dimanche 24 novembre 2024

Grogne au MIFIED : « … A chaque fois qu’elle fait tomber un élément, cela nous ragaillardi et augmente notre détermination à poursuivre la lutte… », Mohamed SAWADOGO

Rosine synHier, Radars Info Burkina vous proposait une partie de l’interview qu’il a réalisée avec le secrétaire général du Syndicat national des agents du ministère de l’économie, des finances et du développement (SYNAFIED), Mohamed SAWADOGO, quelques heures après le point de presse du 05 juin 2018, animé par le gouvernement, portant essentiellement sur la recrudescence des mouvements d’humeur, notamment celui de la coordination des syndicats du ministère de l’économie, des finances et du développement et la conférence sur les conditions de rémunération des agents de l’Etat. Aujourd’hui, nous vous proposons la dernière partie de l’interview, consacrée aux éventuelles conséquences de la grève de la coordination sur les grévistes et les perspectives pour une sortie de crise. Lisez plutôt !

 

RIB : N’avez-vous pas peur des représailles ? Au dernier Conseil des ministres, des têtes ont commencé à tomber

MS : Si elle veut, jusqu’au poste de conseiller technique, elle peut défaire les agents de leur fonction, cela ne porte pas un coup dur à notre lutte. Bien au contraire, à chaque fois qu’elle fait tomber un élément, cela nous ragaillardi et augmente notre détermination à poursuivre la lutte. Le gouvernement lui-même n’est pas conséquent. Avant il avait dit que la grève était suivi à 39%. Aujourd’hui, il dit que la situation est très préoccupante, car il n’y a pas de recettes. Ce qui fait que les autres mois, ce n’est pas évident que les fonctionnaires auront leur salaire. C’est pourquoi, il est impératif que le président du Faso, prenne à bras le corps ce problème afin d’y trouver une solution définitive afin que l’on puisse travailler ensemble pour que jamais, il ne puisse manquer ne serait-ce que 5 francs pour honorer les salaires. De toute façon s’il y a un mois où il n’y a pas de salaire, ce n’est pas le syndicat qui doit en répondre, mais le gouvernement qui sera par ailleurs pris pour responsable.

20180605 122317

                                                         Mohamed SAWADOGO, secrétaire général du Syndicat national des agents du ministère de l’économie, des finances et du développement (SYNAFIED)

 

RIB : Toutefois, le gouvernement depuis un certain temps parle d’un problème de soutenabilité du pays, car plus de 50% des recettes du pays, sont absorbées par les salaires. Vous qui êtes des finances, est ce que vous reconnaissez cela ?

MS : Je ne sais pas c’est à quelle fin l’argument de la soutenabilité est tout le temps brandi par le gouvernement. Par exemple, si l’on prend des pays comme le Maroc, en termes de masse salariale, elle est à près de 60%, mais le pays n’en n’est pas mort. Ici, il faut tout de même savoir qu’il y a du tripatouillage dans les chiffres. Au-delà de cela, ce sont les travailleurs qui emmènent la croissance et si les travailleurs ne sont pas dans de bonnes conditions de vie et de travail, il est clair que l’économie va prendre un coup. Actuellement l’économie est morose, car il n’ya pas d’effort qui est fait. La question de la soutenabilité de la masse salariale, est tout simplement un faux problème. A ce niveau, il y a un ratio avec un numérateur et un dénominateur. Il faut agir sur le numérateur qui sont les recettes fiscales. Il y a beaucoup d’entreprises qui doivent à l’Etat. Les restes à recouvrer sont de l’ordre de 300 à 400 milliards. Il faut aussi une gouvernance vertueuse des mines. Au niveau des yaars et marché, le fisc a du mal à y avoir accès pour prendre les impôts, car le politique ne veut pas souvent qu’on applique certains impôts à son protégé. En d’autres termes si le politique arrête de s’immiscer dans les questions fiscales et financières, vous allez qu’au lieu d’avoir un budget de deux mille milliards, on en aura à l’ordre trois mille milliards. Ce qui va permettre d’agir sur le dénominateur. C’est parce que le gouvernement n’a pas la vision nécessaire qu’on nous parle de soutenabilité.

 

20180605 122406RIB : la grève de la coordination des syndicats du ministère de l’économie, des finances et du développement paralyse beaucoup la vie économique du pays. Ce qui fait que madame le ministre n’est pas certaines que les caisses de l’Etat pourront encore supporter pendant longtemps la masse salariale, si la situation reste telle. N’avez-vous pas peur que les autres fonctionnaires se mettent à dos contre vous ?

