Dans quelques jours, la Tunisie disputera la cinquième phase finale de son histoire en Russie. Un challenge pour les aigles de Carthage, cette participation au mondial marque aussi la fin de douze années de frustration, voire davantage. Brillante lors de sa première participation, en 1978, la Tunisie était devenue la première équipe africaine à remporter un match de Coupe du Monde, en battant le Mexique (3-1). Emmenés par le grand Tarek Dhiab, les Tunisiens avaient également tenu en échec la RFA, championne du monde en titre (0-0). Depuis, les participations de la Tunisie au Mondial se sont toutes conclues sur le même bilan, peu reluisant, d’un match nul et deux défaites. Faire mieux cette année en Russie constituerait donc un progrès pour cette équipe magrébine. Absente des deux dernières éditions, la Tunisie est de retour au Mondial avec le sélectionneur Nabil Maâloul qui avait déjà été aux commandes en 2013. Mais cette compétion, les Aigles devront la jouer sans leur attaquant vedette Youssef Msakni, blessé, mais, ils pourront tout de même compter sur l’expérimenté Wahbi Khazri. Ils commenceront leur Mondial face à l’Angleterre (18 juin). Ils auront ensuite la Belgique (23 juin) et le Panama (28 juin) sur leur route. La Tunisie avait déjà affronté la Belgique lors de l’édition 2002 (1-1) et l’Angleterre en 1998 en France où ils s’étaient inclinés 2-0.
Souvent éclipsée par l’amour des Tunisiens pour leurs grands clubs, la sélection nationale revient sur le devant de la scène médiatique. Jamais qualifié pour le deuxième tour au mondial, vainqueur d’un seul de ses douze matchs en quatre participations, le pays est pris tout de même d’optimisme.
Traditionnellement attachée à une assise solide, la Tunisie n’a encaissé que quatre buts durant la campagne qualificative. Devant l’inamovible Aymen Mathlouthi (dit « Balbouli »), parti comme plusieurs de ses coéquipiers en Arabie Saoudite cet hiver, une défense compacte dans laquelle se distingue le latéral gauche Ali Maaloul (Al-Ahly). Un milieu à cinq éléments permet à la Tunisie de varier les combinaisons, souvent bonifiées par les qualités techniques et le sens du but des talents offensifs Youssef Msakni à gauche et Wahbi Khazri (Rennes) à droite. Plus imprévisible qu’il n’y paraît, la Tunisie alterne parfois fulgurances et trous d’air pendant ses matchs, comme ce fut le cas lors de la CAN 2017.
En effet, dans un groupe qui s’est rapidement résumé à un mano à mano avec la RD Congo, les Aigles de Carthage, vainqueurs sans convaincre de la Libye et de la Guinée lors des deux premières journées, ont décroché la qualification en prenant quatre points lors de la double confrontation charnière face aux Léopards, auteurs comme eux d’un carton plein. Deux rencontres qui les virent montrer un caractère que l’on ne leur soupçonnait pas forcément. Il en fallait pour remonter deux buts, en l’espace de deux minutes, dans l’atmosphère volcanique du stade des Martyrs de Kinshasa et ramener le nul (2-2) qui ouvrait la voie de la qualification. Vainqueurs facile de la Guinée (1-4) par la suite, les hommes de Nabil Maaloul ont bouclé leur campagne en prenant le petit point qui leur manquait face à la Libye (0-0) et terminent ce groupe A invaincus.
Aujourd’hui, avec l’arrivée de Nabil Maâloul, la Tunisie commence à prendre des risques sur le plan offensif sans oublier de défendre. Elle est toujours aussi intéressante sur les coups de pied arrêtés et possède un très gros mental avec des joueurs très déterminés. La Tunisie débute souvent ses rencontres dans un système classique de 4-4-2 qui peut évoluer en 4-2-3-1.
A ce mondial, la Tunisie est logée dans le groupe G. Elle va pour ce faire, retrouver deux adversaires déjà affrontés par le passé au Mondial. En effet, les Aigles de Carthage se frotteront d’abord à l’Angleterre, talentueuse mais imprévisible, qui actuellement, est en regain de cohérence sous les ordres de son jeune sélectionneur Gareth Southgate. La dernière fois que les deux pays s’étaient croisés en phase finale, le résultat du match (2-0 pour les Anglais) avait été complètement éclipsé par des incidents survenus en amont. En juin 1998, Marseille fut en effet plongée en plein chaos deux jours durant par de violents affrontements entre hooligans anglais, supporters tunisiens et jeunes Marseillais. Bilan : 48 blessés, 50 interpellations et de nombreux dégâts matériels. Ensuite, la Belgique, forte de ses 43 buts en 10 rencontres éliminatoires, se dressera sur leur route. Un meilleur souvenir pour les Tunisiens : lors de l’édition 2002, les deux équipes avaient fait match nul (1-1), lors d’une rencontre qui vit Raouf Bouzaiene inscrire le seul but de son équipe et décrocher le trophée honorifique d’homme du match. Il faudra aux hommes de Nabil Maaloul réussir une grosse performance contre l’une de ces deux grosses cylindrées européennes afin d’espérer jouer le troisième match face au petit poucet du Panama pour autre chose que l’honneur.
