Comme l’a souligné l’écrivain brésilien Paulo Cohelo, « la liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir ». Cette assertion met aussi en lumière l’intérêt de l’engagement citoyen dans la gestion des affaires publiques. Cependant au Burkina Faso, il n’est pas rare d’entendre des personnes dire à qui veut l’entendre : « Moi, je ne veux pas de problème ; je suis dans mon coin. Les hommes politiques, les syndicalistes sont tous les mêmes, ils mangent ensemble ». Cette déclaration témoigne du manque d’engagement des populations dans le processus de choix éclairé des autorités et des grandes décisions politiques.
De nos jours, nombreux sont ceux qui se posent la question de savoir si leur engagement politique est véritablement utile dans la société démocratique où le peuple est censé détenir le pouvoir. Pour le Professeur Mahamadé Sawadogo, enseignant à l’université Ouaga 1 Professeur Joseph Ki-Zerbo, « l’engagement peut se définir comme un don de soi-même, une promesse formelle de matériel ou du temps envers quelqu’un ou une communauté de personnes. C’est une reconnaissance, une affirmation de valeurs auxquelles on croit. C’est participer de façon volontaire et active à la vie collective, que l’on pourrait aussi appeler bien commun ».
Selon l’universitaire, s’engager, c’est prendre part, s’inviter dans le débat et l’action publics. Tout engagement est de ce fait de nature politique. S’engager, c’est donner sa propre vie en respectant certaines valeurs. Le professeur estime que la participation individuelle à l’action collective permet de prendre conscience qu’on n’est pas seul et surtout qu’on est avec les autres et pour les autres.
Les spécialistes des questions politiques estiment par ailleurs que de nos jours, l’acte de vote, le fait de militer dans un parti politique ou encore d’être actif dans un mouvement syndical est la preuve d’un engagement. De l’avis de Bassolma Bazié, secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), « en tant que syndicalistes, nous sommes un contre-pouvoir et nous jouons notre rôle et invitons les autres acteurs et toute la population à jouer le leur pour l’amélioration des conditions de vie de tous ».
Quand on jette un regard sur la vie sociopolitique du Burkina Faso de l’indépendance à nos jours, il est assez courant de voir des manifestations de contestation de certaines décisions des autorités publiques. Le soulèvement populaire de janvier 1966 ainsi que l’insurrection populaire d'octobre de 2014 en sont la parfaite illustration. Pendant ces événements, il y a eu de grandes mobilisations qui ont conduit à la chute des régimes en place. Si l’on devait compter les manifestants de ces mouvements et les comparer au nombre de Burkinabè inscrits sur la liste électorale, il y aurait lieu de s’interroger. N’est-il pas préférable, pour les citoyens, d’exercer leur droit de vote pour choisir celui qui pourra répondre le mieux à leurs aspirations plutôt que de passer par cette forme d’engagement pour régler les problèmes sociopolitiques ?
A ce sujet, l’exemple congolais à travers l’engagement politique de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) en dit long. Car à notre avis, c’est grâce à cet engagement que la République démocratique du Congo (RDC), pour la première fois de son histoire, pourra expérimenter une alternance démocratique.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné