jeudi 21 novembre 2024

Annulation de l’extradition de François Compaoré :  Les chances de le voir comparaître sont minces sauf s’il le fait volontairement, selon Me Prosper FARAMA

françoisextrad uneLa France a annulé, le 13 décembre 2023, le décret ministériel de 2020 qui autorisait l’extradition de François Compaoré, frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré, vers le Burkina Faso où il est mis en cause dans le dossier Norbert Zongo et ses compagnons, assassinés le 13 décembre 1998. Suite à cette révocation, une équipe de Radars Info Burkina a rencontré un conseil de la famille Zongo en la personne de Me Prosper FARAMA. Interview

 

Radars Info Burkina : En tant que conseil de la Famille Zongo, comment accueillez-vous cette nouvelle ?

Me Prosper FARAMA : Avec beaucoup de déception, c’est sûr. Mais pas trop surpris, parce qu’au regard de l’évolution du dossier au niveau de la Cour européenne des droits de l’Homme, surtout l’évolution des relations politico-diplomatiques entre le Burkina et la France, il faut dire que plus ou moins, on avait craint cette issue. Même si nous avions espéré que la France userait de son droit de recours afin de saisir la grande chambre pour un recours contre la décision ; malheureusement, ce ne fut pas le cas. Ce que la famille Zongo espérait, ce que nous espérions, ce que je pense que la plupart des Burkinabè espéraient, c’est un procès contradictoire dans lequel toutes les parties sont entendues, où toutes les versions sont connues et où chacun puisse se faire enfin une idée définitive de ce qui a pu se passer ce malheureux 13 décembre en 98.

Radars Info Burkina : Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette décision, d'après vous ?

Me Prosper FARAMA : Déjà d’un point de vue juridique, c’est la suite logique de la décision rendue par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). En matière de recours au niveau de la CEDH, lorsque la Cour rend une décision, les États qui sont partis à la charte de la Cour sont obligés de s’y conformer alors que la Cour dit qu’elle annule l’extradition de François Compaoré vers le Burkina. Donc en toute logique, sur le plan de la légalité pure, si la France veut se conformer à cette légalité, elle a le droit d’annuler l’extradition.

françoisextrad2Radars Info Burkina : Y a-t-il encore une chance de voir François Compaoré comparaître à la barre pour répondre des faits qui lui sont reprochés ?

Me Prosper FARAMA : Pour être honnête, je suis très sceptique quant à cette éventualité. À mon avis, il faut être réaliste et voir les choses en face. Les chances de voir aujourd’hui François Compaoré comparaître sont minces sur le plan d’une extradition, sauf s’il le fait volontairement. Franchement je n’y crois plus trop, mais qui sait ? Peut-être une surprise agréable peut toujours intervenir.

 Radars Info Burkina: L’Etat burkinabè peut-il entamer de nouvelles démarches pour demander à la France d’extrader François Compaoré ?

Me Prosper FARAMA : Ce n’est pas une question d’entamer des démarches. C’est l’État français qui se trouve aujourd’hui devant la décision de la Cour européenne des droits de l’Homme, obligé de la respecter et qui ne peut pas extrader. Mais d’autres États qui n’ont pas été condamnés par la CEDH peuvent bien extrader François Compaoré. Donc théoriquement on peut imaginer que François Compaoré soit interpellé s’il est en déplacement dans un autre pays par ledit pays, en exécution du mandat d’arrêt international, et extradé. Mais je ne pense pas qu’il offrira cette opportunité d’être extradé.

Radars Info Burkina : Le décret d’abrogation de l’extradition de François Compaoré a été signé par la Première ministre française le 13 décembre, date à laquelle Norbert Zongo et ses compagnons ont été assassinés, qu’est-ce que cela pourrait signifier pour vous ?

Me Prosper FARAMA : Pour nous, c’est vraiment une symbolique très amère que ce soit le jour de la commémoration de cet ignoble assassinat que ce décret est signé pour confirmer la non-extradition de François Compaoré. C’est désolant pour nous. Peut-être que ça signifie pour l’État français que désormais cette affaire est définitivement close.

Radars Info Burkina : Quel est le ressenti de la famille Zongo ?

Me Prosper FARAMA : En tant que parent, j’imagine ce qu’on peut ressentir dans une telle situation. J’imagine qu’elle est dévastée par une telle décision !

Propos recueillis par Flora SANOU

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