Les Pharaons d’Afrique marquent leur grand retour sur la scène du football mondial après une qualification tout en maître (ils terminent à la première place de leur groupe avec treize points au compteur) face au Ghana (habitué des deux derniers mondiaux), l’Ouganda et le Congo. Toutefois, en dépit d’une suprématie africaine (7 Coupes d’Afrique des Nations), cela faisait notamment 28 ans que ces cadors n’avaient pas goûté à l’ambiance de la compétition reine du football. Les coéquipiers de Mohamed Salah fêteront donc en Russie leur troisième participation à une Coupe du Monde après 1934 et 1990 avec l’objectif d’y remporter enfin un match, car à chacune de ces compétitions, l‘Égypte a été freinée au 1er tour. Installée dans le groupe A avec l’Uruguay, l’Arabie Saoudite, et le pays organisateur la Russie, l’Egypte depuis sa qualification à ce mondiale rêve d’une qualification pour les huitièmes de finale. Mais avec l’absence de son joueur clé Mohamed Salah (blessé samedi denier lors de la finale de la Ligue des Champions) pour ce qui concerne les deux premiers matchs, les Egyptiens ont peur que l’histoire ne se répète.
Vingt-huit (28) ans que l’Egypte attendait cela. Vingt-huit (28) années d’abstinence sur l’échiquier mondial. Une éternité pour les Pharaons dont l’hégémonie fut incontestée en Afrique entre 2006 et 2010 (triple vainqueur de la CAN). Une génération dorée emmenée à l’époque par un certain Mohamed Aboutrika, considéré jadis comme l’un des meilleurs joueurs africains. Après un règne sans partage, la sélection égyptienne a disparu des radars en manquant trois CAN consécutives (2012, 2013, 2015). Le printemps arabe et la tragédie de Port-Saïd notamment ont longtemps freiné le football égyptien dans son désir de reconquête.
Aujourd’hui, les Pharaons, qui vont jouer leur 3e phase finale de la Coupe du monde, sont logés dans le groupe A. Jamais l'Egypte n'a affronté les trois adversaires que le tirage au sort lui a donnés. Les hommes coachés par Hector Cuper devront affronter la Russie, pays organisateur qui espère aller loin devant son public. L'Egypte jouera aussi contre l'Arabie saoudite, elle aussi entraînée par un Argentin, Juan Antonio Pizzi. Dernier rival, et non des moindres : l'Uruguay, un adversaire coriace, emmené par les attaquants Luis Suarez et Edinson Cavani.
C’est sûrement l’une des interrogations côté égyptien lors de ce Mondial. Comment les Pharaons vont appréhender une compétition si importante qu’une Coupe du Monde ? Lors des dernières listes communiquées par Hector Cuper, seuls cinq joueurs jouaient dans l’un des cinq grands championnats européens. Tous en Premier League. Si Mohamed Salah est la figure de proue de cette colonie égyptienne en Angleterre composée de Ahmed Hegazi, Ali Gabr (West Bromwich), Mohamed Elneny (Arsenal) et Ramadan Sobhi (Stoke City), les autres joueurs égyptiens s’exportent très peu. Neuf évoluent au pays, cinq en Arabie Saoudite, d’autres au Portugal, en Grèce, en Finlande, en MLS ou en Championship. L’emblématique gardien égyptien Essam El-Hadary (45 ans, 156 sélections) qui gardera les buts suite au forfait d’Ahmed El-Shenawy (rupture des ligaments croisés), aura un rôle majeur à jouer à ce niveau.
