Accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, de meurtres, de coups et blessures volontaires et de dégradation aggravée de bien dans le cadre du procès du putsch de septembre 2015, le sergent-chef Lahoko Mohamed comparait depuis ce vendredi 29 juin 2018 à la barre. Et il ne reconnait pas les faits qui lui sont reprochés. Il dit n’avoir exécuté que les ordres de sa hiérarchie.
La discipline et le respect de la hiérarchie sont les principaux éléments caractérisant tous militaires. C’est à la lumière de cela que lors du putsch de septembre 2015, le sergent-chef Lahoko Mohamed ZERBO dit avoir exécuté les ordres de sa hiérarchie, notamment du major BADIEL. Ses missions selon lui étaient celle d’observer, d’escorter et de maintenir l’ordre public.
Selon son récit à la barre, sa mission d’observation s’est déroulée le 16 septembre 2015 et concernait essentiellement le côté Ouest de la présidence. Toutefois, même si de cette mission, il n’a fait aucun constat particulier, il dit n’avoir été informé de l’arrestation des autorités de la Transition et de quelques ministres, que le lendemain, soit le 17 septembre et ce, d’abord à travers les ondes et ensuite au carré d’armes par le commandant PORGO.
En outre, selon ses dires, sa mission de maintien de l’ordre public a essentiellement eu lieu à partir de la journée du 17 septembre. « Le 17, il y a eu un rassemblement général où les missions ont été reparties… j’avais pour mission le maintient de l’ordre avec mon équipe. Je n’ai pas participé à une patrouille en que tel. Le premier point où j’ai été c’était au niveau du SIAO où un de nos éléments était encerclé. Le 2e point était au niveau de l’hôtel Libya où y avait des manifestants, mais mon équipe a pris du temps pour intervenir, donc arrivé tout était déjà sous contrôle. Ma troisième mission de maintient de l’ordre était de venir en renfort à une équipe à Boulmiougou, mais nous n’y sommes pas arrivés à cause des barricades », a-t-il expliqué.
Quant à son implication dans l’incendie du studio ABAZON de l’artiste musicien Smockey, par ailleurs membre du balai citoyen, chef ZERBO dit avoir été sur les lieux, mais c’est après son départ qu’il a su que le studio avait été incendié. Une information qu’il dit avoir reçu du chef Ali SANOU. Mieux, il dit n’avoir su qu’il se rendait au studio de l’artiste qu’une fois sur place. « C’est en partance pour ravitailler notre véhicule qu’on nous a dit que des éléments du RSP (qui auparavant avait été emprisonné pour avoir voulu assassiné le général DIENDERE) faisaient des choses contraires aux missions qui étaient données (terroriser notamment la population). C’est donc de précision en précision que mon équipe s’est retrouvée dans un 6m au niveau du SIAO, mais je ne savais pas que c’était le studio de Smockey. Il y avait déjà un projectile (long feu) qui avait déjà été lancé à l’intérieur de la bâtisse. Nous avons dégagé la population ruée autour et nous avons attendu au moins 10 minutes pour nous rassurer que ce n’était pas un projectile incendiaire. Et comme ça n’a pas explosé, nous sommes partis. C’est après cela que j’ai su que le studio a été incendié », a-t-il relaté. Des explications qui n’ont pas convaincues tant le procureur militaire que les avocats de la partie civile, car elles ne corroboraient pas avec ce que le prévenu avait dit lors de l’instruction et mentionné dans le procès verbal à la côte d’information i498, que lui-même a signé.
Toutefois, malgré les déclarations de ses frères d’armes lors de l’instruction, chef ZERBO nie s’être rendu chez Safiatou LOPEZ et chez le feu Salifou DIALLO. Aussi, même s’il reconnait être allé aux environs du domicile de Simon COMPAORE, il ne reconnait pas les accusations faites en son encontre, pour notamment avoir lancé des rafales sur le domicile de cette personnalité.
Quant à la mission d’escorte, chef ZERBO dit qu’au début l’ordre était d’escorter un véhicule jusqu’à Goudri. Pour ce faire même s’il a été à Zorgho, il ne reconnait pas avoir incendié la radio Lafi de la localité. « J’ai été à Zorgho, mais pas dans un studio Lafi. C’était pour une mission d’escorte sur Goudri. Laquelle information que j’ai reçu du chef Ali », a-t-il martelé.
Il faut noter que tout comme les accusations d’atteinte à la sûreté de l’Etat, celles de meurtre et de coups et blessures volontaires n’ont pas été reconnues par celui qui est le premier des 83 prévenus à passer à la casserole. « Je n’ai jamais été auditionné pour un quelconque meurtre ni devant le juge d’instruction, ni à la chambre de contrôle », a-t-il noté.
Des explications de ce jour du prévenu, le parquet retient que celui-ci n’a pas tout à fait dans l’exercice de ses fonctions militaires, cerné le sens et le bien fondé du mot ordre. Le parquet estime qu’il est du ressort du subalterne de savoir la nature de sa mission avant de l’exécuter et de se rassurer de sa légalité. Lequel avis n’est pas du tout partagé par chef ZERBO. « Je n’ai pas reçu une formation où je peux demander à un chef militaire la légalité de l’ordre donné », a-t-il insisté.
L’audience a été suspendue aux environs de 13h30mn. Elle reprendra le lundi 02 juillet 2018 avec la poursuite de l’interrogatoire du sergent-chef Lahoko Mohamed ZERBO.
Candys Solange PILABRE/ YARO