Pour le secteur offensif de la Tunisie, le coach a fait confiance à Naïm Sliti, Wahbi Khazri, Ahmed Akaichi (qui vient de remporter la Coupe d’Arabie saoudite avec l’Ittihad FC), comme lors de la CAN 2017 au Gabon. Anice Badri, absent de la dernière Coupe d’Afrique des nations est dans la liste. L’attaquant de l’Espérance de Tunis Taha Yassine Khenissi, blessé à la cuisse à l’occasion du match de clôture du championnat disputé par l’Espérance.
Toutefois, le joueur-vedette de cette équipe reste Wahbi Khazri. Prêté cette saison à Rennes par Sunderland, Wahbi Khazri a inscrit 9 buts et délivré deux passes décisives en 24 rencontres de Ligue 1 avec Rennes. Avec la Tunisie, il a joué les trois dernières CAN (2013, 2015, 2017), ce qui en fait un véritable cadre très apprécié par le vestiaire. Le milieu offensif a inscrit deux buts lors de la campagne des qualifications pour le Mondial. Comme avec Rennes, il pourrait être placé en pointe.
Aussi, les Aigles devront jouer cette compétition sans leur joueur-clé Youssef Msakni, pour cause de blessure. En effet, l’attaquant du club qatari du Lekhwiya SC a récemment été victime des ligaments croisés. Un coup dur pour les Aigles de Carthage. « On doit faire sans notre meilleur atout offensif, mais on ne va pas changer l’organisation de l’équipe. On gardera la même logique avec notamment Naïm Sliti qui peut faire l’affaire et jouer à gauche comme il le fait avec son club de Dijon », avance Nabil Maâloul, le sélectionneur. Il faut noter que Naïm Sliti avait participé à la CAN 2017 au Gabon. Il avait inscrit deux buts face à l’Algérie et au Zimbabwe et s’était fendu d’une passe décisive.
L’équipe type probable des Aigles à ce mondial, peut être construite autour des joueurs suivants : Mouez Hassen, Syam Ben Youssef, Dylan Bronn, Yohan Benalouane, Ali Maaloul, Ellyes Skhiri, Ferjani Sassi, Naim Sliti, Saîf-Eddine Khaoui, Anice Badri, Wahbi Khazri.
Après avoir battu le Mexique (3-1) à la coupe du monde en Argentine en 1978, les Aigles de Carthage sont à la recherche d’une deuxième victoire. Et pour ce faire, ils peuvent compter sur l’expertise de leur entraîneur Nabil Maâloul. En effet, après sa carrière de joueur, Nabil Maâloul a débuté comme entraîneur adjoint aux côtés de Roger Lemerre en 2004 lorsque l'équipe de Tunisie a remporté la CAN 2004 à domicile. Il a ensuite dirigé plusieurs clubs tunisiens avant de prendre les rênes de la sélection nationale en février 2013. Quelques mois plus tard, il présente sa démission après une défaite à domicile face au Cap-Vert qui élimine la Tunisie des qualifications pour le Mondial au Brésil. Il fait son retour avec les Aigles de Carthage en avril 2017. Sa mission : une qualification pour le Mondial 2018 et une pour la CAN 2019. Il a déjà réussi la moitié de son contrat.
Son défi majeur consiste notamment à réussir ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a su faire : conserver un jeu de qualité et obtenir des résultats sur la durée. Son habitude de la victoire, en tant qu’adjoint du Français Roger Lemerre lors de la CAN 2004 gagnée à domicile par la Tunisie, puis sur le banc de l’Espérance de Tunis entre 2010 et 2013, lui sera donc utile. Le statut d’outsider ne dérange pas Nabil Maaloul. « Il n’y a pas de tirage facile en Coupe du Monde, avait-il déclaré après le tirage au sort. L’équipe est appelée à faire honneur à sa cinquième participation en Coupe du Monde d’autant que nous allons joueur sans pression, ce qui va nous aider à fournir une bonne prestation.»
Toutefois, les différents matchs de préparation joués par la Tunisie, montre que les aigles de Carthage ne comptent pas faire de la figuration à ce mondial. En effet, les Tunisiens sont parvenus à accrocher le Portugal, dépourvu de sa star Cristiano Ronaldo pour leur premier match amical. Menés rapidement 2-0, les Aigles de Carthage sont revenus au score grâce à Anice Badri (39e) puis à Fakhredine Ben Youssef (64e). Face à la Turquie, les Aigles n’ont pas fait mieux (2-2). Ils joueront leur dernier match de préparation le 9 juin prochain contre l’Espagne.