Et ce n’est pas un secret de Polichinelle, la fondation du jeu des Pharaons, repose sur les épaules de leur joueur clé à savoir Mohamed Salah. Véritable superstar à Liverpool, Mohamed Salah bénéficie de ce même statut en Egypte. L’insaisissable buteur égyptien qui a inscrit 43 buts toutes compétitions confondues avec les Reds, marche sur l’eau cette saison. Élu joueur de l’année par ses pairs en Premier League, c’est lui qui a inscrit le doublé qui a permis à l’Egypte de valider son billet pour le Mondial. Aussi incontournable en sélection qu’en club, Salah portera les espoirs de tout un pays sur ses épaules. Indispensable aux yeux de Jurgen Klopp avec Liverpool, le Messi égyptien a été énormément sollicité cette saison, avec en point d’orgue, une finale de Ligue des champions face au Real Madrid. De sa fraîcheur physique dépendra également le parcours de l’Egypte en Russie.
Malheureusement, aujourd’hui, la participation au mondial 2018 de ce génie du ballon égyptien est en pointillé, car après un accrochage avec le défenseur espagnol du Real Madrid, lors de la finale de la Ligue des Champions, remportée samedi dernier par le Real Madrid sur Liverppol (3-1), Salah, blessé à l’épaule, a quitté le terrain après une demi-heure de jeu.
Cette blessure de l’attaquant, est donc un véritable coup dur, voire un drame national, car tous les espoirs des Égyptiens reposent sur lui pour la première Coupe du monde à laquelle les Pharaons après cette absence de vingt-huit (28) ans. En effet, sans lui, les chances de l’Égypte au Mondial sont « presque inexistantes » estime Karim Said, rédacteur en chef du site Yalla Kora, spécialisé dans le football. « L’attaque (de l’équipe) est basée essentiellement sur Salah », explique-t-il. « On a perdu un joueur important et l’Égypte a peut-être perdu un joueur important pour la Coupe du Monde », a aussi regretté l’entraîneur de Liverpool Jürgen Klopp, à l’issue de la finale.
Depuis cette blessure, la colère ne cesse de monter au sein des supporters des Pharaons, surtout après avoir appris que leur joueur vedette serait indisponible entre trois et quatre semaines. Ce qui signifie que pour le début de ce mondial, il sera toujours alité.
En clair, Mohamed Salah ne disputera pas le premier, voire le deuxième match de l’équipe d’Egypte en Coupe du monde 2018 qui aura lieu en Russie du 14 juin au 15 juillet 2018. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Ruben Pons, l’un des physiothérapeutes de Liverpool. L’attaquant de 25 ans devrait donc faire son retour entre le 16 et le 23 juin prochain, sachant que les Pharaons défieront les Uruguayens le 15 juin, les Russes le 19 juin et les Saoudiens le 25 juin.
En tout état de cause, la grogne des amoureux du ballon rond égyptien s’est tournée vers l’Espagne, la sélection du fautif Sergio Ramos, auteur de la blessure de l’attaquant égyptien.
Du côté des autorités égyptiennes, elles se veulent rassurantes, car étant conscientes que dans ce pays, toute source de colère peut être un élément déclencheur de manifestations populaires. « Mohamed Salah, si Dieu le veut, (sera) sur la liste finale de la sélection nationale pour la Coupe du monde qui sera annoncée le 4 juin », a ainsi rassuré sur Facebook Khaled Abdelaziz, le ministre égyptien de la Jeunesse et du Sport. Quant à la Fédération égyptienne de football, elle a fait part, dès samedi soir, de l’« optimisme » du médecin de la sélection nationale. La fédération, en contact avec Liverpool selon elle, évoque une « blessure aux ligaments de l’articulation de l’épaule ».
Quoi qu’il en soit sans Salah, les hommes coachés par Hector Cuper ont tout de même réussi le vendredi 1er juin 2018, à vaincre le signe indien en match de préparation, car les Cafeteros n'ont pu faire mieux qu’un match nul (0-0) contre les Pharaons, même si le jeu des Colombiens, quart de finaliste du dernier mondial au Brésil, était bien meilleur à celui des Egyptiens. Ce qui laisse présager que les pharaons s’ils ne tombent pas dans le fatalisme, peuvent utiliser leur handicap pour déjouer tous les pronostics.