourquoi pas chez le chef d’Etat-major pour soutenir nos FDS. Voici notre programme et nous espérons qu’il se passera bien. Moi, personnellement j’ai des prestations, mais le côté festif est écarté.
RB : Parlons à présent de politique. Que pensez-vous du quota genre qui vise un plus grand nombre de femmes dans les sphères de décision ?
MR : C’est notre combat depuis belle lurette. Il faut qu’il y ait au moins 50% de femmes dans le gouvernement, à l’assemblée nationale et dans les sphères de décision. Si non, le combat est toujours là. Des efforts sont déjà fournis pour une plus grande représentativité des femmes dans les sphères de décision. J’espère que les choses ont changé et que ce quota est respecté.
RB : Ne pensez-vous pas que ce quota est juste là pour positionner les femmes et non pas lié à leur compétence ?
MR : La compétence ne manque pas au niveau des femmes mais il se trouve que les conditions sociales ne les facilitent pas la tâche. Lorsqu’une femme est à la tête d’une institution par exemple, les individus estiment que c’est du favoritisme. Ce qui n’est pas vrai parce que nous avons beaucoup de femmes compétentes. Et il faut que les hommes comprennent que nous ne sommes pas en concurrence car la femme a son rôle à jouer dans le développement de notre pays. Il ne faudrait pas alors négliger les compétences des femmes.
RB : Vous avez un dernier mot ?
MR : Je voudrais dire merci à Takoun Production qui est ma maison de production, à son manager général le Mopao Somsaya, à la productrice, à toute l’équipe de Takoun et à vous aussi. Et que la paix revienne dans notre pays.
Propos recueillis par Armelle Ouédraogo et Elza Nongana (Stagiaire)