Médaillé d’argent dans la discipline « Conte» aux VIes Jeux de la Francophonie à Beyrouth Il, Kientéga Pingdéwindé Gérard, communément appelé KPG, utilise les contes, le slam et les chants initiatiques, en un mot la parole, pour une reconnexion aux valeurs ancestrales. Issu et initié de la caste forgeron et de père orateur, KPG forge ses textes dans la maîtrise de sa tradition et de l’observation de la nature.
RIB : Conte, chant, slam, autant de textes et mélodies qui touchent le cœur et l’esprit. D’où KPG tire-t-il sa source d’inspiration ?
KPG : La source d’inspiration de KPG, c’est l’écoute du temps, de la nature ; c'est le comportement des animaux, car dans la nature il y a des messages dans le bruit du vent, le chant des animaux, le balancement des feuilles des arbres… L’ensemble de ces manifestations de la nature nous parle et c'est ce qui m’inspire.
RIB : En écoutant vos textes, on y décèle la présence du village et de la tradition. Est-ce que vous êtes influencé par le village ?
KPG : Je ne dirai pas que je suis influencé mais plutôt connecté. Est-ce que je suis connecté à ma culture ? Ça, ce n’est pas de l’influence parce que j’ai des racines culturelles. Des racines qui viennent de la forge des « Niongnossé », qui ont la maîtrise du vent. Dans cette culture de forge, il y a plein de messages à l’atelier de la forge ; il y a des chants, le sifflement du feu, des rythmes qui portent des messages. C’est de tout cela que je tire la force de mes textes et de ma vibration sur scène.
RIB : Parlant de forge, l’UNESCO vient de reconnaître les hauts fourneaux dans le patrimoine mondial culturel. Quelle en est votre appréciation ?
KPG : Je n’ai pas de commentaire à faire là-dessus, je n’aimerais pas être dur, mais c’est bien et c’est quelque chose *qui ne m’étonne pas. Dire qu’on reconnaît les fourneaux, c’est comme dire qu’on reconnaît l’humain. Car la forge, c’est l’ancêtre de l’industrie et de la technologie. En fait, je pense que l’UNESCO retourne aux racines.
RIB : Vous êtes régulièrement sollicité en Europe pour des contes pour enfants blancs alors qu’en Afrique, on préfère par exemple les dessins animés. Comment vous expliquez cela ?
KPG : En fait, il y a beaucoup d’aliénés en Afrique ; l’aliénation bat son plein en Afrique. On a beau dire que l’Afrique est un continent de culture, de solidarité, cette culture est dominée par d’autres cultures orientales ou occidentales. Beaucoup d’Africains sont greffés mais pas ào des plantes africaines telle le karité ou le tamarinier.
RIB : Quelle place devrait occuper l’éducation des enfants ?
Comment on éduquait autrefois nos enfants en Afrique ? C'était par les contes. Il n’existe personne qui ne sache reconnaître le bien. Un enfant qui est éduqué par l’imaginaire de la forge est plus fort qu’un autre éduqué dans un monde fictif comme celui des chiffres. Tous ces enfants qui regardent la télé, les écrans, ce n’est pas de l’éducation. Eduquer, c’est développer l’imaginaire de l’enfant pour qu’il puisse affronter ses peurs, ses douleurs, vivre ses moments de joie… C’est ça, l’objectif des contes : préparer l’enfant à faire face à la vie.
Pema Neya (Stagiaire)