Renvoyé le 25 mai dernier afin de permettre aux avocats commis d’office par arrêté N°004 du 14 mai 2018 par le bâtonnier de prendre connaissance du dossier, le procès dit de l’affaire Gilbert DIENDERE et 83 autres a repris dans la matinée de ce mardi 12 juin 2018. Et si tous s’attendait enfin au début du grand déballage comme l’avait annoncé le président du tribunal Seydou OUEDRAOGO, il n’en fut rien, car les avocats de la défense s’y ont opposé au motif que deux accusés se retrouvaient à nouveau sans conseil à cette audience.
Le chapitre des déports continuent de diviser les avocats de la défense d’une part et le parquet militaire et les avocats de la partie civile d’autre part dans le procès du putsch de septembre 2015. Si tous croyait qu’une nouvelle page s’ouvrait ce mardi matin avec l’interrogatoire des accusés, les uns et les autres ont commencé à désenchanter avec le « ping pong » d’arguments juridiques que se livrait tant la défense, la partie civile et le parquet sur le renvoi ou non de l'audience. En effet, tout être parti de deux lettres adressées au président du tribunal. La première étant une lettre émanant du bâtonnier et qui décharge Me GUITENGA et Me Mamadou de la commission d’office auprès respectivement des accusés Nobila SAWADOGO, Relwendé COMPAORE et Gilbert DIENDERE qui souhaite se faire accompagnés par leurs conseils déportés. La deuxième étant une lettre de déport de Me KIENTAREMBOUMBOU au côté de l’accusé Me Mamadou TRAORE.
Avec ces deux lettres, deux accusés à savoir Relwendé COMPAORE qui nie avoir refusé sa commission d’office et le bâtonnier Mamadou TRAORE, se retrouvaient sans avocats ; les anciens conseils du général, Gilbert DIENDERE et de Nobila SAWADOGO s’étant constitués à nouveau auprès d’eux. Il s’agit de la SPA LEX AMA pour le général DIENDERE et de Me Flore TOE pour Nobila SAWADOGO.
Ceci étant, le président a noté que diligence sera faite conformément aux dispositions en la matière pour la commission d’avocats pour les deux accusés sans conseil, sans que cela ne puisse interrompre le cours de l’audience. Ce que les avocats de la défense ont jugé inacceptable, car cela violerait la loi et remettrait en cause les droits des accusés et les préalables pour une justice équitable et impartiale. « Le procès ne peut continuer sans la présence d’un avocat aux côté de ceux qui n’en ont pas », a martelé Me BONKOUNGOU, pour qui ce principe est un minimum légal.
Mais pour le parquet militaire, les auditions peuvent bel et bien avoir lieu au cours de cette audience si ce n’est pas au tour des accusés sans conseil de passer à la barre, car les dispositions de la loi ne disent pas qu’il faut impérativement renvoyer l’audience dans ce cas de figure.
Idem pour les avocats de la partie civile qui estiment que dans ce procès les avocats de la défense font de l’abus du droit car les accusés utilisent abusivement l’assistance et les déports comme une stratégie. « Il ne faut pas utiliser la loi pour tuer le droit », a demandé Me Guy Hervé KAM à ses pairs de la défense qui estime que la partie civile ainsi que l’ensemble du tribunal a trop supporter « les caprices de la défense » et il faut que maintenant force reste à la loi. Toute chose qui fait croire à Me FARAMA que « ce n’est plus la justice qui est entrain de faire, mais un cirque judiciaire », car la défense a « pris en otage ce procès ».
C’est dans cette guéguerre de points de vue sur le renvoi ou non de l’audience que le président du tribunal a décidé de suspendre la séance de ce jour.il doit rendre son délibéré sur la question le jeudi 14 juin à 11h. Maintenant à quant le début du grand déballage ? Bien malin qui pourra le dire à l’heure actuelle, car une chose est certaine : pour la défense de leurs clients, les avocats qu’ils soient de la défense ou de la partie civile n’ont pas fini de jouer leur dernière carte dans ce procès marathon qui n’est qu’à ses débuts.
Candys Solange PILABRE/ YARO