Annoncé au Conseil des ministres du mercredi 9 août 2023, le port de la tenue scolaire en Faso Dan Fani débutera à la rentrée scolaire 2023-2024 avec les élèves du post-primaire et du secondaire (tant du public que du privé) de Bobo-Dioulasso, de Koudougou, de Ouagadougou et de Sabou. À ce sujet, une équipe de Radars Burkina a échangé avec le président de l’Association des parents d’élèves du lycée privé Wend-Manegda de Ouaga 2000 et certains parents d’élèves pour recueillir leurs avis.
Pour Mme Bazié, cette initiative est un élan de patriotisme et d'identité culturelle. Cependant, son inquiétude repose sur la cherté et même la qualité de cette tenue qui mettra éventuellement les parents en difficulté. De plus, selon elle, laisser le choix du motif et de la couleur du pagne aux chefs d'établissements risque de poser problème, car l’on aura une multitude de modèles. « Pourtant la tenue devrait être unique et nationale. A défaut, l’État doit choisir pour ce qui est des établissements publics pour éviter le désordre », a-t-elle soutenu avant d’indiquer que la période de la phase pilote (4 ans) définie par le gouvernement est trop longue.
Contrairement à Mme Bazié, Issouf Tapsoba, membre du corps éducatif, pense que la tenue scolaire n’est pas une priorité. « Nous sommes dans un système éducatif à la croisée des chemins du vrai développement. Il y a mieux à faire que cette tenue scolaire. Notre système éducatif a besoin de retouches. Il faut revoir le référentiel d'enseignement, notamment les référentiels de 1997 qui continuent d'être utilisés encore », a-t-il martelé.
Assamiyou Compaoré, président de l’association des parents d’élèves du lycée privé Wend-Manegda de Ouaga 2000, quant à lui, trouve bonne cette décision gouvernementale.
« C’est une bonne nouvelle. Ce qui est en train d’être fait aurait dû l’être il y a une trentaine d’années sous le président Thomas Sankara. Aujourd’hui, nous sommes contents de savoir que les Burkinabè ont pris conscience que nous avons la matière première pour nous habiller. Il faut qu’on s’assume en valorisant nos productions. Les élèves seront dans leur culture et notre autonomie financière sera renforcée », a-t-il d’emblée lancé.
Sur la question de la liberté laissée aux chefs d’établissements, il souligne qu’il y a des milliers d’établissements publics comme privés et que s’il doit y avoir des milliers de motifs, de couleurs il y aura certainement un désordre.
Mais peut-être qu’avec l’expérimentation de la phase pilote, le gouvernement finira par uniformiser le motif, dit-il. « En ce qui concerne la couleur, nous pensons qu’en laissant son choix aux responsables d’établissements, cela permettra d’identifier par exemple un élève en cas de mauvais comportements observés (prise de drogue, grève, école buissonnière, etc.) et d’interpeller facilement les responsables de l’établissement dans lequel l’élève fréquente », a-t-il expliqué.
En outre, il suggère l’augmentation des unités de production des producteurs pour que la mesure prise par le gouvernement ne se révèle pas vaine par manque de disponibilité du Faso Dan Fani.
« Vivement que cette mesure du gouvernement burkinabè finisse par entrer en vigueur sur l’ensemble du territoire national, que les parents d’élève comprennent son importance et que les élèves eux-mêmes acceptent que c’est avec ce que leurs parents produisent qu’ils vont désormais être habillés. Ce serait une fierté nationale. Je souhaite aussi que cette décision soit accompagnée par tous les acteurs de la chaîne pour que les élèves puissent se sentir dans leur propre culture, en vrai Burkinabè. C’est ça aussi, le patriotisme », a-t-il déclaré.
En rappel, selon le gouvernement, il n’y aura pas de pression pour cette phase pilote. Les élèves seront amenés à porter le Faso Dan Fani tous les lundis, jour de la montée du drapeau national, jusqu’à ce que les chefs d’établissements choisissent les motifs et les couleurs du pagne.
Flora Sanou