Le mercredi 11 janvier 2023, la Direction générale des impôts (DGI) a annoncé une batterie de nouvelles mesures fiscales. Taxe sur les véhicules à moteur, taxes sur les boissons alcoolisées, les tabacs, les logements, telles sont, entre autres, les contributions attendues des citoyens. L’objectif de cette pression fiscale est de collecter le maximum d’argent pour l'injecter dans la lutte contre le terrorisme, puisque les acteurs sociaux ont refusé le prélèvement de 1% sur leurs salaires, comme l’a précisé le ministre de l’Economie, Aboubacar Nacanabo, à l’issue du Conseil des ministres du 11 janvier 2023. Sur le sujet, Radars Info Burkina a tendu son micro au président de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), Dasmané Traoré, ainsi qu’à d'autres citoyens.
Selon le président de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), cette décision est préoccupante d’autant plus qu’aujourd’hui nous assistons à une inflation jamais égalée dans notre pays. Cette inflation qui est, entre autres, la somme de l’inflation née de l’apparition de la COVID-19 et éventuellement de la guerre en Ukraine a entraîné des augmentations tous azimuts des prix des produits de première nécessité, à tel point que le consommateur ne peut plus s’approvisionner comme il se doit.
Toujours selon M. Traoré, ces nouvelles taxes sont également préoccupantes parce qu’à l’intérieur du Burkina, les dispositions ne sont pas prises par l’Etat pour atténuer la situation ni même pour suivre les décisions prises par le même État afin que le consommateur, au final, puisse éventuellement bénéficier de cette assistance pour pouvoir résister.
Il ajoute que cet effort qui est demandé aux uns et aux autres dans le cadre de la lutte contre le terrorisme est assez difficile à supporter par le consommateur.
L’imposition de taxes sur les logements par exemple est assez délicate d’autant plus qu’aujourd’hui, toute forme d’imposition se répercute sur les consommateurs parce que le propriétaire du logement ne fera qu’augmenter le loyer à hauteur de la taxe pour pouvoir prélever cette taxe et s’en acquitter, a-t-il poursuivi. « Qui supporte cela finalement ? » s’interroge Dasmané Traoré. C’est bien entendu le consommateur, a-t-il répondu. C’est pourquoi nous, « les consommateurs, nous ne sommes pas pour les taxes imposées au niveau des logements parce que c’est une chose qui viendra augmenter l’inflation qui est déjà à un niveau très élevé, surtout dans la sous-région ».
En outre, selon lui, ces récentes mesures fiscales vont engendrer évidemment de nouvelles inflations. A cet effet, en faisant cas des 14 milliards qui avaient été injectés par le gouvernement pour atténuer la souffrance des populations en juin 2022, il relève que sur le terrain, les consommateurs continuent de subir l’inflation, donc ces nouvelles taxes sont inquiétantes.
« L’inflation va de plus belle au point que ces nouvelles mesures fiscales nous inquiètent parce qu’on ne sait pas à quelle sauce on sera mangé demain. Le commerçant va naturellement satisfaire aux différentes taxes mais étant donné que les taxes constituent des charges, elles seront récupérées, à la vente, sur le consommateur. C’est le consommateur qui va encore payer ces taxes et dans ces conditions, il ne pourra pas s’en sortir », a-t-il déclaré.
Ces mesures fiscales vont tirer l’inflation vers le haut et si d'aventure les contrôles ne sont pas effectifs, le consommateur va beaucoup en pâtir. Les commerçants ne travaillent pas pour perdre et dans ces conditions, toute charge liée aux impôts sera répercutée sur le consommateur.
Par contre, le président de la LCB propose la contribution volontaire pour réunir la somme nécessaire pour la lutte contre le terrorisme.
« Nous n'avons qu'un pays et étant donné qu’il y a des difficultés liées à la sécurité, il faut reconnaître que toute mesure visant la sécurisation des personnes et des biens et des consommateurs de façon générale est la bienvenue. Mais il ne faudrait pas que les solutions proposées portent par la suite préjudice à l’existence même du consommateur. Nous préconisons donc la contribution volontaire qui pourrait être étendue à la diaspora. Cela peut aider à avoir des entrées d’argent pour faire face à ce besoin immense qui permettra d’aller vers la sécurisation totale de notre pays », a-t-il proposé.
Pour un autre citoyen, un fonctionnaire du public ayant requis l’anonymat, ces mesures fiscales sont de trop pour la population au regard de la cherté de la vie. Il propose d’ailleurs en lieu et place des nouvelles taxes imposées une quête volontaire à la manière des églises. « Il faut placer des coffres aux entrées des marchés, des maquis, bars, restaurants, stations-service, services publics comme privés », a-t-il proposé. Selon lui, cela permettrait en un temps record de réunir la somme nécessaire à la lutte contre le terrorisme.
Contrairement à ces deux interlocuteurs, d’autres ne font pas de ce train de nouvelles mesures fiscales un souci. « Ce n’est pas un problème. Comme c’est pour soutenir l’effort de guerre et vaincre le terrorisme, elles ne me posent pas problème », a pour sa part affirmé Jules Ouédraogo, entrepreneur dans le domaine du solaire.
Flora Sanou