Passionnée de musique et de danse depuis son jeune âge, Maï Lingani est une chanteuse, auteur-compositeur et danseuse burkinabè dont le genre musical oscille entre tradi-moderne et jazz fusion. Pour la 19e édition des trophées de la musique burkinabè, elle va à la conquête du Kundé d’or aux côtés de Floby et de Nabalüm, également nominés. Radars Info Burkina lui a tendu son micro.
Radars Infos Burkina (RIB) : Comment se sont faits vos premiers pas dans la musique ?
Maï Lingani (ML) : J’ai grandi entourée de chanteurs : ma mère aimait beaucoup chanter, mon père adoptif aimait jouer à la guitare et j’avais un oncle percussionniste dans un orchestre. Toute petite, j’étais constamment dans les activités culturelles et au collège je faisais les ouvertures de bals tout comme j’interprétais des chansons, j’étais très engagée dans les activités culturelles. C’est ainsi que, petit à petit, j’ai pris conscience de cette vocation et je suis restée dedans jusqu’aujourd’hui.
En 1994, commence concrètement ma carrière à travers une émission musicale très connue en Côte d’Ivoire qui s’appelait « Podium ». J’ai suivi une formation de musique et de danse à l’INSAAC d’Abidjan. J’ai d’abord évolué comme choriste et c’est au fil du temps que je suis devenue chanteuse. A ce jour, j’ai trois albums à mon actif. Le premier est sorti en décembre 2000 avec pour titre « Entrons dans la danse » ; le deuxième, baptisé « Monti », qui veut dire «Voici ce que je suis », a été produit par Seydoni en 2014, et enfin le troisième qui est un maxi de 4 titres est sorti en 2018 et subventionné par le BBDA. Son titre est « Tangaré », qui veut dire « entre les collines ». C’est ce dernier album qui m’a valu la nomination au Kundé d’or 2019.
RIB : Comment avez-vous accueilli cette nomination au Kundé d’or ?
ML : Avec grand plaisir, parce que ça m’a fait chaud au cœur de savoir que mon talent est reconnu dans ma chère patrie.
RIB : Pour vous, qu’est-ce que remporter le trophée pourrait apporter à votre carrière ?
ML : Déjà, la nomination au Kundé pour moi exprime quelque chose d’exceptionnel parce qu’à partir de ce jour la promotion a été davantage boostée. En plus, les mélomanes burkinabè qui ne me connaissaient pas m’ont découverte et beaucoup cherchent à savoir qui est Maï Lingani, sa carrière. Pour moi, la nomination est déjà une victoire parce que c’est le talent et le travail accumulés qui sont aujourd’hui reconnus. Et je ne peux que remercier tous mes fans ainsi que toutes les personnes qui m’ont soutenue et poussée jusque-là où je suis aujourd’hui.
RIB : Quel est votre avis sur les autres nominés et quels sont les rapports que vous entretenez avec eux ?
ML : Il faut dire que les autres nominés ont évidemment aussi du talent. Après 25 ans de carrière, c’est une fierté pour moi d’avoir de jeunes co-nominés à mes côtés. Et à mon avis, la relève est assurée parce que ce sont de grands talents. Le plus important pour moi, c’est que la musique burkinabè gagne le 26 avril. Nous avons de très bonnes relations.
RIB : En tant qu’artiste musicienne évoluant dans le domaine depuis 25 ans, est-ce qu’à ce jour vous pouvez affirmer que le métier nourrit son homme ?
ML : Pour moi, l’argent n’est rien comparativement au bien que m’apporte la musique. C’est dire que ce que la musique m’a apporté, c’est bien plus que de l’argent. La musique m’a apporté une certaine stabilité dans ma vie en général et une grande ouverture sur le reste du monde. Elle m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur la musique contemporaine, le jazz, le blues, d’avoir des collaborations avec des artistes venant de différents horizons, des rencontres, des voyages, de bénéficier d’un brassage culturel. Et cela vaut de l’or. Je préfère qu’on demande : « Qu’est-ce que la musique t’apporte ? » au lieu de dire : « Est-ce que la musique nourrit son homme ? » parce que la musique fait beaucoup plus que nourrir son homme.
RIB : Comment se porte votre dernier album sur le marché du disque ?
ML : Il se porte très bien parce que depuis sa sortie en mai 2018, j’ai fait tous les festivals au Burkina Faso et j’ai aussi beaucoup voyagé : j’ai fait Lyon, Berlin, la Suisse, Paris, Nantes, et ça continue.
RIB : Quelle est votre actualité, parlant de votre carrière ?
ML : Ce sont des perspectives pour des clips à venir, c’est aussi des enregistrements en studio ainsi que des featuring avec des artistes. J’ai en projet également des interprétations d’artistes qui m’ont toujours inspirée depuis mon enfance. Il s’agit notamment de Myriam Makeba, de Georges Ouédraogo, de Sami Rama et bien d’autres artistes nationaux et internationaux.
RIB : Un dernier mot à vos fans ?
ML : Merci à tous mes fans d’avoir contribué à faire de moi ce que je suis aujourd’hui dans le milieu de la musique, et merci pour les conseils prodigués, les prières. Je leur demande de continuer à me supporter parce que j’en ai toujours besoin. Dans une carrière musicale, il y a des hauts et des bas et on n’est rien sans l’autre. De ce fait, je suis très honorée d’être leur artiste préférée. Je leur demande de toujours me soutenir afin qu’ensemble, nous puissions relever le défi de faire découvrir la musique burkinabè partout dans le monde avec beaucoup plus de valeur, de dignité et de respect.
Propos recueillis par Armelle Ouédraogo