MS : Les autres fonctionnaires doivent même nous accompagner dans notre lutte. Si les mois à venir, il  n’y a pas de salaire, la responsabilité entière de cette situation va incomber au gouvernement. Le syndicat fait des revendications pour améliorer ses conditions de vie et de travail. Les sept points qui se trouvent dans notre plateforme, des questions de check off, jusqu’à celle du bâtiment, c’est uniquement pour l’amélioration. Sans cette amélioration on ne peut pas atteindre les objectifs de recouvrement fixés. Cela veut dire que s’il n’y a pas de salaire les mois à venir, c’est le gouvernement que tous les fonctionnaires doivent attaquer, et non la coordination, d’autant plus que ce n’est pas elle qui donne les salaires.

 

RIB : Actuellement, il y a des négociations avec le médiateur du Faso. Qu’en est-il exactement ?

MS : Les négociations se poursuivent avec madame le médiateur du Faso. On a eu au moins deux rencontres avec elle et on attend de voir. Comme tout est paralysé, c’est devenu un problème national, elle a dit qu’elle va vraiment s’immiscer pour une véritable sortie de crise. Nous ne sommes pas contents de voir que tout est paralysé, mais à l’impossible, nul n’est tenu. On espère seulement que le médiateur puisse faire un grand pas afin qu’on puisse s’asseoir sur la même table pour élaguer les différents points de revendication.

 

20180605 122256RIB : Au regard des premières rencontres que vous avez eu avec le médiateur, est ce que vous êtes optimistes pour une sortie de crise ?

MS : Le médiateur est une force qui met tout le monde sur la même table. Mais elle ne peut pas apporter de satisfaction à notre plateforme revendicative. Tout ce qu’elle peut faire, c’est ramener le gouvernement à la table des discussions. Le gouvernement raconte qu’il est ouvert au dialogue, pourtant ce n’est pas le cas. Comme il a les médias avec lui, il raconte que c’est le syndicat qui ne veut pas dialoguer. Est-ce que le syndicat peut se lever comme cela « yada yada » pour aller rencontrer le premier ministre  pour discuter avec lui ? Jamais. C’est au gouvernement d’appeler les gens sur la table des négociations, sans cela, nous ne pouvons pas discuter. Actuellement, madame le ministre dit qu’elle ne veut même pas nous voir. Notre dernière rencontre avec elle remonte au mois de janvier 2018, car elle refuse de nous voir.

 

RIB : Pourtant, elle affirme n’avoir jamais rompu le dialogue avec le syndicat, car les négociations continuent

MS : Madame le ministre sur ce point n’a pas dit toute la vérité. C’est tout cela qui fait qu’avec elle, on n’arrive pas avancer dans les discussions. La dernière rencontre que le syndicat a eu avec elle remonte au 29 janvier 2018. Elle ne fait que voyager en laissant son ministère dans les problèmes. En tant que première responsable du ministère, elle ne peut même pas s’assoir pour discuter avec le syndicat. Normalement, personne d’autre si ce n’est elle, ne devait discuter avec le syndicat. C’est parce qu’il n’y a pas de dialogue au niveau du ministère que tous les syndicats du ministère se sont retrouvés en même temps dans la rue en train de revendiquer pour la même cause. Ce qu’on n’a jamais vu. Cela veut dire que c’est elle qui est dans le faux. Actuellement, elle n’a même pas un staff avec qui elle peut discuter de la question, elle a rejeté toutes les propositions de sortie de crise et ne suit que son égo. A cause d’une seule personne, on ne peut quand même pas mettre en déroute l’économie d’un pays.

 

RIB : Est-ce à dire que votre syndicat demande la tête de madame le ministre ?

MS : Ce n’est pas nous qui l’avons emmené à ce gouvernement. Quand elle va dans la salle de conférence du ministère, il y a au moins une vingtaine de photos d’anciens ministres qui sont accrochés au mur. C’est pour dire que tôt ou tard, elle est emmenée à partir. Nous n’avons pas dit que nous voulons le départ de quelqu’un, nous demandons uniquement la satisfaction de nos points de revendication. On n’a pas besoin de la tête de quelqu’un pour faire notre travail. Si aujourd’hui, on se lève pour demander son départ, c’est lui accorder trop d’importance et nous n’allons pas le faire.

 

Propos recueillis par Candys Solange PILABRE/ YARO

Comments (0)

There are no comments posted here yet

Leave your comments

  1. Posting comment as a guest.
Attachments (0 / 3)
Share Your Location
  1. Les Plus Récents
  2. Les Plus Populaires
  1. Articles vedettes