Malika la Slameuse, Rakizatou Malika Ouattara à l’état civil, s’illustre ces dernières années comme l’une des voix féminines les plus audibles dans le domaine de la musique burkinabè. Évoluant dans le genre slam avec parfois des textes qui mettent en évidence sa foi musulmane, elle a accompli cette année le 5e pilier de l’islam, à savoir le pèlerinage à La Mecque. Radars Info Burkina est allé à la rencontre de la slameuse. Lisez plutôt.
RIB : Du slam à l’islam au point d’aller à La Mecque, d’où vous est venue l’idée de faire la Omra (Ndlr : le petit pèlerinage à La Mecque) ?
Malika : Je suis avant tout une fille comme les autres. Je suis issue d’une famille musulmane et depuis toute petite, on nous a appris à prier et à lire le Coran. L’une des obligations du croyant musulman, c’est de faire le pèlerinage à La Mecque s’il en a les moyens. Aujourd’hui, je parcours le monde entier grâce à mon art, alors il était aussi important pour moi d’accomplir ce pilier de l’islam.
RIB : Comment vous arrivez à concilier vie d’artiste, faite souvent de tentations, et vie religieuse ?
Malika : C’était la bagarre entre ma famille et moi, mes frères et ma communauté parce qu’il était inconcevable pour eux d’être musulmane et artiste, au regard des vices qu’il y a dans ce milieu du show-biz : alcool, sexe, etc. Mon défi était donc d’être artiste et de promouvoir les bonnes valeurs, d’utiliser mon art pour inciter les gens à aller dans le droit chemin. C’est pourquoi d’ailleurs je porte toujours un foulard qui, pour moi, symbolise ma foi, les valeurs de la société et la femme. Aujourd’hui grâce à mon style et à mes messages, des parents permettent à leurs filles d’être artistes. Je suis régulièrement invitée à des cérémonies religieuses musulmanes et j’ai le soutien de ma famille.
RIB : Qu’est-ce que vous avez ressenti, en tant qu’artiste, lorsque vous êtes allée à La Mecque ?
Malika : De l’émotion, de la joie, car depuis toute petite on nous parle de la Kaaba, on s’oriente vers la Kaaba pour prier. Lorsque j’ai publié sur les réseaux sociaux que j’étais à La Mecque, il y a eu plusieurs réactions et même une polémique. Des gens se demandaient si j’allais arrêter le Slam ou pas. Pour moi, être artiste, c’est une profession comme toutes les autres et cela n’est pas incompatible avec la foi en Dieu.
RIB : Vous avez été désignée meilleur artiste féminin à la 19e édition des Kundé. Quels sont vos projets ?
Malika : Je prépare la sortie de mon deuxième album après Slamazone qui est sorti il y a trois ans et qui m’a valu plus de 18 distinctions. J’espère que le deuxième aura plus de succès avec beaucoup de prix et de concerts. J’en profite pour inviter les fans du slam à me suivre sur les réseaux sociaux. En plus de l’art comme métier, j’ai lancé Slamazone, qui est un groupe de communication, de transit, de production, etc.
RIB : Que pensez-vous du slam au Burkina Faso aujourd’hui ?
Malika : Aujourd’hui, le slam s’est fait une place dans la musique. Il y a quelques années quand vous disiez « slam », beaucoup ne savaient pas ce que c’était, mais aujourd’hui lors des activités (colloques et autres) dans les ministères, devant les autorités, on invite des slameurs et plusieurs artistes optent pour ce genre. Le seul problème est que nous sommes divisés ; il y a plusieurs festivals de slam alors qu’on pourrait se regrouper pour un grand festival pour valoriser notre identité musicale.
Propos recueillis par Pema Neya (Stagiaire)