dimanche 24 novembre 2024

Procès du putsch de septembre 2015 : Enfin, le grand déballage tant attendu a commencé

008Annoncé à maintes reprises par le président du tribunal militaire, c’est finalement dans l’après-midi de ce vendredi 29 juin 2018 que l’interrogatoire des accusés dans le cadre du procès du putsch de septembre 2015 a commencé. Et le premier à être appelé à la barre est l’adjudant-chef Laoko Mohamed ZERBO. Il est notamment poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et détérioration de biens de publics. A toutes ces accusations, ZERBO, se porte en faux.

 

Les débats de fond, nombreux sont les Burkinabè qui n’y croyaient plus au regard des tractations de forme qui se menaient depuis le 27 février, début du procès de l’affaire dite Gilbert DIENDERE contre 83 autres. Mais, dans l’après-midi de ce vendredi 29 juin 2018, on peut dire qu’un pas de géant a été faite dans le fil de ce procès. En effet, après plusieurs mois de tractations sur les vices de procédure, le premier accusé est enfin passé à la barre. Il s’agit de l’adjudant-chef Laoko Mohamed ZERBO. Il est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et détérioration de biens de publics.

Mais, l’adjudant-chef ne reconnait pas ces faits qui lui sont reprochés.  En effet, à la barre, il ne se reconnait pas dans certains propos consignés dans le procès verbal lors de l’instruction. Il affirme d’ailleurs signé ce procès verbal sans pour autant reconnaître ce qui était écrit, car il voyait plus le juge d’instruction comme un chef militaire et non comme un juge.

08Toutefois, il affirme avoir été appelé par le sergent-chef KOUSOUBE a effectué une mission, sans savoir exactement de quoi il s’agissait.  « Ma mission était de conduire le véhicule V6 dans lequel se trouvait le sergent Ollo PODA au côté Ouest du palais présidentiel, d’y stationner et d’observer… De mon observation, je n’ai vu que de la verdure, des fleurs et des arbres…Je ne voyais pas ce qui se passait de l’autre côté à l’entrée de la présidence… C’est le lendemain dans les ondes que j’ai su que des éléments avaient fait irruption au Conseil des ministres et arrêté le président de la transition, le premier ministre et deux autres ministres… Après ma mission d’observation, instruction nous a été faite d’effectuer une autre mission d’observation au niveau de la radio Savane FM… il y avait dans le véhicule que je conduisais en plus du sergent PODA, deux autres personnes… du retour de cette mission, du côté de BF1, nous avons vu qu’il y avait des barricades et nous les avons déplacé pour passer…Arrivé j’ai fait le point au major Eloi BADIEL… », a-t-il entre autre expliqué.

Des explications qui ne satisfait pas le parquet militaire qui note qu’elles ne concordent pas avec les déclarations de l’accusé lors de l’instruction et qui se trouvent dans la côte i498 et i488. Mais ZERBO tient mordicus à ces déclarations faites ce soir à la barre. Et pour son avocat Me Idrissa BADINI, à cause du caractère oral du procès, le tribunal doit se cantonner à ce qui se dit à la barre et non sur ce qui est écrit dans le procès verbal de l’instruction.

Il faut noter que le grand oral auquel s’est prêté ce soir l’adjudant-chef ZERBO ce soir n’a porté que sur les évènements qui se sont déroulés dans le palais le 16 septembre 2016 dans l’après-midi ainsi que sur une partie des évènements passés hors du palais (de la radio Savane FM au palais) dans la soirée de la même date. L’interrogatoire se poursuivra demain samedi.

public audienceToutefois, pour en arriver à ce début du grand déballage, le fil du procès a été maintes fois interrompu par moult reports. D’ailleurs, aujourd’hui, il en a fallu de peu que le débat de fond n’ait pas eu lieu. En effet, le début de l’audience  a vu l’examen de trois mémoires. Les deux premiers remettaient en cause l’incompétence du tribunal à siéger à ce procès, puisque selon ME BONKOUNGOU, la première chambre n’a pas été explicitement saisie dans l’arrêt de renvoi qui fait cas de la chambre de jugement. Le troisième mémoire émanant de Me Solange ZEBA et de Me SEMPEBRE était aux fins de nullité des citations des accusés Paul SAWADOGO et Lacina OUEDRAOGO et par conséquent de nullité des poursuites. Après suspension, le tribunal a déclaré les deux premiers irrecevables, le troisième lui, a été déclaré recevable dans la forme et rejeté dans le fond.

Mais cette stratégie déboutée n’était pas la dernière carte de la défense pour récuser la juridiction et ses membres qui siègent. En effet, Me BONKOUNGOU a demandé au tribunal de surseoir à statuer, car il avait saisi la cour de justice de la CDEAO pour que celle-ci constate que dans ce procès les droits de la défense n’étaient pas respectés. C’est donc en attente de la décision de cette cour que Me BONKOUNGOU demandait au tribunal de surseoir à statuer. Cette demande a aussi été déboutée.

Autre rebondissement majeur à ce 13e jour de procès, c’est la requête conjointe des avocats de la défense et de la partie civile demandant au tribunal de permettre aux journalistes de pouvoir prendre des images et du son, eu égard du fait que le service de communication de la gendarmerie enregistrait pendant l’audience. Mais pour le président du tribunal, la présence de la caméra répondait à un besoin d’archivage eu égard de l’intérêt national du procès.

Toutefois, comme cela était en porte à faux avec les dispositions de l’article 43 du code de justice militaire, le tribunal par ordonnance a rejeté la demande des deux partie. Cette décision s’étendait aussi au service de communication de la gendarmerie qui était contraint d’arrêter tout en registrement.

 

Candys Solange PILABRE/ YARO

Comments (0)

There are no comments posted here yet

Leave your comments

  1. Posting comment as a guest.
Attachments (0 / 3)
Share Your Location
  1. Les Plus Récents
  2. Les Plus Populaires
  1. Articles vedettes