Une semaine durant, acteurs de films, scénaristes et réalisateurs ont magnifié le cinéma africain à Ouagadougou, réputé être la capitale du cinéma. Si l’essence de ce festival, c’est de primer les meilleurs de ce secteur, les acteurs de films trouvent qu’ils ne sont pas assez valorisés à cette biennale.
Lors de la Nuit des célébrités organisées le 27 février 2019 à l’Hôtel de ville de Ouagadougou, Sidiki Bakaba, invité d’honneur de la soirée, a déclaré : « Il faut qu’on cesse de faire du cinéma sans visage, l’acteur est là pour porter le message. Le jour de la cérémonie d’ouverture, j’étais très mal à l’aise de constater que du début à la fin, personne n’a cité le nom d’un seul acteur, mis à part Bamba, parce qu’il était maître de cérémonie ». Cela pose la problématique du traitement des acteurs dans les différents festivals relatifs au cinéma dans le monde. Pour celui-ci, quelle que soit la beauté d’un scénario, tant que l’acteur ne s’approprie pas le rôle à lui confié, le film est voué à l’échec.
Pour Akissi Delta, réalisatrice et actrice ivoirienne de films, les acteurs sont très souvent oubliés dans la chaîne de récompense des différents lauréats. Selon elle, en dépit des difficultés inhérentes au rôle d’acteurs sur le plateau de tournage, ils ne bénéficient pas d’un bon traitement de la part des réalisateurs et de la part des festivals.
Au nombre des difficultés, Abdoulaye Komboudri, alias Fils de l’homme, souligne que les difficultés sur le plateau ne manquent pas et sont fonction des personnes. L’appropriation du texte du réalisateur dépend de l’ingéniosité de l’acteur, fait-il remarquer. Et d’ajouter : « Personnellement, je n’ai généralement pas de problème avec mes textes, mais comme le film se joue avec plusieurs acteurs, la complicité avec l’autre, surtout quand c’est un néophyte, n’est souvent pas facile. Pour la question du texte, l’acteur doit se l’approprier et apporter sa touche personnelle ». Dans le jeu d’acteur, le comédien doit faire des propositions au réalisateur. Il doit être créatif dans la parole et dans le jeu afin de compléter le scénario du réalisateur.
Pour ce qui est du traitement des acteurs de film, Abdoulaye Komboudri estime que c’est un manque de respect pour les acteurs de films car pour lui l’on ne peut imaginer un film sans comédien. Ce que le comédien burkinabè regrette, c’est le fait que quand un acteur commence à être célèbre, les réalisateurs ont tendance à le délaisser et prendre de nouveaux pour les payer à un prix dérisoire. Selon lui, la médiocrité du cinéma burkinabè découlerait de là. Les réalisateurs choisissent les comédiens par affinité pour amoindrir les coûts. Ce qui se ressent sur la qualité des films. Abdoulaye Komboudri déclare qu’après plusieurs années de lutte, les comédiens burkinabè n’ont toujours pas de statut. Ce qui, à son avis, témoigne d’un manque de considération à leur égard car, estime-t-il, aujourd’hui s’ils sont d’une manière ou d’une autre lésés, c’est en raison du fait qu’ils n’ont pas de statut. A ce sujet, le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Abdoul Karim Sango, trouve que « célébrer les acteurs, c’est leur rendre une justice méritée. Je n’imagine pas un monde sans acteurs ». Par ailleurs, il rassure qu’au niveau du Burkina Faso, tout sera mis en œuvre pour que cette question soit réglée.
Pour la biennale du FESPACO, il faut signaler que des prix ont été décernés à la meilleure interprétation féminine et à celle masculine, lesquels sont spécifiquement destinés aux acteurs de film.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné