Le gouvernement burkinabè a décidé, le 18 octobre 2023, de limiter le nombre de cartes SIM à 2 par abonné et par réseau dans l’optique de lutter contre le terrorisme et l'insécurité. Par ailleurs, désormais la vente desdites cartes se fera uniquement dans les agences et les points de vente agréés. Suite à cette décision gouvernementale, une équipe de Radars Burkina est allée à la rencontre des vendeurs ambulants de cartes SIM au marché Zaabr-daaga de Ouagadougou, ce lundi 23 octobre 2023. Reportage
Certains munis de cartes SIM, d’autres de téléphones portables, ils sont nombreux ces vendeurs ambulants qui sont aux alentours du marché Zabr-daaga de Ouagadougou, sis à Koulouba, pour proposer leurs services (renseignements, achat de nouvelles cartes SIM, retrait de puces perdues, etc.).
Arrivée sur les lieux à 10h15mn, l’équipe est débordée de questions : « C’est achat ou retrait de puces ? Vous voulez changer l’incassable de votre téléphone ? Vous voulez acheter un téléphone ? » Après avoir esquivé toutes ces interrogations, nous nous sommes enfin approchés d’un vendeur de téléphone pour lui exposer le motif de notre présence.
C’est ainsi qu’il devient notre guide pour planter le décor auprès de ses collaborateurs. Mais personne ne voulait se prononcer sur le sujet. Après quelque temps de négociation, certains décident de donner leurs avis à condition qu’ils ne soient pas photographiés et que leurs identités ne soient pas publiées. Nous allonc donc recourir à des initiales pour les désigner.
Ainsi, les entretiens ont pu commencer à 10h45. Nombre de nos interlocuteurs disent être inquiets de cette mesure gouvernementale, car c’est leur gagne-pain qu'elle risque de compromettre.
« Nous sommes de ‘’petits commerçants’’ et cette mesure ne nous arrange pas. C’est grâce à cette vente qu’on nourrit nos familles. La limitation des puces à 2 va causer une mévente des téléphones parce que plus ces cartes SIM sont vendues, plus les téléphones sont achetés. Cela peut augmenter le banditisme et c’est moins bon », a indiqué M.K.
De ce fait, cet interlocuteur propose aux autorités d’exiger des trois opérateurs, une rigueur dans l’identification des abonnés lors des achats des cartes SIM pour qu’on puisse facilement détecter les malfaiteurs.
T.S., un autre de nos interlocuteurs, exprimant son désaccord, souhaite que le gouvernement augmente le nombre de cartes SIM autorisées à 3 ou 4 parce qu’il y a « certaines personnes qui possèdent plusieurs sociétés et ont besoin de plusieurs puces pour la gestion desdites sociétés ».
De plus, selon lui, que ce soient les agences et les points de vente agréés les seuls habilités à vendre des cartes SIM n’est pas une bonne chose. « Le gouvernement doit plutôt prendre une décision ferme pour que ceux qui vendent en dehors de ces lieux indiqués soient sanctionnés. Cela nous permettra d’avoir notre pain quotidien et de subvenir aux besoins de nos familles », a-t-il soutenu.
D’aucuns estiment que les autorités devraient revoir cette mesure et opter pour d’autres solutions « sinon l’application de cette mesure peut engendrer un grand banditisme si jamais ces vendeurs ambulants n’ont pas d’autres activités génératrices de revenus ».
« Ce n’est pas que nous soyons contre la décision du gouvernement ; nous sommes pour le pays, nous sommes contre les terroristes mais si les gouvernants veulent couper notre pain, ce n’est pas sérieux. Nous sommes tous dans le pays ça ne va pas, si notre activité va régresser, c’est moins bon. Il y a des étudiants, des élèves surtout PDI qui se débrouillent dans cette activité. Donc le gouvernement doit songer à trouver une autre solution », nous a confié O.I.
À la question de savoir comment ils arrivent à avoir les cartes SIM pour les revendre, O.I répond : « Nous avons des patrons avec qui nous les prenons pour chercher aussi notre bénéfice ».
Il était 11h30 lorsque nous prenions congé de nos interlocuteurs.
Flora Sanou