Le Burkina Faso commémore l’an deux des attaques terroristes survenues le 15 janvier 2016 à l’hôtel Splendid et aux restaurants Cappuccino et Taxi Brousse. Deux ans plus tard, Radars Info Burkina est reparti sur l’avenue Kwame N’krumah, théâtre de ces événements, pour recueillir les avis des commerçants sur l’état de leurs activités.
Au moment où nous nous entretenons avec les commerçants de cette zone, nous avons aperçu le personnel du restaurant Cappuccino, déposant des gerbes de fleurs sur le mémorial des disparus du 15 janvier 2016. Toujours sous le choc, cette délégation n’a pas voulu répondre à nos questions.
En ce qui concerne les avis des commerçants, unanimemement, ils ont déploré la faible relance économique sur cette avenue, suite aux attaques terroristes. Les commerçants ont également dénoncé le silence et l’indifférence du gouvernement face à leur situation économique.
Youssouf Nikiema : vendeur d’objets d’art
Depuis la nuit du 15 janvier 2016 , il n’y a plus d’activité. Nous n’avons plus de clients en comparaison aux années qui ont précédées les attaques. Nous travaillons beaucoup plus avec les touristes, les étrangers mais depuis les événements de 2016, nos clients ont peur. Ils ne fréquentent donc plus l’avenue Kwame N’kurumah. Compte tenu de cela, nous n’arrivons plus à écouler nos articles. Avant les attaques du 15 janvier 2016, nous pouvons avoir entre cent milles (100) et cent vingt-cinq (125) milles francs CFA par semaine. A présent, si nous arrivons à avoir vingt (20) milles francs CFA dans la semaine, c'est qu’on a beaucoup vendu.
Yampa Adama : tablier
Cela fait deux ans que les attaques ont eu lieu ici. Au niveau de la sécurité, il y a eu de changement mais pour nos ventes, ça ne va pas. Il n’y a aucune mesure pour nous accompagner. Les activités étaient sur le point d'être relancées mais l’attaque du restaurant Aziz Instabul nous a ralenti. A présent, nous n’avons pas vu les autorités pour s’enquérir des réalités que nous vivons. Avant l’attaque, je pouvais avoir vingt (20) à trente (30) milles par jour mais au moment où je vous parle, je n’ai que trois milles (3 000) francs en poche. Nous demandons l’aide à tous ceux qui peuvent, en plus du gouvernement, de nous soutenir à relancer les activités sur Kwame N’krumah.
Moumouni Ouédraogo : gérant d’une agence de location des voitures
Nous remarquons en ce moment un changement. Les affaires ont beaucoup chuté. On vit toujours dans ce calvaire. Ce qui est marrant dans tout ça et qui me fait mal, c'est que l’Etat ne vienne pas nous encourager. Il y a eu des étrangers qui étaient venus nous aider financièrement mais on ignore là où l’argent est parti. On ne demande pas beaucoup mais au moins un petit dédommagement.
Arnaud Kaboré : tablier
Actuellement, c’est difficile pour nous, car les affaires ne sont plus fructueuses. Les gens ont peur de venir ici. Toutes mes marchandises ont été incendiées. Je travaille 24h/24. Dans le passé, je pouvais faire un chiffre d’affaire autour de soixante milles (60 000) francs CFA par jour mais en ce moment, pour atteindre les vingt-cinq (25) milles francs, c’est difficile. Dans la journée, les gens passent ici et achètent nos marchandises mais les nuits, ils ont peur.
Propos recueillis par Cryspin LAOUNDIKI