mardi 3 décembre 2024

4e édition du festival marocain « Ciné plage » : Oumar Dagnon fait valoir son expérience dans le jury

dgn uneLe jeune réalisateur burkinabè Oumar Dagnon a pris part du 23 au 27 juillet à Al Harhoura, au  Maroc,  à la 4e édition du  festival « Ciné plage ». Ce festival à ciel ouvert, avec des films projetés sur la plage Sid El Abed, se veut une alternative au manque de salles de cinéma en offrant la possibilité aux spectateurs de visionner des productions cinématographiques de qualité. Il reçoit quotidiennement plus de 1 000 visiteurs. Radars info Burkina (RIB), pour mieux s’imprégner du déroulement de ce festival, a tendu son micro à Oumar Dagnon, membre du jury constitué de journalistes, de réalisateurs, de producteurs et d’acteurs, à qui il était confié la lourde tâche de départager les nouveaux meilleurs films en compétition officielle.

RIB : Comment avez-vous été désigné pour représenter le Burkina Faso au festival « Ciné plage » Al Harhoura en tant que membre du jury ?

OD : J’ai été contacté par un ami d’un autre festival qui m’a parlé du festival « Ciné plage », qui a lieu au Maroc. Pour la 4e édition, le comité était à la recherche d’un jeune  réalisateur, producteur et scénariste burkinabè. Et vu que j’étais en sélection officielle pour le FESPACO 2019, que ce festival est axé sur des films d’auteurs et que j’ai produit un film d’auteur aussi, quoi de plus normal de me proposer ? Le comité m’a demandé si j’étais intéressé et j’ai marqué mon intérêt. J’ai par la suite envoyé mon curriculum vitæ au festival afin qu’il puisse constater si je réponds aux critères. J’ai par la suite reçu un mail m’informant que ma candidature avait été validée.

RIB : Quel commentaire faites-vous de l'organisation ?

OD : L’organisation est parfaite et comme ils ont beaucoup de festivals, je pense qu’ils sont habitués à en organiser. J’ai été bien accueilli et installé et pour le moment, tout se passe très bien. Le festival bat sont plein avec un public assez important qui assiste aux projections. C’est un comité d’organisation assez restreint avec des jeunes qui se battent pour que tout se passe pour le mieux avec de beaux films proposés à la projection. 

RIB : Vous êtes le plus jeune des membres du jury de ce festival. Quels sont vos rapports avec les autres membres ?

OD : C’est vrai que dans le jury, je suis le plus jeune et les autres, ce sont des doyens très expérimentés dans le cinéma mondial. Avoir le privilège de les côtoyer me réjouit donc vraiment. A mon arrivée, j’avais quelques appréhensions mais j’ai été accepté dans cette famille et tout se passe très bien. Ici, nous parlons surtout compétences et beaucoup  moins d’âge. C’est en toute collégialité que les choses se passent entre nous.

 RIB : Que retenez-vous de manière générale des productions en compétition ?

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OD : Les films en compétition à cette édition sont au nombre de six. Ce sont de très beaux films avec des approches et des contenus différents en termes de cinéma. Ce sont des films de très bonne facture qui retracent la vie et la culture marocaine mais aussi des films du Moyen Orient, c'est-à-dire tout ce qui touche au monde arabe. Je suis très content d’avoir pu voir ces films qui traitent de sujets assez différents. Nous avons des problèmes dans les hôpitaux qui sont traités dans « Urgence ordinaire » ; il y a aussi « La guérisseuse » et « Nadira », qui sort du lot et qui est un film expérimental, à l’image de « Hakilitan » que nous avons vu au FESPACO. Ce sont vraiment des productions très diversifiées, au point que nous avons eu du mal à faire le choix de la meilleure production, parce que toutes ces œuvres ont un côté qui charme.

RIB : Votre long métrage « A bout de souffle » est votre premier film d'auteur. Comment expliquez-vous le fait que peu de réalisateurs burkinabè s'intéressent à ce genre cinématographique ?

OD : Concernant mon film « A bout de souffle », je me suis dit à un certain moment qu’il fallait faire des films qui puissent être compétitifs hors de nos frontières. Ce film était en sélection officielle au FESPACO passé et l’est aussi au Silicon Valey  African Film Festival. Il y a aussi des festivals où on l’a inscrit et dont les résultats ne sont pas encore publiés.

Je pense que beaucoup de jeunes sont, pour ainsi dire, dans l’économie du cinéma,  c'est-à-dire qu’ils réalisent juste des films pour alimenter les salles et avoir un peu d’argent pour pouvoir s’équiper pour les futures productions. Cela n’est pas une mauvaise chose d’autant plus que j’ai moi-même commencé par là. Mais en même temps, il faut que nous soyons ambitieux, c’est ce que je demande à mes pairs jeunes. Que nous fassions des films qui iront au-delà de l’entendement du public burkinabè, avec un langage universel et qui respecteront le code du cinéma. Mon expérience au festival ici au Maroc m’a permis de savoir que les autres pays désirent aussi voir nos productions pour mieux nous connaître et savoir ce qui se passe dans nos pays. Mais tant que nous ferons des films rien que pour contenter le public national, ils ne pourront jamais être diffusés ailleurs ou être sélectionnés à des festivals parce que ça ne leur parlera pas. Il faut commencer à se dire que le marché burkinabè est bien, mais qu’il nous faut aller au-delà, parce que nous avons beaucoup d’espace à occuper. Les festivals, par exemple, sont des occasions de vente de films et de partenariats pour des coproductions, ainsi que de contrats avec des salles de diffusion d’autres pays.

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C’est tout un mécanisme. Et le cinéma offre une visibilité au pays dans le monde entier. Il va falloir oser maintenant aller dans certaines sphères pour aborder certains sujets et utiliser tous les moyens techniques nécessaires. J’exhorte donc les réalisateurs et réalisatrices burkinabè à explorer ce domaine qu’est le cinéma d’auteur.

RIB : Quelles sont vos perspectives professionnelles ?

OD : Durant mon séjour, j’ai accordé beaucoup d’interviews à la presse marocaine avec des passages télé, et j’ai eu de nombreux échanges avec le public et les professionnels. Donc en termes de perspectives, il est important pour moi de pouvoir revenir au Maroc afin de tisser davantage de liens avec des sociétés de production de ce pays ainsi que des professionnels du cinéma marocain. Il serait aussi intéressant d’envisager des coproductions qui permettraient la rencontre de nos deux cultures, car le cinéma est avant tout un facteur de rapprochement entre les peuples. J’ai pu tisser beaucoup de liens avec les membres des jurys qui venaient de divers pays comme la Tunisie, l’Algérie et des invités venus de festivals russes et grecs, et je pense pouvoir les mettre à profit au moment opportun.

Radars Info Burkina

www.radarsburkina.net

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