Le football ne se conjugue plus au masculin. La gente féminine est de plus en plus amoureuse du ballon rond et certaines en font une carrière. Margueritte KARAMA en est l’une d’elles. Son nom est intimement lié à la promotion du football féminin au Burkina. Elle est adjointe de chancellerie au Ministère des affaires étrangères. Elle a été nommée en février 2014, commissaire de match à la confédération africaine de football (CAF). Mme KARAMA est aussi promotrice du Tournoi international de football féminin de Ouagadougou (TIFO). Son ascension au niveau du football n’est pas un fruit du hasard. En effet, les stades de sa vie ont été marqués par le football.
Radars infos Burkina : Votre père étant un militaire, vous êtes né et avez grandi dans un camp millitaire.Vu l’importance qu’accorde l’armée au sport peut-on dire que votre environnement y était pour quelque chose ?
Margueritte KARAMA : je suis née à Bobo au camp Ouezzin COULIBALY, j’ai grandi à Ouagadougou au camp de Gounghin. Généralement dans les camps militaires, les enfants sont pris au même niveau. Il n’y a pas de garçon, il n’y a pas de fille, et cela forge le caractère surtout des filles. Là, on peut dire que j’ai hérité de ce caractère de mon père qui était militaire et c’est cela mon avantage. Avec les enfants des militaires on avait l’habitude de jouer aux mêmes jeux, puisqu’il n’y avait pas de différence entre fille et garçon. Il y’avais plusieurs jeux, mais cela ne nous empêchait pas de courir derrière le ballon.
RIB : Généralement dans les camps militaires il y a deux type de foot, le football classique et le ballon militaire, auquel jouez-vous ?
MK : les deux en même temps. On joue au ballon militaire le jour et au football classique le soir.
RIB : Quelle était votre préférence ?
MK : Ma préférence était le football classique
RIB : A quel poste jouez-vous ?
MK : j’étais défenseur n° 5. J’occupe toujours ce poste.
Margueritte KARAMA
RIB : Incarnez-vous aussi la notion de la défense en dehors du football ?
MK : j’ai un caractère un peu prononcé. Je suis toujours à la défensive, parce que c’est la meilleure manière d’avancer. Il faut toujours prendre soin des autres, mais il faut aussi les défendre comme une mère poule. Au niveau du football féminin, c’est ce qui m’a amené à défendre la cause de la gente féminine, parce que vous savez que le football se conjugue généralement au masculin. Pour moi promouvoir le football féminin, c’est donner un cadre aux filles afin qu’elles vivent leur passion. Les filles jouent très bien, mais il y a un problème dans la promotion du football féminin. Je me suis retrouvée dans ce cadre pour lutter pour la cause des femmes.
RIB : En Afrique, rare sont les fois où l’on voit des filles jouer au foot avec leurs camarades garçon, leur place comme on le dit est au près des mamans pour se forger à la vie de famille. Comment est ce que votre entourage percevait-il votre passion pour le foot ?
MK : je n’ai pas été dans l’élite, c’était le sport de maintien. Au niveau du football, au début ça n’a pas été facile à cause des préjugés. On nous amenait à jouer les levés de rideau lorsqu’il y’avait les compétitions masculines et les filles couraient derrière la balle sans organisation et ça faisait rire la galerie. A un moment on a dit stop. On a crée nos équipes, on a demandé l’affiliation à la fédération et à partir de là, nous avons lutté pour avoir un championnat.
RIB : Vu votre passion pour le ballon rond, doit-on croire que votre matière préférée à l’école était l’Education physique et sportive (EPS) ?
MK : j’ai toujours été grande. J’ai la taille et la forme. J’aimais vraiment l’EPS et vous savez que ça donne des points. Et quand vous avez l’esprit sportif, cela vous pousse un peu à la compétition.
RIB : Vos plus fortes notes étaient-elles en EPS ?
MK : Non, mes plus belles notes étaient en mathématiques. Généralement, en math j’ai 20/20 et mes plus faibles notes dans cette matière étaient 19/20.
« Si une femme veux évoluer dans le milieu du football elle doit avoir un mental de fer »
RIB : Votre travail de commissaire se fait en trois phases. En premier niveau vous coordonnez l’avant match en tant que représentante de la CAF, en second lieu vous supervisez le match et enfin vous rédigez un rapport à la fin du match. De ces différentes tâches qu’est ce qui est le plus difficile pour vous ?
MK : Le plus difficile pour nous c’est pendant le match. Pendant ce temps le commissaire ne contrôle plus le jeu, c’est l’arbitre qui contrôle le match jusqu’à la fin des 90 minutes. Après le match, il ya aussi le rapport. Il se fait sur internet donc il faut maitriser l’outil informatique pour pouvoir faire un bon rapport. Dieu merci pendant mes matchs je n’ai jamais eu de problèmes.
RIB : votre calendrier vous permet-il de vous occuper de votre foyer ?
MK : c’est difficile. On n’est pas tout le temps à la maison. Si tu veux suivre les enfants ce n’est pas facile. J’ai eu la chance d’avoir un mari qui me comprenait, car il était un ancien footballeur. Vous ne pouvez pas aller dans le football si vous n’avez pas le soutien de votre partenaire. Si une femme veux évoluer dans le milieu du football, elle doit avoir un mental de fer.
RIB : Comment est ce que vous voyez l’avenir du football féminin burkinabè ?
MK : le football féminin du Burkina évolue grâce à la communication. Vu ce que la fédération du football est en train de mettre comme programme et plan pour les filles, cela a amené le football féminin à aller de l’avant. Mais le chemin à parcourir reste long. Je pense qu’il faut qu’on revienne à la base, parce qu’on ne peut pas construire une pyramide en commençant par le haut. Il faut revenir à la base pour que le football féminin du Burkina soit en passe de se faire une place de choix sur l’échiquier international.
Propos retranscrits par Judith TCHIMADI