Lors de son discours sur la situation nationale, le jeudi 12 avril 2018 à l’Assemblée nationale, Paul Kaba Thiéba avait déclaré qu’en 2019, l’on ne devrait plus parler de délestages électriques à Ouagadougou. Une déclaration qui a eu pour effet de susciter des chuchotements au sein des députés qui, visiblement, n’y croient pas, au regard de la situation d’antan. Qu’en est-il de la situation en 2019 ?
Le 12 avril 2018, le Premier Ministre annonçait la fin des délestages à Ouagadougou en 2019. «Il est possible de ne plus vivre les délestages à Ouagadougou en 2019», avait-il déclaré, prenant le ministre en charge de l’Energie à témoin en ces termes : «Ou bien ce n’est pas possible, Monsieur le ministre ?» Et Bachir Ismaël Ouédraogo d’acquiescer timidement. En janvier 2019, le constat est clair : les choses ne s’annoncent pas sous de bons auspices dans la mesure où les coupures intempestives ont fait leur retour dans le quotidien des Burkinabè.
Si certains, à l’instar de Mme Ouédraogo, agent de bureau, disent ne pas être frustrés, ce n’est pas l’avis de tous. « Personnellement, je comprends la situation. En ce moment la demande est très forte. La SONABEL à elle seule ne peut pas tout prendre en charge. La demande dépasse l’offre. Il faut l’intervention du solaire. Je me dis que l’Etat peut par exemple subventionner le solaire pour les ménages et laisser la SONABEL pour les entreprises », indique-t-elle.
À l’inverse de Mme Ouédraogo, Moussa Tankoano, enseignant, déplore cette situation. « Je pense que les propos du PM étaient utopiques, parce que quand on voit toutes les difficultés de la SONABEL à fournir l’électricité en période de grande consommation pendant la chaleur, on se dit que le problème ne peut pas être résolu du jour au lendemain. Je ne sais pas sur quoi il comptait en tenant de tels propos, d’autant plus que la provision énergétique dépend de l’extérieur, où on quémande presque les kWh ».
Un avis que soutient Inoussa Ouédraogo. En effet, selon lui l’Etat devrait plus travailler sur des solutions endogènes pour combler les besoins en énergie des Burkinabè. « Sinon c’est bien beau de dire qu’il n’y aura pas de délestages alors que l’on constate que des délestages ont commencé avant la période de soudure. Nous espérons donc, que cette année en venant devant l’Assemblée le PM aura des stratégies pour sortir le pays de cette dépendance énergétique afin que les années à venir, on puisse au moins, à défaut de les pallier, réduire les délestages au Burkina », souligne-t-il.
Le gouvernement vise en matière d’énergie électrique trois objectifs stratégiques dont le premier consiste à mettre fin au déficit énergétique du pays qui est de 50 MW ; en deuxième lieu, accroître la compétitivité de l’économie en réduisant le coût de kWh qui varie actuellement entre 125 et 130 FCFA et, enfin, accroître le taux d’accès à l’électricité de 20% actuellement, à 45% en 2020. Il y a lieu de fournir de grands efforts pour l’atteinte de ces objectifs.
Edwige Sanou