Par une publication sur sa page Facebook le 21 mars 2023, la direction générale des impôts, informait qu’un un stock d’urgence de 67 400 timbres fiscaux de 200 francs CFA lui avait été livré et que cette commande d’urgence permettrait de réduire la pénurie et le calvaire des clients. Le directeur général des impôts, Daouda Kirakoya, avait assuré quelques jours plus tôt : « Nous allons essayer de réglementer la vente pour que les gens ne fassent pas de la spéculation. » Qu’en est-il à ce jour ? Une équipe de Radars Info Burkina a fait un constat sur le terrain, ce mardi 11 avril 2023, à Ouagadougou.
Il était 7h 10 lorsque nous arrivions au commissariat de police de l’arrondissement 12 (ex-Bogodogo), dans le quartier Patte-d’oie. Nous apercevons les vendeurs de timbres fiscaux arrêtés à quelques mètres de l’entrée du commissariat, avec une table en face et de l’eau dans deux petits pots de yaourt servant de colle, proposant des timbres aux citoyens qui viennent pour la légalisation ou l’authentification de leurs documents. À combien ces timbres sont-ils vendus ? 400 FCFA, un prix à ne pas débattre.
C’est avec surprise, désolation et tristesse que certains citoyens découvrent ces prix. Mais étant dans le besoin, certains sont dans l’obligation d'acheter lesdits timbres malgré leur chèreté. D’autres, par contre, préfèrent repartir parce qu’ils trouvent le prix exorbitant.
Un père venu faire légaliser les documents de sa fille a été contraint de revoir à la baisse le nombre de documents prévu pour la légalisation. « Je viens de le constater, c'est réel. C'est déplorable parce que je voulais beaucoup de timbres, mais vu le coût je suis obligé de réduire le nombre et en prendre juste trois. Il faut que l’Etat réagisse, sinon c’est nous les pauvres qui en souffrons plus », s’est-il exprimé.
Un autre citoyen, étudiant, nerveux à cause de la situation, exhorte les autorités à résoudre le problème le plus tôt possible parce que ça bloque les activités et c’est même une grande perte pour le budget de l’État. « Comment dans un pays, les timbres peuvent manquer pendant 6 mois ? Un mois même, ce n’est pas possible dans un pays qui veut se développer », a-t-il soutenu.
Du côté des vendeurs, ce coût élevé de timbres fiscaux de 200 F s’explique par la rupture de ces timbres fiscaux au Trésor public. Selon les explications d'un de nos interlocuteurs, cela fait 6 mois que les timbres manquent au Trésor public et c’est dans les autres régions et provinces du Burkina qu’il arrive à s’approvisionner pour en revendre aux usagers.
« Actuellement pour avoir des timbres, c’est à Dori, à Djibo ou à Gorom-Gorom. J’ai obtenu 40 timbres à raison de 350 FCFA l’unité. Je les revends à 400 FCFA. On ne force personne à les acheter. Ça dépend de quelle affaire tu veux gérer ». Il confie qu’il collabore avec des gens qui habitent ces localités. Ces derniers achètent les timbres et les lui font parvenir par les sociétés de transport et lui, à son tour, fait le paiement par mobile money. « On ne peut pas en avoir beaucoup. Souvent c’est juste pour 20 000 ou 40 000 », a-t-il précisé.
Il confie qu’ils peuvent faire trois jours sans qu’il y ait de légalisation au niveau du commissariat à cause du manque de timbres.
Un autre vendeur, lui, affirme avoir pris ses timbres avec son coéquipier qui a pris le risque d’aller à Djibasso, province de la Kossi, région de la Boucle du Mouhoun, pour s’approvisionner.
Au commissariat central de Ouagadougou, au palais de justice ainsi qu’au commissariat de Ouaga 2000, c’est la même réalité. Les timbres sont vendus à 400 FCFA au lieu de 200 FCFA. C'est avec un pincement au cœur que les citoyens subissent cette surenchère.
Le besoin en timbres fiscaux est criard et la situation alarmante. Que faire ? À défaut de rendre disponibles les timbres fiscaux de 200 FCFA et ceux de 100 FCFA qui sont les plus utilisés pour la légalisation de documents, nous pensons que l’État pourrait prendre un décret autorisant l’usage des timbres de 300, 400 et 500 qui sont disponibles, en lieu et place de ceux de 200 FCFA.
Flora Sanou