Université Ouaga I Pr Joseph Ki ZERBO, ce temple du savoir a été transformé en ring de boxe et de karaté par les étudiants en décembre dernier. Aujourd’hui, un calme relatif y règne avec pour corollaires un décalage de calendrier. Après la course poursuite, place à la course au programme.
Le 6 décembre 2017, le campus de Zogona ressemblait à un véritable champ de tournage d’un film avec un scénario digne d’une grosse production hollywoodienne. Munis pour certains de bâtons, les autres comptant sur l’adresse de leur coup de poing et pour les plus sages sur l’agilité de leurs jambes, les locataires du temple du savoir s’étaient mués en maître de temple shaoling. Inès Laeticia OUEDRAOGO, étudiante en septième année de médecine, regrette les escarmouches entre étudiants. La perturbation des cours ainsi que les stages des internes dans les hôpitaux lui laisse un goût amer. « Cela a occasionné des reports des contrôles et des examens », affirme-t-elle.
« C’était notre période de composition et tout a été bouleversé. C’est finalement ce mois-ci que nous avons pu composer », précise Abdoul Aziz ILBOUDO, étudiant en troisième année de médecine.
La Compagnie républicaine de sécurité (CRS) est présente à l’entrée Sud de l’université communément appelée « entrée SEG » et à l’entrée Ouest vers la présidence. D’aucuns pensent que cette présence vise à maintenir l’ordre et d’autres estiment que c’est pour empêcher le commerce anarchique.
Une vue de la CRS postée à « l'entrée SEG »
De l’avis de Bintou KABORE, étudiante en 2ème année d’économie, les violences entre étudiants sont lourdes de conséquences. « Notre programme a pris un coup. Les devoirs prévus se tenir en décembre, ont été reportés pour au mois de février », a-t-elle déploré.
A notre passage à l’Université, l’ambiance était normale. En plus des mouvements d’engins, on pouvait voir des étudiants qui sont assis à l’ombre des arbres en train de réviser en groupe ou individuellement. D’autres par contre se tournaient les pouces.
Pour rattraper le temps perdu, certains professeurs occupent les salles libres et de connivence avec les étudiants, mettent tout en œuvre pour relativement boucler les programmes. C’est une gymnastique entre le temps et l’espace qui nécessite une disponibilité intellectuelle incommensurable.
Cryspin LAOUNDIKI