Les remous entre élèves sont de plus en plus émaillés de violences. S’il y a des établissements qui reçoivent les « visites musclées » des élèves, d’autres par contre sont épargnés à cause surtout du dispositif sécuritaire dont ils disposent.
Au Burkina Faso, l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert ZONGO (13 décembre 1998) et la mort de l’élève Flavien NEBIE (6 décembre 2000) sont entre autres, les raisons qui perturbent le déroulement normal des cours durant les mois de décembre. Chaque année, les élèves commémorent ces différentes dates en désertant les classes pour notamment réclamer la justice et la lumière autour de ces meurtres.
A Ouagadougou, plusieurs établissements pour empêcher leurs élèves de battre le pavé, continuent normalement les cours. Ce qui n’est pas du goût des élèves grévistes, qui font des visites inopinées et musclées aux écoles qui ne veulent pas fermer les classes.
Selon l’attachée de direction du Complexe Scolaire Bangré, Ecole des métiers, Glawdys Annie BATIENO, il n’y a pas d’avertissement au préalable. Ce sont les lapidations des toits et les coups de sifflet qui annoncent l’arrivée de leurs visiteurs. Sous le regard impuissant de l’administration de l’école, « ils rentrent avec leurs motos dans la cour et font des cascades ». BATIENO justifie la passivité des administrations face à ces intrusions par le fait que ces élèves sont parfois radicalement violents. Certains enseignants sont obligés de déplacer leurs véhicules de peur d’avoir des vitres brisées. « Ici, à l’Ecole des métiers, nos matériels coûtent chers mais lorsque les manifestants arrivent, nous ouvrons nos portails, de peur qu’ils soient plus violent et qu’ils les saccagent », explique Mme BATIENO. L’objectif des grévistes n’est pas de saccager mais d’inciter leurs camarades à leur emboiter le pas.
« Lorsque nos camarades d’autres établissements surgissent dans notre école, nous désertons nos salles pour revenir reprendre les cours dans l’après-midi », nous informe Saoudatou KONSOMBO, élève en classe de terminale G1 à l’Ecole des métiers,.
Ces violences se soldent parfois par des pertes en vie humaine. En effet, en 2013, au Groupe Scolaire Saint Viateur, Romain Joël OUEDRAOGO, élève en classe de quatrième, a succombé à ses blessures suite à des manifestations violentes d’élèves venus d’autres établissements.
« L’année passée surtout, les manifestations ont pris une autre forme, car les élèves sont venus avec des visages cagoulés », a-t-il précisé le directeur général du Groupe Scolaire Saint Viateur, Jocelyn DUBEAU. Cette situation a obligé l’association des parents d’élèves à faire appel à la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) afin de sécuriser l’établissement.
La cour du Groupe Scolaire Saint Viateur
De tous les remue-ménages enregistrés, il faut noter que certains établissements ne sont pas touchés parce qu’il existe des dispositifs sécuritaires qui ne favorisent pas de tels désordres. A titre d’exemple, nous pouvons citer le Collège Horizon International et le Lycée Saint-Exupéry.
Faut-il alors sécuriser les établissements publics comme le préconisent certains parents d’élèves pour permettre aux scolaires désireux de suivre les cours d’étudier en toute quiétude ?
Cryspin LAOUNDIKI